Parce qu’EA reste EA, il ne faut pas s’étonner de voir arriver rapidement des suites de nouvelles licences à succès, étant eux même parfois des spins off. C’est ainsi que débarque le bien joli FIFA Street 2 qui n’a de but que réitérer le (gros) succès de son prédécesseur. Commercialement parlant, rien de bien compliqué, mais dans l’intérêt, qu’en est-il ?
Que ce soit
Urban Freestyle Soccer ou
Pro Beach Soccer, le constat était le même : dès le moment où le ballon sortait d’un stade, le jeu qui en résultait ne pouvait qu’être mauvais, et il aura fallu attendre mars 2005 (un an tout pile, quelle coïncidence) pour que les fans de
street soccer trouvent leur messie en la personne de
FIFA Street. Un joli tour de force de la part du géant américain qui prouva une fois encore que, malgré sa politique de suite à outrance, la qualité suivait un minimum, car, loin d’être mauvais, le soft arrivait à nous convaincre malgré ses quelques lacunes au niveau du
gameplay. Non pas que le réalisme d’un
Pro Evolution Soccer l’emporte à tout prix sur le fun, mais on préférera une bonne dose de tactique aux enchaînements infinis de jonglages et autre passement de jambes. Un an plus tard, la suite est entre nos viles mains et le constat est sans appel : c’est pareil, en un peu mieux.
La surpuissance de la classe
Sans renier le peu de nouveautés présentes dans cette nouvelle édition, on ne peut pas dire pour autant que nous assistons à une révolution, ou tout du moins à une vraie suite. On prend les mêmes et on recommence !
FIFA Street 2 est, à l’instar de son prédécesseur, un pur jeu de foot arcade (surtout dans son principe) vu qu’il met de côté la plupart des règles du sport pour se consacrer sur le grand spectacle lié à la rue. A quatre contre quatre, dont un gardien dans chaque équipe, le but reste bien entendu de mettre le ballon dans les cages adverses, mais avec style cette fois. On jongle, on feinte, on passe l’adversaire avec classe pour finir par balancer un boulet de canon ridiculisant le gardien qui n’y aura vu que du feu. Voilà en théorie l’esprit du jeu. En effet, bien que résolument simple, il faudra quelques minutes avant de le maîtriser complètement, non pas que la prise en main soit difficile, mais le nombre de choses à faire demande une connaissance parfaite des touches du pad, surtout dans les niveaux de difficulté élevée ou l’adversaire ne vous fera pas le moindre cadeau. On reste tout de même dans un jeu de foot avec les indispensables passes, passe en profondeur, shoot, accélération et des tacles plus ou moins prononcés une fois en position de défense. Attaquons maintenant le cœur du jeu avec le système de dribble et surtout le tout nouveau
Gamebreaker.
Balle au pied, rien ne vous empêche de vous la jouer réglo en enchaînant les passes jusqu’au gardien, excepté le fait que vous rencontrerez deux problèmes importants : les adversaires ne sont pas des enfants de cœur et n’hésiteront pas à vous mettre des tacles arracheurs de jambes, donc autant vous dire qu’il est rare de garder la balle en jouant de manière classique, mais même si cela était le cas, un second point vous empêcherait de marquer : le gardien, un véritable mur sur pattes. C’est là que les vieux sentiments de joueur personnel (comme à la récréation de primaire) se doivent de reprendre le dessus : on jongle pour narguer le joueur et une fois celui-ci bouillonnant de rage fonçant vers vous, hop, une simple pression du joystick droit dans n'importe quelle direction vous permettra de passer tranquillement. Passement de jambe, grand pont, etc… Tout y est et vous pourrez même tenter du plus haut niveau en combinant votre mouvement avec la touche L afin de sortir le grand jeu : petit pont, lob… Un peu plus dangereux donc, et c’est à vous de bien calculer votre coup pour être sûr de garder la balle, le risque qu’un autre adversaire se pointe dans votre dos pour chopper la balle au rebond étant assez importante.
Revenons-en au gardien, bien plus domptable qu’il peut laisser paraître aux premiers abords. Sans aller jusqu’à parler de script, il faut bien avouer que marquer un but n’a rien de difficile lorsqu’on sait s’y prendre. Trois cas peuvent être abordés : le premier réside dans le tir simple, que ce soit en lob, en lucarne, etc., qu’importe vu que dans 90% des cas, il arrêtera sans mal. Le second demande l’utilisation du système de feinte, car, cette dernière peut s’utiliser sur chaque membre de l’équipe adverse : dribler le premier et vous gagnerez des points (voir plus bas), le second augmentera vote puissance de frappe et enfin, le dernier, améliorera votre vitesse. Tout cela tant que vous gardez la balle au pied, la moindre perte annulant tous les effets. Bref, une fois deux ou trois adversaires passés, vos tirs auront bien plus de chance d’être récompensés. Quant au troisième cas, il repose sur le fameux
Gamebreaker. En effet, en plus d’avoir une classe sans pareil (dans le contexte du moins) en enchaînant les dribbles, vous gagnerez des points qui auront pour effet de faire monter une jauge en haut de l’écran. Une fois pleine, un cercle apparaîtra au centre du terrain et il suffira de passer dessus pour entrer dans une sorte de transe. Là, plusieurs choix s’offrent à vous : tirer directement dans les buts (vos chances de marquer sont alors proches du 100%) ou tenter de faire quelques nouvelles figures juste avant votre tir pour, en plus d’avoir votre point, en voler d’autres à votre adversaire (si celui-ci à déjà marqué bien entendu). Le
Gamebreaker ne dure que quelques secondes donc à vous de ne pas céder à la panique, car si, par malheur, votre adversaire vous prend entre temps la balle et qu’il marque, vous n’aurez plus qu’à remplir l’intégralité de votre jauge à nouveau. Vous trouvez que le système de vol de but peut retourner une situation en quelques secondes ? Alors que penserez-vous de la victoire par KO, un procédé qui met fin directement au match si un joueur, pendant sa phase de
Gamebreaker, drible ses trois adversaires avant le but ? Bref, rien n’est jamais joué et la tension reste palpable jusqu’à la fin du match.
