On ignore encore qui sera le roi des fêtes de fin d'année niveau ventes, Call of Duty ne comptant pas rendre sa couronne, mais une chose est sûre : la plus grosse attente de l'année reste indéniablement la nouvelle production de Rockstar. Probablement même la dernière de cette génération.
Passé un prologue qu'on évitera de spoilers hormis le fait qu'il permet de prendre en main certains points du gameplay de ce nouvel épisode, le jeu démarre donc en nous offrant direct une première baffe : on est libre. Totalement libre dès le départ d'aller où on le souhaite, de Vinewood qui représente moins d'un quart de la map aux gigantesques montagnes ou dans des sortes de marécages dans lesquels nous avons atterri après un virage totalement mal négocié, laissant un véhicule mort. Et soudainement le trip, rare dans le jeu vidéo, de soudainement avoir envie de se balader sans rien faire, admirant le couché de soleil au loin en se contentant de marcher tranquillement dans cette zone poisseuse, pour arriver ensuite près d'une d'une plage où l'on se prête à admirer les vagues comme seul bruit accompagnant le cris des mouettes, avant de se décider à retourner quelques centaines de mètres plus loin vers l'autoroute pour finir frapper de plein fouet par un camion qui n'avait pas eu le temps de freiner. On admet que ce final était moins poétique que le reste.
GTA V est donc grand, et surtout un modèle d'ambition même si cette dernière va au-delà de la puissance fournie par cette génération de consoles. Inutile de le cacher, on n'est pas au niveau des premières images dévoilées à l'époque. Une routine pour ceux qui ont connu ne serait-ce que la précédente génération, s'étant achevée sur PS2 avec des titres comme un
Shadow of the Colossus au frame-rate douteux et un
San Andreas capable à lui seul de flinguer une lentille. Donc oui, la fluidité n'est pas toujours au top, on a du clipping de temps à autre et l'aliasing nous salut, même si on peut en atténuer les effets avec un bon réglage coté TV. Mais à coté de ça, le jeu se montre roi dans ses intentions, avec une ville toujours vivante (marque de fabrique de la série) et ses PNJ qui n'apparaissent plus forcément à la dernière seconde, sans oublier d'évoquer les petits événements aléatoires (mis en place avec
Red Dead Redemption) dont certains ne servent absolument à rien à part l'envie d'aider son prochain. C'est beau.
Fait marquant à signaler, pour la première fois dans l'histoire de la série,
Grand Theft Auto V n'offre quasiment aucun temps de chargement si ce n'est celui au lancement de la partie. Pas de coupure entre les zones, et surtout pas d'écran noir entre le gameplay et la cinématique puisqu'on assiste maintenant à des transitions parfaites. Impressionnant dans le domaine du sandbox. Et les cinématiques, parlons-en justement vu qu'elles sont toutes à l'image des autres épisodes : tout simplement excellentes. Doublage parfait (en anglais évidemment), mise en scène sans reproche, dialogues dignes des plus grands et bien sûr un casting de haute volée, avec toujours de nombreux personnages inoubliables à commencer par le trio d'anti-héros : Michael, tournant autour de la quarantaine, certes riche, mais coincé entre une femme qui le trompe, des gosses qui le renient et tout simplement une routine du quotidien qu'il ne supporte plus ; Franklin, l'équivalent de CJ dans San Andreas, qui souhaite se sortir des bas-fonds du ghetto et éviter une carrière promise de « gangsta » ; et enfin Trevor, probablement modélisé à partir d'un Nicholson en période Shining, incarnant sans nul doute le personnage le plus barré jamais joué dans la licence. Un héros de GTA en slip ? C'est fait maintenant.
Trois personnalités, que l'on découvre donc dans l'ordre (seul Franklin est « réellement » disponible au début) pour ensuite pouvoir switcher de l'un à l'autre à loisir avec un système de dézoom/zoom à la vertical, où l'on retrouve souvent le personnage sélectionné en pleine activité, là encore pour assurer le soucis du détail et laisser imaginer que chacun mène sa vie lorsqu'on joue avec un autre. Les missions avançant, les premières étant assez simples et toujours dans l'ambiance tutorial/découverte, l'équipe aura l'occasion de se réunir au travers de quelques missions de braquages, bien plus profondes qu'on aurait pu le penser avec des préparatifs, une tactique à adopter et bien entendu le switch en mission, parfois obligatoire. On regretterait presque que les missions de ce type soit si rare. Pour autant, le rythme ne baisse jamais et d'une manière générale, Rockstar a compris les problème qui touchait
GTA IV. L'extension
Gay Tony ouvrait d'ailleurs la voie aux délires beaucoup plus explosifs que la simple course-poursuite, et
GTA V est là pour prouver qu'on peut aller toujours plus loin en la matière. Jouissif tout simplement.
