Attendu comme le messie des RPG de cette génération après de nombreuses déceptions de titres souvent bons mais rarement tops, Tales of Vesperia compte bien montrer aux joueurs de la Dame Blanche qu'il ne faut jamais perdre espoir en ce bas monde.
Depuis 1995, les épisodes de la série
Tales of se sont suivis tout en se ressemblant énormément, il faut bien l'avouer. Un constat implacable que le joueur européen a encore aujourd'hui bien du mal à remarquer, ce dernier n'ayant même pas eu droit ne serait-ce qu'au tiers de la saga. Véritable déclencheur en son temps,
Tales of Symphonia marqua l'arrivée de la licence chez nous et, sans être ce que certains appellent couramment
da best.game.ever, il avait le mérite de prouver qu'il n'y avait pas que
Final Fantasy dans la vie, et que le RPG avait aussi sa place sur
GameCube (ceci reste une autre histoire). C'était en 2004, et il fallut attendre encore deux ans de plus pour voir enfin l'épisode originel,
Tales of Phantasia dans son adaptation Game Boy Advance. Et maintenant ? Quelques épisodes passés inaperçus sur PSP, tous non traduits, trois titres sur
Nintendo DS qui n'ont pas passé les frontières du Japon… Un avenir peu radieux hors archipel, jusqu'à cette année 2009.
Inutile de chercher à y aller par quatre chemins.
Tales of Vesperia ne marquera aucunement le public par une quelconque révolution scénaristique. Il n'y a pas de héros sévèrement torturé, ni de réflexions nietzschéenne, juste un ancien chevalier impérial qui va se lancer naïvement dans une petite quête pour sauver un village reculé. Lui ne savait probablement pas que, dans le Code Absolu du RPG, un adolescent qui part en petite mission finira inéluctablement par le conduire à sauver le monde avec plein de nouveaux compagnons. Niai ? Pas le moins du monde. Rébarbatif ? Non plus.
Vesperia fait dans le classique, mais le fait superbement. L'histoire se suit, propose de nombreux rebondissements, et se permet même de monter en puissance après une dizaine d'heures de jeu. Résultat, on se laisse happer comme à la bonne époque, un véritable bonheur aidé par la quasi absence de temps mort.
Là où le bat blesse un peu, c'est au regard de l'aspect technique général. Attention, le jeu n'est pas moche ! Il est même superbe avec une avalanche de couleurs chatoyantes, des décors ultra variés et pas le moindre pet d'aliasing. Evoluer dans un tel monde est un plaisir pour les yeux mais il reste dommage que le tout reste tout de même un cran en dessous d'un certain
Eternal Sonata, titre qui fêtera bientôt ses deux ans depuis son arrivée en Europe. Ne parlons même pas de la map monde toujours aussi indigne, une constante pour les RPG de la génération actuelle et précédente alors que
Dragon Quest VIII avait réussi à offrir à ce niveau une perle technique et esthétique. Heureusement,
Tales of Vesperia et la série
Tales of en général doivent beaucoup au chara-designer Kôsuke Fujishima, connu dans le monde du manga pour son œuvre
Ah ! My Goddess. Et pour une fois, ce ne sont pas les dialogues qui ruineront le charisme des personnages principaux puisque le tout se montre un peu plus « mature » que le reste de la série, si on aime les voix uniquement disponibles en anglais…
Le dernier
Namco Bandai reprend les mécanismes connus du RPG japonais. Les premières heures se montrent très linéaire où on se contente d'arpenter une partie du monde en parcourant les plaines, puis en arrivant dans un nouveau village où on pourra se reposer, refaire le plein d'armes, voir faire une phase de level-up dans les alentours en cas de manque d'expérience ou d'argent. En parlant à un peu tout le monde, on apprendra qu'un recoin/donjon/grotte situé un peu plus loin sur le carte est le territoire d'un monstre infâme qui cause malheur autour de lui. En route pour le donjon qu'il faudra fouiller de fond en comble afin de faire rendre gorge au maître des lieux, pour ainsi retourner au village empocher votre récompense, ce qui aura de grande chance de débloquer un passage vers une autre partie du monde. Et ainsi de suite pendant les dix premières heures, signifiant généralement un chamboulement de taille dans le scénario, et qui vous donne ensuite accès à une bonne partie de la carte, rendant le jeu bien moins linéaire qu'il n'y paraissait aux premiers abords. On ne change pas une recette qui marche !
