Liberty City nous ouvre de nouveau ses portes. Sortez les armes et le costard, on a une réputation à se refaire !
Grant Theft Auto IV, dieu sait qu'on l'attendait celui-là. Après un retard de dernière minute qui a bouleversé la communauté, mais à raison vu les problèmes techniques que rencontrait le jeu lors des premières présentations, il a fallu prendre son mal en patience et guetter de près chaque nouvelle image ou, mieux, les derniers trailers officiels qui nous donnaient la bave aux lèvres. Il faut dire, après un troisième épisode qui nous a mit à genoux en donnant une nouvelle définition à la liberté de mouvement, après un Vice City qui offrait l'un des plus bel hommage au cinéma (Scarface pour ceux qui ne savaient pas) et un San Andreas qui repoussait la Playstation 2 dans ses derniers retranchements, au point d'avoir pitié quant on entendait le bruit de la console qui semblait ne plus tenir, ce véritable quatrième épisode était attendu au tournant. L'attente ne fut pas vaine.
LIBERTY, J'ENTENDS TON NOM
Comme toujours dans la série des Grand Theft Auto, insérer notre DVD (ou Blu-Ray, c'est selon) donne droit à un joli temps de chargements qui ne fait qu'augmenter notre impatience. On peut toujours admirer les nombreux artworks toujours aussi magnifiques représentant quelques uns des personnages de la série, puis c'est parti. Une cinématique démarre, nous sommes sur un bateau. En l'espace de quelques secondes, cette scène nous offre une ambiance qui fait oublier n'importe quel épisode précédent : musique, caméra, façon dont est présenté le début de cette histoire… Nous sommes devant un véritable film ! Puis arrive le moment tant attendu où nous faisons la connaissance de Niko Bellic, anti-héros de cette nouvelle aventure, et de son cousin Roman Bellic qu'il va falloir supporter tant ce dernier à un sérieux penchant pour l'alcool, les femmes et la mythomanie. Premier contact avec un volant, la ville se présente alors à nous en éclairant de mille feux cette nuit sombre. Pas de doute, nous voilà revenu à Liberty City, ville du péché à l'état brut.
Et le péché, il sera dans n'importe lequel des protagonistes de notre histoire. Du furieux Mikhail Faustin, qui n'hésite pas à coller une balle dans la tête de n'importe qui (qu'il ait fait quelque chose ou non), à Little Jacob le trafiquant d'armes en passant par de fortes têtes comme Vlad Glebov, et sa manie de prendre tout le monde pour son esclave personnel, et surtout Brucie, un muscle survitaminé sur pattes qui ne pense qu'à son physique et qui adore les voitures, qu'importe si c'est les siennes ou non, on aura largement de quoi faire. Mais le pire reste sans conteste Niko et son passé douteux qui en a fait aujourd'hui un véritable Janus, tantôt amical au possible, souvent tueur au sang froid. Comme d'habitude, les développeurs ont tenu à offrir des dialogues prenants et des situations parfois cultes dignes d'un bon film noir qu'on savoure les yeux écarquillés. A ce propos, si on peut se réjouir que la plupart des scènes « post-mission » sont beaucoup plus longues, il est dommage que les conversations en voitures soient si nombreuses, lire et conduire en même temps étant fortement déconseillé pour votre santé (et celle du véhicule qui prend vite feu en cas de nombreux coups).
PLUS REALISTE, PLUS IMPRESSIONNANT
Revenons donc à nos premiers pas, ou plutôt nos premiers kilomètres en voiture. Après avoir démarré se produit un drame qu'on n'avait encore jamais vu dans un épisode de la série : la jouabilité ne semble pas terrible. En effet, il est très difficile de tourner et il faut parfois freiner énormément pour prendre un virage à 90°, même en tentant de déraper frein à main remonté. Une manœuvre donc à déconseiller sous peine de finir dans le mur d'en face, le genre de chose qu'on rencontre souvent dans un jeu de Formule 1. Mais pas dans un GTA d'habitude hey ! Aussi, une fois le pied au sol, les nouveautés ne pleuvent pas car à part le fait de casser les fenêtres des voitures et bidouiller les fils pour la démarrer, pas grand-chose de nouveau au rapport. Ah si, le personnage semble tanguer quant il tourne. Perturbant… Visuellement par contre, si on reparlera après de la technique, on note tout de même un changement notable au niveau de l'interface puisque c'est maintenant réduit à sa plus simple expression : un radar, et ses contours qui servent de jauge de soin et bouclier. C'est tout. Pas d'heure mais des armes et jauge de police qui apparaissent uniquement quant il le faut avant de redevenir invisible. Pas plus mal…
Mais tout cela ne représente qu'une partie visible de l'iceberg. Un amas minable des véritables possibilités offertes par le jeu. Prenons la conduite par exemple. Difficile au départ, on se rend compte qu'en exploitant un grand nombre de véhicules, le maniement n'est pas identique à tous et prouve un sens du réalisme poussée dans la chose. On sent donc le poids de la voiture et il suffit de deux ou trois heures de jeu pour maîtriser ses courses poursuites à la perfection, même si on garde un bémol pour les motos un poil moins maniables que dans San Andreas, surtout que les vols planés sont légions. En parlant de ça, chapeau bas aux développeurs pour la physique du jeu grâce au moteur Euphoria qui donne de nouvelles animations banals (Niko qui descend les marches d'escaliers en se penchant) comme jouissives lors des phases de tir, mais aussi qui permettent un peu un renouveau dans le gameplay avec les crashs. En effet, si à l'époque, il suffisait de rentrer dans une voiture pour voir cette dernière subir les foudres de votre colère, il faudra maintenant faire attention à votre vitesse : un coup trop puissant vers l'avant (véhicule, muret, etc.) fera projeter votre personnage à travers le pare-brise avant pour ainsi le voir se retourner dans tous les sens sur la route, et perdre un peu d'hémoglobine en passant.
