Prévu au départ sur GameCube, avant d’être reporté sur Xbox, c’est finalement sur Xbox 360 que Kameo : Elements of Power a décidé de nous en mettre plein la vue. Chroniques d’un chef d’œuvre.
Joanna Dark n’ayant clairement pas fait l’unanimité au sein des joueurs, seul
Project Gotham Racing 3 semblait en mesure de contenter les joueurs assoiffés de graphismes next gen sur Xbox 360. Mais c’était sans compter sur le second projet de
Rare, étrangement moins médiatisé que les aventures de Mlle Dark,
Kameo : Elements of Power. Malgré tous les déboires et les reports liés aux aléas du marketing vidéo ludique, le soft de
Rare est enfin là, et semble tenir toutes ses promesses. Beau et magistralement orchestré, rien ne semble en mesure d’empêcher au dernier né de
Rare d’accéder au rang d’indispensable sur Xbox 360.
Du jamais vu !
Niveau scénario, les développeurs nous proposent une histoire basée sur l’univers
heroic-fantasy, dans laquelle elfes et trolls se livrent une guerre sans merci. Thorn, le chef des trolls, a jadis été vaincu par Solon, qui dans un dernier souffle, est parvenu à anéantir le monstre avant qu’une catastrophe n’eût le temps de survenir. C’est alors la reine Theena qui fut contrainte de monter sur le trône et transmettre le précieux don de transformation à ses deux filles : Kalus et Kameo. Rongée par la jalousie et la soif de pouvoir, Kalus réveille Thorn afin de mettre un terme à la suprématie des elfes. C’est alors Kameo, aidée par les conseils avisés de Mystique et du Journal de Bord (un bouquin qui parle, eh oui), qui va devoir rassembler les dix éléments afin de venir en aide à sa famille retenue par les trolls, et pouvoir en finir une fois pour toutes avec l’ignoble Thorn, ainsi qu’avec Kalus. Une histoire pas franchement inédite donc, mais traitée avec beaucoup d’humour et qui recèle de nombreux rebondissements au cours de l’aventure.
Tout débute par la traversée du fort assiégé. Vous êtes alors en possession de trois Eléments particulièrement utiles dans votre progression et devrez venir à bout de nombreux ennemis afin de parvenir dans la salle où sont retenues la plupart des membres de votre famille. Il faudra donc user non seulement des capacités de Kameo (sauter, frapper…) mais aussi de Frappedur, qui outre son aptitude à décocher des directs et autres uppercuts, permet de se faufiler un peu partout. Major Ruine vous permettra d’atteindre des plates-formes hauts placées par sa faculté à rouler et prendre des rampes tel un Tony Hawk en herbe, et enfin Chilla, qui, en plus d’embrocher les ennemis sur son dos et de s’en servir comme lance humaine (ou plutôt trollienne ici), vous permettra de grimper sur les parois glacées du château. Il faudra également souvent combiner les actions de deux Eléments et ainsi user de Major Ruine pour se propulser sur un tremplin, et ensuite se transformer en Chilla pour s’accrocher au mur de manière magistrale. Un premier constat s’impose de suite, si certains pouvaient encore douter des capacités graphiques de la console,
Kameo : Elements of Power remet les choses en place et s’impose immédiatement comme une véritable petite merveille en la matière. Les textures sont d’une richesse sans égal, les développeurs ont usé et abusé du
bump mapping, ce qui tend à conférer cet aspect brillant au soft. Le niveau de détail est tout bonnement bluffant, et courir sur un pont qui s’écroule, poursuivi par 7 ou 8 trolls avec pour toile de fond un fort assiégé, en proie à des centaines de dragons et autres boules de feu est une expérience absolument inédite et incroyable. Les personnages (amis ou ennemis) ont également bénéficié d’un souci du détail incroyable et chacun possède sa propre personnalité et ses expressions faciales. Au fur et à mesure de votre progression vous débloquerez de nouveaux éléments d’une beauté juste transcendante comme Cendre, Gravas ou le timide, mais non moins destructeur Thermite. Evidemment, malgré cette surenchère graphique et cette débauche d’effets visuels, certains remarqueront quelques soucis techniques comme des ombres étrangement absentes dans les grandes plaines des Badlands ou encore quelques paysages un peu vides parfois, voire un choix de couleurs pas toujours très judicieux, et un design général qui ne plaira pas à tout le monde.
