Eric Chahi. C'est sûr que ce nom est « un poil » moins connu du public que ceux de Shigeru Miyamoto, Hideo Kojima ou Michel Ancel mais sachez tout de même, pour ceux qui l'ignorent (et on les excuse) que l'homme est à l'origine de quelques perles comme
Another World ou encore
Heart of Darkness. Après avoir quitté l'espace vidéoludique durant de très nombreuses années pour se consacrer à l'étude de la nature, particulièrement du coté des volcans, Chahi revient en cette année 2011 avec
From Dust, titre évidemment atypique et qui a réussi à attirer notre vive curiosité depuis son annonce il y a tout juste un an. Alors, retour en pleine forme du monsieur ou dernier sursaut avant l'effondrement ? Réponse de suite.
Dans ce God Game, car ça en est un, vous incarnez non pas un dieu dans le sens où on l'entend mais le « souffle », entité sans apparence propre mais qui aura au moins le privilège de modifier les paysages de quelques décors encore non squattés par la civilisation humaine. Sachez le, il y a bien un but dans
From Dust, incarné dans le mode scénario composé d'une douzaine de niveaux où on aidera tant bien que mal une mystérieuse tribu à retrouver la voie de leurs ancêtres. Autant le dire de suite, l'histoire est fort peu développé, l'équipe ayant préféré s'attarder sur le gameplay et l'aspect contemplatif. Un mauvais scénario ne fait pas forcément un mauvais jeu mais tout de même, nous n'aurions pas refusé un background un peu plus construit.
Tout le gameplay réside donc dans cette aide apportée à la tribu, où on devra déplacer nos « troupes » à des endroits indiqués sur la carte en changeant constamment et à notre convenance la topographie des lieux, en prenant garde si possible à ne pas déclencher d'événements imprévus, mais également en prévoyant des catastrophes au réalisme saisissant qui elles sont bien prévues à l'avance (avec un compte à rebours). Au hasard, une éruption volcanique ou un tsunami. Bref, on se retrouve dans un véritable bac à sable évolué dont on modifiera les formes avec une simplicité enfantine, avant de s'attarder sur les missions et comprendre qu'il existe tout de même un peu de profondeur dans ce gameplay. Par exemple, manipuler les lieux se fait avec les deux gâchettes de la manette, une pour aspirer un élément (eau, terre, lave...), l'autre pour la recracher à l'endroit voulu. Mais il faudra prendre en compte qu'on ne peut stocker qu'un seul élément à la fois, dans un soucis de simplicité probablement, et donc pour éviter de s'emmêler les doigts avec un trop plein de raccourcis.
Sans cesse poursuivi par le temps dû à l'arrivée de catastrophes naturelles dramatiques pour votre tribu, vous devrez donc réfléchir rapidement et analyser le décor pour envoyer un personnage vers des pierres permettant d'apprendre des chants « magiques », qu'il pourra ensuite apprendre aux différents villageois. But de l'opération ? Protéger les villages contre certains éléments. Une chose loin d'être innocente puisque le but de chaque niveau est de construire un nombre indiqué de villages à certains endroits pour pouvoir passer à l'étape suivante. De plus, la création de villages deviendra rapidement une priorité quand vous découvrirez que ces derniers vous offriront un nouveau pouvoir réutilisable à souhait (avec un petit temps de rechargement tout de même), sauf si le village en question venait à être détruit. Ces pouvoirs se montreront très vite indispensables pour espérer voir la fin du jeu, surtout qu'il sera demandé de les combiner pour obtenir des résultats plus imposants. De l'extinction d'incendie à l'assèchement du terrain en passant par un stock augmenté pour les matières aspirés, chacun trouvera son utilité et pourra vous faire gagner du temps pour rétablir de l'ordre et continuer rapidement la construction de vos villages.
Si le concept s'avère être fort sympathique avouons-le, il montrera bien vite ses limites et ce avant même la fin du jeu. Le problème vient avant tout comme on l'a évoqué plus haut de la simplification de nombreuses fonctions : une seule matière à la fois pour le stockage, un seul ordre à la fois pour notre tribu... Si on couple ça à quelques petits bugs de scripts, à la fâcheuse tendance qu'ont parfois nos hommes à rester bloquer devant un obstacle et à la maniabilité assez imprécise au stick, les sessions peuvent devenir énervantes à la longue, un comble pour un titre à l'ambiance aussi zen. Une fois terminé le mode histoire, chose qui ne prendra que quelques heures, on pourra toujours s'attarder sur la recherche de petites secrets dans chaque niveaux et à la trentaine de défis, preuve qu'on en a au moins pour notre argent (une quinzaine d'euros).
Conclusion : Avec
From Dust, c'est un genre assez rare (surtout sur consoles) qui impose son retour et si quelques défauts coté gameplay viennent entacher ce joli tableau d'Eric Chahi, le titre ravira les amoureux de la nature, aussi cruelle soit-elle parfois.