Toujours au niveau du gameplay, certains détails ont été chamboulés pour, une fois encore, accroître le réalisme de cet épisode. Comme on l'a déjà dit, le système de visée est complètement différent et on ne passe plus son temps à locker uniquement pour shooter un peu au hasard. La survie dépend maintenant de la façon d'appréhender le terrain en exploitant n'importe quel élément du décor pour se plaquer derrière et ne surgir que pour placer un headshot vicieux à votre opposant. Du
Gears of War en somme oui… Les forces de l'ordre change également leurs façons d'attaquer avec certes toujours un principe d'étoile qui montre l'agressivité et la mise en place de moyens pour vous stopper (1 étoile = une poignée de policiers, quatre étoiles = plusieurs voitures et fourgons, sans parler des hélicoptères…) mais qui ne se ressent que sur une certaine partie de la carte. Il suffit alors de sortir de la zone de recherche en cachette (pas facile quand la police veille à chaque carrefour) pour souffler tranquillement.
Le dernier élément du gameplay, et pas des moindres, qui marquera chacun lors des dizaines d'heures de jeu qui nous attendent, reste l'arrivée du téléphone portable. Loin d'être un simple appareil destiné à recevoir un coup de fil de temps à autre comme dans le précédent épisode, votre portable vous servira ici… un peu pour tout ce que vous voulez. Pas envie de vous déplacer ? Appelez un taxi. Pas envie de courir à l'autre bout de la ville pour aller vous acheter un Uzi ? Appelez Little Jacob. Besoin d'une voiture de police pour vous procurer un fusil à pompe ? Composez le 911 et indiquez un crime dans la rue où vous vous trouvez pour voir une patrouille arriver rapidement. La musique qui passe à la radio vous rappelle quelque chose mais c'est le trou noir ? Jetez un œil au livret fourni avec le jeu pour trouver le numéro à composer et ainsi recevoir un SMS (dans le jeu hein !) qui indiquera le nom du chanteur et la musique diffusée. Et tout cela n'est qu'un début…
BOULOT & DETENTE
Les amateurs seront loin d'être perdus avec le système de mission qui reste dans les grandes lignes identiques des trois précédents épisodes. Ainsi, dès que possible, on peut se rendre chez une ou plusieurs personnes au choix selon le nombre de lettres disponibles sur la carte et ainsi débuter une mission en rapport direct avec le scénario du jeu et permettant ainsi de faire avancer le schmilblick. Pas de grande surprise à ce propos puisque ces dernières consisteront la plupart du temps à du classique style livraisons, poursuites et fusillades. Un certain manque d'originalité donc mais la formule fonctionne toujours aussi bien, notamment grâce à l'apport du téléphone portable dont on vous laisse le plaisir de la découverte lors de certains passages. On remarque également que la difficulté s'est légèrement nivelée vers le bas (hormis pour les courses poursuites à motos pour les raisons expliquées plus haut) dû aux nombreux ajouts au niveau du gameplay. Avec une visée plus simple, un personnage plus souple dans ses mouvements et la possibilité de recommencer sa mission directement grâce au téléphone portable, le jeu y gagne en fluidité et en rythme mais y perd en challenge. Pas plus mal face à certains mauvais souvenirs de l'époque. En parlant du portable, un fois encore, sachez également que de nombreuses missions se feront via un simple coup de fil, avec possibilité tout de même de raccrocher ou refuser la demande (surtout si vous êtes occupé) ou tout simplement de l'éteindre pour vous amuser tranquillement avec les quêtes secondaires.
