Lorsqu'il y a quelques mois, SNK Playmore annonçait une refonte 3D pour sa série phare, chacun s'attendait à une ignominie tout juste utile à servir de dessous de verre. Petite surprise, nous sommes tout de même assez loin de ce triste constat.
Ce n'est que très récemment que la majeure partie du grand public découvrit les joies de la série
Metal Slug grâce aux différents portages sur PS2 et Xbox, ôtant alors ce privilège à certains rares possesseurs de l'illustre NeoGeo aux cartouches hors de prix. Oui,
Metal Slug, cela ne date pas d'aujourd'hui et la licence fête par ailleurs ces dix ans cette année : dix ans de bonheur pour six épisodes principaux, dont un add-on, et quelques spin-off sur GameBoy Advance et NeoGeo Pocket. Alors que l'essoufflement de la recette commençait à taper à la porte,
SNK Playmore eu la soudaine idée de rajouter une dimension à sa série, et ce, malgré les hurlements des fans face au traitement qu'a subi
. Voyons ça…
Mission Start !
Pour ceux du fond qui n'auraient comme d'habitude rien suivi, Metal Slug représente le summum du shoot terrestre en 2D : un personnage livré au milieu de nulle part, un pistolet aux munitions infinies entre les mains, quelques grenades, des dizaines de soldats à tendance nazie qui chercheront à vous découper et c'est parti. Néanmoins, ce qui fait la force de la série réside dans l'utilisation de véhicules de guerre en tout genre, nommés Slug, afin de vous défaire plus rapidement de vos ennemis, mais également et surtout de l'humour omniprésent, que ce soit dans les situations burlesques ou dans la foultitude de détail dans les décors, chose que seule la 2D pouvait sembler offrir et qui semble se confirmer ici, car soyons franc : le côté humoristique de la série a été quasiment annihilé dans cet épisode. Plus sérieux, que ce soit dans la cinématique d'intro ou dans les différents briefings, le jeu n'arrivera à faire esquisser un petit sourire au nouveau venu que grâce aux habituels vieillards en caleçon offreurs de bonus ou à l'esthétique elle-même en SD. Il aurait été pourtant bien plus simple d'adopter un procédé en cel-shading afin d'offrir une véritable fidélité envers les opus originaux, voire même plancher sur le projet un peu plus longtemps afin d'offrir de expressions faciales un peu plus toonesques, comme le fut le très amusant Luigi's Mansion. Pour le reste, on est en terrain connu : vous incarnez un soldat parmi 4, prêt à en découdre durant un paquet de niveaux contre un ennemi à la technologie en avance sur son temps. Dénuées d'objectif à proprement parler, les missions consisteront pour la plupart à progresser sur une route aux rares intersections en tirant sur tout ce qui bouge et en récoltant les bonus ça de là.
Et là, c'est le drame. Les premiers pas sont assez houleux et il faudra un long moment avant de maîtriser parfaitement la bête. Le personnage répond bien, certes, mais est doté de nombreuses imprécisions comme les sauts qui, à cause de la caméra, manquent de perspective. Caméra qui sera également cause de nombreux échecs, au vu de sa lenteur à se replacer correctement surtout qu'il est impossible de locker un personnage si celui-ci est hors de l'écran !! Le gameplay fait heureusement dans la simplicité avec la possibilité de sauter, tirer, faire une petite roulade et balancer des grenades. Et pourtant ! Même avec ce faible nombre d'actions, les développeurs ont réussi à s'emmêler les pinceaux comme cette obligation absurde de devoir appuyer sur deux boutons en même temps pour changer l'arme en main. En plus de cela, le maniement de certaines de ces armes est également mauvais, comme celui du lance-roquette qui n'arrivera à être géré facilement que par les fans de Jet Force Gemini. Mais par-dessus tout, l'injouabilité vient, oh comble du malheur, du maniement des Slugs : une fois aux commandes, on en vient sérieusement à se demander comment les développeurs ont-ils pu laisser cela en l'état : en bref, vous prenez la jouabilité de la version 2D, parfaite pour celle-ci, et vous la transposez en 3D. Résultat, même en lockant l'ennemi, il est incroyablement difficile de le toucher en se déplaçant et, vu la lenteur et le nombre de points de vie de la bête (4), on a sitôt fait de se retirer avant que le Slug n'explose.
Failed
Passage en 3D oblige et faisant les yeux doux au grand public, les développeurs n'ont pas eu d'autre choix que de modifier certains aspects du jeu pour entrer dans l'air du temps, tout en gardant certains points essentiels. Parmi ceux-ci, on dénote toujours la séparation du jeu en missions, elles-mêmes délimitées en plusieurs stages, chacun étant noté à la fin via un système de rang déterminé en fonction du nombre de vies perdues, du temps de jeu, de l'or ramassé et du nombre de papis sauvés (en prenant toujours en compte que perdre une vie avant la fin du niveau signifiera que les papis sauvés avant la mort ne seront pas comptabilisés). Niveau élément inédit, vous arriverez dès la fin de votre première mission dans ce que l'on pourrait appeler « le garage », où vous aurez le choix entre revenir sur une précédente mission pour récupérer un peu d'or et améliorer vos statistiques, regarder l'armement que vous avez en poche, sauvegarder et… pas grand chose d'autre dans l'instance. Il vous faudra avancer pour pouvoir débloquer le choix des personnages, ainsi que l'option mise en avant lors des previews, à savoir la customisation de votre Slug via des éléments achetés grâce à vos lingots d'or. Un point facultatif, mais toujours amusant. Gros regret : l'impossibilité d'acheter des armes ou des munitions entre deux missions.
Au final, s'il y a bien un point sur lequel cette itération 3D surpasse ses aînés, c'est bien dans la durée de vie avec une petite dizaine d'heures à son actif (contre 45mn en moyenne chez les autres) grâce à des stages un peu plus nombreux, des bonus déblocables en grand nombre, et surtout quelques points annexes comme l'augmentation des caractéristiques des personnages (nombres de balles, vie, grenades…) grâce aux points acquis en fin de mission, obligeant le joueur à s'y reprendre à plusieurs fois pour perfectionner son rang.