En voulant dépoussiérer la légendaire licence Final Fight, Capcom prend le risque de démystifier l’un des piliers du genre beat’em all. Et quelques heures de jeu seulement suffisent à comprendre que Final Fight aurait sans aucun doute dû rester là ou il était.
Quel ne fut pas l’étonnement de toute une génération de joueurs lorsque
Capcom annonça la mise en chantier d’un tout nouvel épisode de la série
Final Fight sur Xbox et Playstation 2. Chacun se remémorant alors ces parties endiablées effectuées entre deux tours d’autotamponneuses, sur les bornes d’arcade de la vogue du village voisin.
NBA Jam,
Terminator 2 et bien sûr
Final Fight squattaient sans fléchir le hit-parade des bornes les plus prisées. Le hit de
Capcom (qui connut par la suite deux nouveaux épisodes et des adaptations consoles assez réussies) occupe toujours une place de choix dans l’esprit des acharnés de jeu d’action. Malgré un
Urban Reign plutôt réussi, force est d’admettre qu’aucun
beat’em all digne de ce nom n’a daigné voir le jour ces dernières années et les joueurs insatiables guettaient donc d’un œil avisé la venue du sacro-saint
Final Fight : Streetwise sur leurs machines. La déception n’en sera que plus grande…
Tout part de Travers…
Final Fight : Streetwise vous place dans la peau de Kyle Travers et vous débutez l’aventure dans un sous-sol miteux, le visage encore enflé par les violents coups de poing que vous a infligé votre adversaire. Dans votre coin, c’est votre grand frère qui vous soigne et vous remotive, ce grand frère c’est évidemment Cody, la star des premiers épisodes de
Final Fight. Prenant alors vos responsabilités vous écrasez votre assaillant de deux ou trois enchaînements dévastateurs et remportez une victoire aisée, ainsi que les quelques billets verts qui en résultent. Cette entrée en la matière, bien qu’outrageusement pompée sur
Fight Club (cave glauque, combat clandestin, foule qui hurle…tout y est), est plutôt réussie et nous permet de retrouver non sans une certaine nostalgie ce bon vieux Cody. Quelques minutes plus tard, vous vous faites sérieusement importuner par un mystérieux gang qui semble en vouloir à votre frère aîné. Quelques coups de pieds et bris de tables plus tard, vous gisez sur le sol, tandis que Cody semble avoir été kidnappé par la troupe. C’est Vanessa qui se charge de vous soigner, et malgré ces bons conseils, dès votre réveil, vous décidez de partir à la recherche de Cody.
Une trame relativement surprenante donc, car elle nous place dans la peau d’un personnage dont nous avons finalement tout à découvrir. Contrairement à ce à quoi on était en droit de s’attendre,
Final Fight : Streetwise n’est pas un
beat’em all pur et simple. Vous allez devoir déambuler dans la ville et aurez alors l’opportunité de croiser de nombreux PNJ qui tantôt vous donneront de précieux conseils, tantôt vous insulteront ou encore engageront un combat contre vous. Bien sûr, certains vous demanderont de réaliser diverses petites quêtes annexes comme écraser les cafards dans un restaurant (!), retrouver un enfant perdu ou encore détruire le véhicule d’un chef de gang avec vos poings en un temps donné. Chaque succès vous permettra de gagner quelques précieux dollars qui pourront ensuite être échangés contre des enchaînements ou encore des upgrades dans la salle de gym du coin. Le jeu offre donc une certaine liberté de mouvements, mais la taille somme toute très relative des différents quartiers visités, vous forcera tant bien que mal à ne suivre que votre objectif principal. Attention également à ne pas vous en prendre à des innocents, sans quoi votre côte de popularité tombera à pic. Vous allez donc devoir mener l’enquête et élucider les mystères relatifs à la disparition de votre frère. Bien sûr, chaque situation sera prétexte à de franches scènes de baston et vous pourrez alors donner des coups de poing, des coups de pieds, des coups de genou, projeter vos adversaires, user d’armes diverses comme le couteau, la batte, le poing américain, le pistolet ou encore le fusil à pompe.
”What the **** ? Son of a ***** !”
Sur le papier, ce
Final Fight : Streetwise semble donc des plus alléchants. Pourtant, cette progression non linéaire atteint très rapidement ses limites tant certaines missions annexes frisent le ridicule. Ceci en va de même pour les différentes cut-scene qui émaillent le jeu, car, si la narration est plutôt réussie, les dialogues sont d’une débilité affligeante et l’on assiste à un festival d’injures en tous genres. D’autant plus dommage que les doublages se révèlent eux très crédibles. Evidemment,
Final Fight : Streetwise est un jeu d’action, et l’histoire passe donc inévitablement au second plan me direz-vous ? Et bien non en fait, car le système de combat est on ne peut plus basique et ainsi, une fois votre adversaire locké, vous n’aurez plus qu’à le mitrailler de coups avant de passer au suivant. A ce titre, les adversaires font souvent preuve d’une débilité à toute épreuve, n’essayant parfois même pas de vous attaquer, et se contentent de tourner autour de vous en vous insultant ou en vous faisant des gestes obscènes. Affligeant. Vos attaques (coup faible, coup fort, projection) sont particulièrement dévastatrices et permettent sans le moindre souci de venir à bout de 8 ou 10 assaillants comme c’est souvent le cas. A noter toutefois que vous aurez la possibilité d’acheter de nouvelles combos plutôt réussies, ainsi qu’user d’une puissance accrue (mais provisoire) via la jauge de puissance située sous la jauge d’énergie. Malgré tout, les combats se révèlent très rapidement d’un mortel ennui, la faute à une répétitivité outrageuse et à une technique globale tout simplement dérisoire.
En effet,
Final Fight : Streetwise dispose de graphismes très bas de gamme, et seuls les personnages principaux semblent avoir bénéficié de quelques minutes d’attention de la part des développeurs. Les environnements sont vides, les textures sont grossières et les temps de chargement ultra fréquents. Heureusement que votre objectif est signalé par une énorme flèche jaune, car outre l’absence totale de map ou de boussole, les différentes rues se ressemblent toutes et l’on en vient alors très facilement à se perdre dans un quartier pourtant minuscule. A noter également une caméra particulièrement agaçante, trop près de l’action et qui peine parfois misérablement à faire la lumière sur le sombre traître qui nous frappe par derrière. Point de vue sonore, le constat est le même puisque hormis une ou deux musiques dans le ton, le reste ne fait pas dans la démesure avec son lot de riffs aussi tapageurs que répétitifs.
Outre le mode principal,
Final Fight : Streetwise propose également un mode arcade utilisant le moteur 3D du jeu, jouable à deux joueurs, qui ne s’embarrasse pas d’un quelconque scénario et qui fait la part ‘belle’ (même si l’expression ne s’y prête pas vraiment ici) aux combats. Vous aurez notamment la possibilité d’incarner Cody ou le surpuissant Haggar dans ce mode. Enfin, selon votre progression dans le jeu, vous débloquerez divers bonus et si l’on fera rapidement l’impasse sur les clips vidéo de piètre qualité, on ne pourra que pester face à la version arcade déblocable de
Final Fight, tant le frame rate et la jouabilité font peine à voir. Inutile d’en rajouter, ce
Final Fight : Streetwise est tout simplement immonde, que ce soit dans son système de jeu, en passant par ses combats, sa technique, jusqu’aux différents bonus qu’il propose. A oublier au plus vite.