Les quêtes secondaires, parlons en justement. Au départ, c'est loin d'être l'extase avec la possibilité unique de visiter la ville à la recherche de pigeons (les « rats volants ») à shooter pour ainsi augmenter votre pourcentage de finition et débloquer quelques surprises si vous en avez le courage. Il y en a 200 d'ailleurs… Après quelques heures, de nombreux autres à cotés se débloquent comme l'Internet qui permet d'aller draguer quelques nymphettes (qu'il faudra sortir à de nombreuses reprises avant de pouvoir monter « boire un dernier verre») ou répondre aux demandes de Brucie pour le vol de véhicules en masse. De même, rien ne vous empêche d'entretenir vos relations avec votre ou vos copines, ou tout simplement la famille, en les contactant pour aller faire quelques uns des nombreux mini-jeux qui se cachent dans les établissements de la ville. On y trouve donc du bowling, des fléchettes ou encore l'horrible billard qui demandera une maîtrise folle pour ne pas finir sur un pauvre 0-7 après une nuit complète passée au bar. A noter qu'on peut toujours s'adonner à quelques missions taxi ou police, ces dernières demandant par exemple d'aller soit mettre fin à des petits délits classique ou d'entamer une recherche approfondie sur l'ordinateur de la voiture pour trouver les criminels les plus dangereux, et leurs adresses potentielles. De quoi faire…
Mais le plus gros passage secondaire du jeu reste le multijoueur online aux mille et une possibilités. Que ce soit dans les courses classiques à bord de bolides de luxe, dans le vol de voiture ou dans des missions de compétitions où il faudra atteindre l'objectif avant vos adversaires, tout est prétexte pour grappiller quelques heures supplémentaires de votre vie. Le plus important reste tout de même la mission en coopération (de deux à quatre joueurs) au très bon replay, le mode Gendarme et Voleurs mais aussi tout simplement le deathmatch, moyen simple de se détendre entre deux missions puisqu'il suffit de sortir son téléphone portable pour lancer le online. Difficile de dire que la perfection est là face aux lags de certains joueurs (rendant parfois les gunfights assez compliqués) et à certains bugs qu'il faudra corriger avec un prochain patch. Malgré tout, la communauté reste présente (et pas qu'un peu) et il faudra de toute manière se lancer dedans, ne serait-ce que pour débloquer certains succès (sur Xbox 360) et tenter de débloquer le costume ultime (zombie en slip Rockstar) si vous tuez un des développeurs, voir une personne qui a tué un des développeurs, etc.
GTA SA > GTA IV, ou peut être pas…
Un petit mot sur la technique. Il faut l'avouer, si les différents épisodes sur Playstation 2 nous mettaient une jolie claque face à la grandeur du terrain de jeu, graphiquement, c'était assez faible avec des textures loin d'être extraordinaires, des ralentissements à la pelle mais aussi et surtout une modélisation des personnages principaux qui était loin de nous éblouir. GTA IV change du tout au tout sur ce point. La ville garde son coté immense, cette impression d'avoir affaire à une véritable métropole avec ses propres quartiers, ses recoins mal famés, ses endroits où on aime rester sans rien faire pour admirer le paysage… Mais c'est surtout le fait qu'aucun bout de la carte ne ressemble à un autre au point de s'apercevoir parfois que le moindre petit détail, même inutile (une vitrine, un muret, l'arrière d'un bâtiment complètement inutile…) a fait l'objet d'un soin tout particulier. On a la joue bien rouge et ce n'est rien à coté des petits détails qui parsèment le jeu si on prend le temps de s'y attarder. Les PNJ offrent d'ailleurs de multiples réactions (ils lisent le journal, sirotent leurs sodas, arrosent leurs fleurs, etc.) et chacun semble avoir un comportement différent quant il s'agit de se lancer dans une bagarre avec ceux qui sortent de suite les poings, ceux qui s'enfuient en courant, ou ceux qui tentent tant bien que mal de se protéger. Une IA de qualité en somme, et qui aide grandement à l'ambiance.
Mais tout n'est pas parfait dans
Grand Theft Auto IV, du moins selon le point de vue adopté. Un fan de San Andreas rechignera face à l'absence de nombreux détails qui avaient fait la force de ce dernier. Si on savait que la campagne allait nous manquer, il est dommage de voir le nombre d'armes se niveler grandement vers le bas avec uniquement les classiques (flingue, Uzi, mitrailleuse, pompe, lance-roquette, sniper…) alors que le précédent volet proposait des petites nouveautés comme le magnum, le Katana… Rajoutons à cela qu'il n'est plus possible de faire de musculation, de grossir, de nager en profondeur, de piloter des avions (et bien d'autres) pour nous laisser un drôle de sentiment. Du moins au début. Ce quatrième épisode recèle tellement de nouveautés qui lui sont propre et le sentiment de jouer au volet ultime qu'on lui pardonnera ces petits désagréments. Enfin, jusqu'au prochain opus peut être…