Depuis
Tales of Phantasia, les combats en temps-réel ont été une marque de la saga et il n'y avait aucune raison que la règle ne soit pas appliquée au mieux pour
Tales of Vesperia. La principale différence étant qu'on voit directement les ennemis à l'écran, permettant de les éviter à loisir au risque de devoir vous entraîner par la suite. Bref, juste avant le combat, il peut se passer beaucoup de choses. L'ennemi peut vous frapper par surprise pour avoir l'initiative, tout comme vous pouvez tenter de commencer le combat en position de force en l'attaquant au préalable avec l'anneau sorcier. Dans le même ordre d'idée, les monstres pourront à partir d'un certain moment du jeu créer un « lien combat » pour vous attaquer directement à plusieurs. Un moyen comme un autre de renouveler un minimum le système coté variété des situations. Bref, une fois le combat enclenché, on bascule directement dans une arène où il faudra faire preuve de dextérité et de stratégie.
Une fois dans la zone de combat, on peut donc librement bouger son combattant pour attaquer les adversaires en temps réel. De ce coté, la jouabilité s'inspire d'un action-RPG normal avec combo, esquive, protection, saut, utilisation d'objets, etc. Premier détail d'importance, le tout devient très vite nerveux, avec des chiffres de combo atteignant des hauteurs vertigineuses. Pour arriver à cela, il ne suffira de marteler bêtement le bouton d'attaque. En effet, en augmentant de niveaux, vos personnages gagneront des capacités spéciales : les Artes. Ces techniques de combats, qui peuvent être au corps à corps comme à distance (sans parler des magies), pourront être comme d'habitude assigner à un bouton de raccourci, permettant alors si vous avez assez de points requis d'enchaîner combo classique et Artes. Rajoutons à cela qu'il sera possible d'enclencher par moment des espèces de
Limit Break une fois la jauge dédiée à fond (plusieurs niveaux de puissance), permettant d'augmenter force, vitesse et puissance des Artes. De quoi mettre à mal la plupart des ennemis, le jeu étant assez facile dans l'ensemble d'ailleurs. Enfin, pour permettre un minimum de variété, vous n'êtes pas obligé de diriger toujours le même personnage. Chacun est jouable, tandis que l'IA s'occupera des autres grâce à un système d'ordre proche des anciens.
Hormis les Artes, il sera possible d'augmenter en puissance ses personnages grâce à de nouvelles capacités acquises en utilisant certaines armes. En effet, à l'instar de
Final Fantasy IX sur Psone, l'équipement servira non seulement à augmenter vos forces mais également à acquérir quelques bonus non négligeables qui seront définitivement dans votre proche une fois l'arme en question utilisée un certain nombre de fois. De quoi donner envie de tout essayer pour chaque combattant et d'en faire des guerriers de pointe, en prenant donc en compte que s'il est possible de sacrifier des anciennes armes pour en forger une nouvelle grâce à un système de synthétisation prévu (également valable pour les objets), mieux vaut le faire uniquement avec celles dont les capacités ont déjà été apprises. En tout cas, ce principe a au moins le mérite de davantage nous motiver pour les séances de level-up intensif.
Accrocheur,
Tales of Vesperia a le mérite de développer une aventure fort rafraichissante où on combattra démons et merveilles durant une bonne quarantaine d'heure et bien plus d'une soixantaine pour quiconque aimerait exploiter le jeu à 100%, succès compris. Aucunement mauvais mais jamais ultime dans le sens où on l'entend,
Tales of Vesperia est aux RPG de cette génération ce que
Tales of Rebirth était à ceux de la précédente : assurément un hit qui permettait de patienter sans mal entre deux ténors du genre (Final Fantasy, Dragon Quest, etc.). Sauf que maintenant, les ténors n'ont pas encore débarqué sur Xbox 360 ou PlayStation 3. Entre un
Final Fantasy XIII à la qualité encore incertaine, un
Kingdom Hearts 3 qui brillent à chaque salon aux abonnés absents ou encore un
Dragon Quest X qui mettra bien du temps à montrer ses plumes sur Wii, il est évident que le bébé de Namco a bien plus de facilité à se faire une place au soleil. Q
Que les fans du genre ne boudent pas leur plaisir, car il s'agit là du meilleur RPG sur consoles HD.