Le respect, ça se mérite
Si nous sommes aujourd’hui bien loin d’être impressionnés sur les supports actuels niveau technique (hormis certains cas comme
Black), il faut reconnaître que
FIFA Street 2 reste très joli en offrant des personnages fort bien modélisés et reconnaissables au premier coup d’œil, ainsi que des graphismes colorés, mais réalistes, et surtout des textures au sol de qualité. Bien entendu, l’accent a été mis sur les animations qui restent un point essentiel vu que le plus gros du jeu est basé sur le côté spectaculaire, d’autant plus rendu lors des
replay. Très satisfaisant donc, l’antithèse du côté sonore en deçà du premier opus. Souvenons-nous d’ailleurs des matchs aux commentaires décalés et parfaitement dans le ton made in Kool Shen lui-même, chose incroyable pour un jeu de foot, genre réputé pour ses commentaires plus mauvais les uns que les autres. Bref, rien de tout cela ici, juste une petite phrase de temps à autre à laquelle on ne prêtera guère attention, préférant se consacrer à la B.O. une fois de plus de très grande qualité malgré le choix de certaines pistes discutables, non pas pour leur degré d’appréciation, mais pour le contexte auquel elles ne se prêtent pas toujours.
On peut être un peu déçu également par le nombre de modes de jeux qui se limite au minimum syndical en excluant même un mode online qui aurait contribué à améliorer la durée de vie. Un peu décevant surtout qu’Electronics Arts n’est d’habitude pas réfractaire au jeu sur Internet. En attendant, on se rabattra en solo sur l’énorme mode « La loi de la Rue » qui vous propose de faire grimper votre petite équipe de minables au sommet. Au départ composée de votre personnage (que vous aurez créé de toutes pièces, vêtements comme physique) et de ses trois compagnons, il faudra enchaîner les matchs de quartier selon les lois appliquées : match simple à 3 buts, match à points (atteindre un certain score grâce aux tricks), match à 2 buts obligatoirement marqué en phase de Gamebreaker, etc. Au fur et à mesure de votre avancée, vous obtiendrez des points d’expérience applicables soit dans vos caractéristiques (frappe, vitesse, etc..), soit dans l’achat de tricks ou de vêtements. Dans tous les cas, votre personnage gagnera en renommée et vous serez invité à participer à des tournois, l’occasion de rencontrer de grands pontes comme Zidane ou Ronaldo. A noter qu’après de très nombreuses heures de jeu, il vous sera possible, en tant que capitaine, d’intégrer ces mêmes « stars » dans votre équipe à condition de leur montrer qui est le boss en les battant au préalable. Attention toutefois, certains joueurs ne s’entendent pas entre eux et vous aurez parfois à faire des choix pour assurer le futur de votre équipe. Enfin, comme tout « gang » qui se respecte, vous finirez par avoir votre quartier avec la possibilité de construire votre propre terrain, même si ce système reste relativement limité.
Rien ne vaut un bon plaisir solitaire
Tout cela est bien beau, mais la perfection n’est pas de ce monde, loin de là, donc passons aux lacunes, certes moins nombreuses que les différentes qualités énumérées ci-dessus. Tout d’abord, le système de tacle a une fois de plus toutes les chances de diviser la foule, mais en toute objectivité, ça reste très moyen. En effet, ne comptez pas à l’instar des autres jeux de foot vous jeter contre l’adversaire en glissant pied en avant pour espérer lui détruire un tibia si possible (pas d’arbitre, profitons-en !), les dribbles étant à moitié scriptés. Explication : lorsque vous faîtes un passement de jambes ou un petit pont, l’adversaire est déstabilisé et si ça rend magnifiquement bien en animation, niveau
gameplay, c’est on ne peut plus rageant dans le fait que le personnage driblé ne peut bouger jusqu’à ce qu’il se relève ou reprenne ses esprits. Dans les matchs à point, il arrivera que l’ordinateur tourne carrément autour de votre personnage sans que vous puissiez réagir, de quoi avoir envie de casser la manette en deux. Comprenez donc que placer un tacle est une question de timing. Si vous appuyez au bon moment, c’est réussi, mais si vous êtes trop lent ou trop rapide, c’est fichu et l’adversaire pourra continuer de vous narguer. Le spectacle qui prend le pas sur le
gameplay ? Un constat qui se répète d’autant plus en multijoueurs lorsque vous jouerez à plus de deux, car, dans une seule équipe, il n’y en a finalement qu’un seul qui joue puisqu’il se doit d’enchaîner les figures pour avoir les meilleures chances de marquer et si vous avez le malheur d’être dans la même équipe, vous pourrez alors aussi bien poser la manette et croiser les bras en attendant que ça passe. Tout ça ne nous empêchera évidemment pas de prendre notre pied, mais il y a tellement de choses encore à améliorer au final qu’on se met à attendre un troisième opus, rapiats que nous sommes.