Dix en un
Vos pérégrinations vous feront visiter de nombreuses régions du monde et vous évoluerez tantôt dans des forêts denses et luxuriantes, tantôt dans des monts enneigés particulièrement rudes, à la recherche perpétuelle des dix Eléments retenus prisonniers par les spectres dont il faudra impérativement venir à bout. Le déroulement est simple, via votre carnet de bord, vous devrez assigner un total de trois Eléments aux touches X, Y et B, ces Elements pourront ensuite être incarnés en temps réel dans le jeu. La touche A vous permettra toujours de récupérer votre forme initiale. Avant d’en arriver à la présentation de quelques-uns des précieux éléments, il est toutefois dommage de constater que les combats face aux spectres se déroulent inlassablement de la même manière. Ainsi, vous devrez suivre le spectre dans son temple, et toujours user de la même technique pour en venir à bout. En effet, les combats sont tous identiques (même lieu, même technique de combat à employer, même cinématique de début et de fin de combat) à la différence près qu’il faudra évidemment un peu plus de temps pour venir à bout des derniers spectres. Les boss étant d’ailleurs particulièrement rares dans le jeu, il est dommage que les développeurs n’aient pas proposé un environnement unique à chaque spectre.
Quoi qu'il en soit, chaque spectre vaincu vous remettra un nouvel élément à rajouter dans votre précieux carnet de bord. Chaque élément dispose d’un panel d’actions offensives, mais également d’aptitudes particulières qui vous permettront toujours de vous tirer d’un mauvais pas. Ainsi, outre vous permettre d’évoluer dans les niveaux sous marins, Grand Bleu pourra envoyer un puissant jet d’eau, idéal pour venir à bout des ennemis enflammés. De même, Gravas pourra envoyer ses boules de pierres boomerang pour prendre un ennemi à revers, bien pratique pour surprendre les ennemis équipés de boucliers. Son pouvoir ne s’arrête pas là puisqu’il vous servira également à déclencher des mécanismes, à construire des ponts, ou encore à aveugler quatre arbres simultanément (véridique) pour ouvrir un chemin. Tout vous dévoiler ici serait évidemment dommage, mais sachez que le jeu vous offre également la possibilité d’upgrader vos dix éléments via des fruits que vous trouverez dans la nature, ou que l’on vous donnera en récompense d’une quête annexe accomplie. Vous pourrez donc augmenter le niveau de vie de vos créatures et leur inculquer de nouveaux pouvoirs particulièrement impressionnants, dont certains modifieront passablement l’aspect physique de la créature sélectionnée. Augmenter ainsi les créatures n’est nullement obligatoire, et ce sont seulement les capacités offensives que vous pourrez modifier. Il est donc tout à fait possible de terminer le jeu sans passer la moindre seconde à upgrader son armée élémentaire, mais cela serait toutefois plus que dommage, au vu des aptitudes de certains. Chaque ennemi vaincu vous donnera un nombre plus ou moins important de points de batailles, attribués selon vos performances au combat. Parvenir à bout d’un ennemi peut ainsi vous octroyer trois bonus multiplicateurs divisés en trois groupes : Carnage, Brutal et Frénétique. Selon la force de votre créature, vous pourrez parfois atteindre une puissance décuplée qui vous permettra de vous déplacer à une vitesse surhumaine, rappelant quelque peu un certain
Bullet Time. Les points ainsi engrangés permettront notamment un classement sur
Xbox Live.