Autre amélioration de taille : le jeu est désormais beaucoup plus jouable que le précédent épisode. On reste dans un gameplay assez lourd, « réalisme » oblige on va dire, mais les gunfights sont désormais plus nerveux, le plaquage contre les murs comme la visée se faisant beaucoup plus naturellement que par le passé, sans devenir non plus aussi parfait que dans un simple TPS. Même chose concernant la conduite, qui revient ici au modèle arcade malgré une approche totalement différente dans
GTA IV, privilégiant donc à nouveau le fun. Tout cela n'est pas du luxe devant la difficulté globale qui a été légèrement rehaussée. On ne tombe jamais dans l'abus (et les nombreux checkpoints sont là pour éviter la frustration) mais on remarquera très vite qu'on ne peut désormais plus faire le malin, quelques balles pouvant nous envoyer à l'hôpital. Pour pallier à cela et donner une chance supplémentaire, les développeurs ont rajouté des fonctions inhabituelles dans la série, à commencer par la jauge de vie qui remonte (seulement à 50 % maximum) mais également des « capacités » propres à chaque personnage : Michael est un pro du flingue, Trevor profite de son passif de pilote pour excéder dans les airs et Franklin a son bullet-time pour pouvoir négocier des virages à 90° sans ralentir, même à 180km/h.
D'un point de vue général, GTA V fait dans la démesure total. Si les premières heures nous donne accès qu'à un petit pourcentage des possibilités (visite de la map mise à part), on découvre en avançant qu'absolument tout est fait pour satisfaire le fan qui reprochait au IV d'être un peu timide sur certains points. On retrouve le système d'expérience (conduite, endurance, force...) sans tomber dans le grand n'importe quoi comme devenir un culturiste après dix minutes de musculation. Le nombre de véhicules disponibles a sérieusement augmenté, sans se cantonner aux quatre roues, allant du vélo de San Andreas à l'avion de ligne qui nous permettrait d'aller rapidement d'un bout à l'autre de la carte. Même chose coté exploration où on pourra visiter les plus beaux quartiers de Los Santos avant d'aller gravir une montagne en motocross ou explorer les fonds marins qui ressemble ENFIN à de vrais fonds marins, avec ses corails, ses petits poissons mais également ses requins nous obligeant à utiliser un sous-marin individuel pour pouvoir explorer les profondeurs en toute tranquillité. Et toujours dans le domaine des visites, vous pourrez également surfer... sur internet. Entre les sites parodiques qui n'hésitent pas à se montrer satirique envers Facebook, Apple ou le hentaï japonais (
« Ce n'est pas de la pédophilie, c'est une culture ! »), la possibilité de jouer les traders, de passer commandes et autres, il y a de quoi perdre son temps sur son smartphone, à moins que vous n'optiez pour une bonne vieille TV dans votre salon, aux multiples programmes, la plupart sous-titré en français.
Mais GTA ne serait pas GTA sans ses activités annexes. Les grands classiques sont de retour et on pourra toujours faire quelques courses de nuit (niveau de difficulté relevé là encore tant les concurrents nous collent aux fesses), jouer aux fléchettes, mater des strip-teaseuses, aller au cinéma (remplaçant les spectacles du IV), faire du shopping et du relooking... en rajoutant à cela quelques nouveautés, dont l'école de pilotage, l'usant triathlon et bien entendu le combo golf/tennis. Dans ces derniers cas, on n'est ni dans un
Tiger Woods (phases en green trop simples), ni dans un
Virtua Tennis mais la prise en main arcade est là, le plaisir aussi. Jamais en tout cas un jeu à monde ouvert n'avait proposé des « mini-jeux » de cette trempe. Hé bien entendu, on rajoutera à cela les missions annexes pour chaque personnage, bien plus intéressantes que par le passé, le GTA Online dont il faudra attendre le 1er octobre pour juger du potentiel, et bien d'autres surprises qui font de cet épisode le meilleur de la série.
Les plus | Les moins |
+ Le meilleur GTA
+ Le casting de folie
+ Les dialogues de haute qualité
+ L'humour satirique au rapport
+ La bande-son variée
+ PS360 exploitées au max
+ La taille de la carte, sa diversité, le travail autour...
+ Aucun temps de chargement
+ Contenu juste énorme
+ Les missions de braquages
+ Le système de switch
+ Retour à la conduite arcade
+ Plein d'ajouts dans le gameplay
+ Le fun, tout simplement | - Quelques problèmes techniques
- Les sous-titres à devoir lire durant les courses-poursuites
- Encore un peu lourd (déplacements, phases de tirs...)
- Le chien sous-exploité
- L'indice des flics peut-être trop long à disparaître |
Conclusion : On ne pourra pas dire qu'on ne l'aura pas attendu celui-là, surtout après un retard de plusieurs mois. Cinq ans de développement, qui n'auront pas servi à rien avec une licence qui atteint son apothéose dans ce cinquième épisode à l'ambition jamais-vue auparavant, qui réunira toute l'expérience acquise dans le passé pour offrir un nouveau tour de force. Complet, jouissif, fun, trippant... Les mots sont nombreux pour qualifier cette nouvelle réussite de Rockstar qui s'impose comme une leçon pour les autres développeurs au niveau du travail accompli. Indispensable, cela va de soi, et un admirable dernier cadeau pour cette génération de consoles.