Un gameplay classique, mais solide
Niveau jouabilité,
Kameo : Elements of Power fait dans le classique. Outre le fait de dispatcher ses créatures sur les touches Y, X et B (voir plus haut), on se déplace via le stick analogique gauche tandis que le stick droit permet de faire pivoter la caméra. La gachette gauche permettra à Kameo de déployer ses petites ailes, tandis que la gâchette droite lui permettra d’effectuer un petit saut. Les deux gâchettes combinées déclencheront une attaque retournée aussi spectaculaire qu’efficace. Chaque créature bénéficie de ce même
gameplay, et il faudra souvent combiner les gâchettes pour parvenir à maîtriser chaque coup. Un brin de pratique est demandé, mais au bout de quelques minutes à peine, on mémorise le mécanisme et l’on parvient à effectuer de superbes enchaînements. Le jeu offre également la possibilité d’évoluer à dos de cheval (dans les Badlands), pour traverser la grande plaine qui sépare les différents niveaux de jeu. Vous allez donc pouvoir admirer des centaines d’orques et d’elfes en pleine bataille, et devrez également à plusieurs moments de l’aventure, venir en aide aux troupes du général elfique (et énigmatique) Farron. L’occasion de démontrer les possibilités impressionnantes du moteur 3D, qui gère la situation de manière admirable, sans souffrir du moindre bug ou ralentissement. Toutefois, on en viendra à la longue à se questionner sur la réelle utilité de ces longues cavalcades, si ce n’est de démontrer les capacités de la console, tant certaines phases de sauvetage se révèlent ennuyeuses à jouer. A noter également qu’outre le système de sauvegarde automatique qui enregistre votre progression toutes les 30 secondes (sans nuire au jeu toutefois), le soft offre des ‘continues’ infinis, vous permettant de reprendre l’aventure à quelques secondes seulement de l’endroit où vous avez trépassé. Une option sympathique, mais qui tend à nuire considérablement à une durée de vie déjà pas franchement folichonne.
Bien que tout l’aventure se déroule d’une traite, le jeu est relativement linéaire et vous devrez sans cesse suivre les indications sur la map pour aller secourir l’élément suivant, qui vous permettra souvent d’accéder au chemin qui mène vers l’élément suivant. Le scénario se développe au fur et à mesure de la progression, même si l’on devine aisément les quelques rebondissements qui parsèment l’aventure. De même, il est dommage de ne jamais pouvoir être réellement perdu ou bloqué dans le jeu, en effet, après quelques secondes, le vieil Ortho (le fameux carnet de bord parlant), vous indiquera tout simplement quel élément utiliser ou la voie à suivre pour continuer votre progression. Au niveau de la progression en elle-même, il est clair que les nombreux reports jouent en la défaveur du soft, et comme c’est le cas pour le
gameplay, les quelques énigmes présentes dans le jeu font très
old school et vous devrez alors déclencher des mécanismes en tirant dans un cible ou encore allumer des torches dans un ordre précis pour déverrouiller une porte, bref, rien de bien inédit à ce niveau là. Niveau durée de vie, comptez une petite dizaine d’heures pour connaître le dénouement de l’histoire, les plus acharnés pourront revenir sur le jeu pour amasser les quelques fruits oubliés, voire encore participer au jeu en coopératif en écran splitté. Enfin, comment ne pas évoquer cette bande-son tout simplement exceptionnelle, qui accompagne les moments forts de manière épique, et qui tend à conférer au soft une ambiance tout simplement phénoménale. A noter que les voix sont intégralement en français et de très bonne facture dans l’ensemble. Inutile de préciser que posséder un système Home Cinéma poussé à bloc multiplie l’immersion par dix.
Pour conclure, nous pouvons sans problème affirmer que
Kameo : Elements of Power est certainement le plus beau jeu Xbox 360, et bien qu’il n’innove en aucun cas au niveau de sa jouabilité et de sa progression, on prend un réel plaisir à découvrir le monde imaginé par
Rare (très inspiré par le Seigneur des Anneaux, notamment vers la fin du jeu), et à progresser dans ce monde tout simplement merveilleux. Bien sûr, certains viendront encore se plaindre du design général, de la redondance de certaines créatures, d’un scénario un peu gnangnan, mais qu’importe,
Kameo : Elements of Power est une réussite incontestable, assez classique dans son genre il est vrai, mais néanmoins exceptionnel à jouer et à contempler. Du grand art, du grand
Rare.