Bientôt trois ans que les aficionados de Gabe Logan attendaient un nouvel opus de Syphon Filter, depuis la trilogie ayant pris fin en Novembre 2001 sur la désormais classique Psone. Ce quatrième épisode exclusif Playstation 2 propose de remettre le couvert avec une histoire de virus mondialement mortel, la souche Omega. Alors qui c’est qu’on appelle ?
Alerte
Loin de l’inépuisable vague infiltration que
Splinter Cell a fait perdurer depuis la révélation appelée Solid Snake,
Syphon Filter se décline ostensiblement en pur jus de jeu d’action. Pourtant il est difficile de parler de défouloir avec ce soft.
Dans le top dix des fléaux de l’humanité, le virus est à coup sûr bien placé. Invisible, immatériel, silencieux, sournois... Le seul moyen d’éviter le désastre est de prendre le mal par la racine. Pour sûr qu’il va falloir des agents spéciaux et Logan est de ces héros infatigables. Encore que pour cette fois il se contentera de dicter ses ordres par cinématiques interposées, du haut de son poste de directeur de l’IPCA (International Presidential Consulting Agency). Ca doit pouvoir se traduire en français, mais c’est plus cool en anglais. Logan cède donc sa place de premier rôle à une bleusaille, vous en l’occurrence. Un petit héros tout frais qui devra monter en grade et qui se veut avant tout identifiable. Vous le nommez, l’habillez, le pouponnez, le décorez de divers accessoires dont le stock grandira au fur et à mesure de vos succès. Une volonté d’immersion dans la peau du héros qui passe aussi par les cinématiques, dans lesquelles les membres de l’Agence s’adressent à vous en parlant à la caméra.
Pour venir à bout de la souche Omega, le dernier virus à la mode, il faudra parcourir treize missions, et éventuellement quatre autres à débloquer, lesquelles devront cependant se mériter. Les cinématiques sont assez sobres, à l’image du jeu lui-même, et n’aident pas forcément à se plonger dans un scénario qui semble volontairement complexe pour ressasser les habituels clichés du terrorisme à la Tom Clancy. Seuls les plus fadas se régaleront des dizaines de dossiers et autres coupures de presse disponibles avant chaque mission.
Shoot Shoot, don’t talk
Pour débuter, un tutorial/entraînement vous fera prendre connaissance de vos mouvements de base (straffer, rouler, viser, tirer, lancer, s’accrocher, ramper, égorger, etc...). La motricité de votre agent apparaît vraiment sans complexe, ça bouge bien, c’est fluide et réactif. Ce n’est que dans le feu nourri de l’action que se révèlerons les aléas de cette jouabilité pourtant si sympa au premier abord.
Le
gameplay de base est sommaire. Au début, on se contente volontiers d’avancer en arrosant copieusement ses nombreux adversaires avec la visée automatique. Pour se rendre compte au bout d’un certain temps qu’on carbure avec un ratio d’environ un chargeur par ennemi abattu. Il y a donc quand même quelque chose qui cloche dès le départ, je veux bien que les gilets pare balles soient de première qualité, mais on ne saurait tolérer un tel gaspillage. La visée automatique faisant perdre clairement trop de précision, on optera pour la visée manuelle, plus contraignante mais offrant davantage de précision. Et même les plus bourrins adopteront le combo gagnant : progresser en utilisant la visée automatique pour que l’arme se pointe dans la direction de l’ennemi, et ceci fait, permuter en vue à la première personne pour l’abattre manuellement. Il est cependant dommage qu’on soit incapable de définir sa cible précisément en cas d’affluence terroriste. Il arrivera donc fréquemment que le héros vise bêtement une cible à vingt mètres devant lui plutôt que le type à deux pas derrière lui en train de le canarder joyeusement. Un ciblage automatique sur la cible la plus proche aurait été judicieux pour ne pas mourir trop bêtement.
“Cobra est à terre, je répète Cobra est à terre“
Vous me direz qu’un héros de jeu vidéo ça meurt souvent, c’est même prévu pour ça, mais dans
Syphon Filter vous n’avez même pas idée. Primo, aussi rageant et injuste que ce soit, il existe des zones “de reproduction” où les ennemis réapparaissent indéfiniment. Mouais. Chaque mission vous demandera d’accomplir de nombreux objectifs, nécessitants parfois un
timing serré, dans des zones bigrement vastes !
Syphon Filter fait partie de ces jeux qui demandent d’y revenir encore et encore, et qui requirent une certaine connaissance du
level. Heureusement pour les moins patients, peu de ces objectifs sont obligatoires pour l’accomplissement de la mission, on s’en tire avec moins de bonus et de chances de promotions, voilà tout. Au début, on passera donc son temps à foirer tout ce qu’on entreprend, et pas question d’avoir une seconde chance, la faute à un système de sauvegarde automatique plutôt déroutant.
Des
check point s’activent automatiquement et assez fréquemment. Ce petit détail, qui mine de rien change tout, est à double tranchant. D’un côté on fulmine que le jeu sauvegarde automatiquement alors qu’on a plus de munitions... Et de l’autre, on rend grâce à Dieu de ne pas devoir reprendre de trop loin, surtout que ce sniper de m... met en moyenne deux secondes pour vous abattre. Alors voilà, on meurt, on recommence, on meurt, on recommence... Et on finit de toute façon par réussir, à tel point qu’on ressent moins d’intensité, la véritable peur d’échouer n’étant pas présente.
Syphon Filter : the Omega Strain n’en reste pas moins un jeu compliqué.
Ne pas perdre le nord
Etrange pour un jeu dont le
gameplay se veut simple (appuyer sur triangle dès qu’on vous le demande suffira à accomplir les objectifs) mais on qualifiera volontiers
Syphon Filter de jeu difficile. La faute tout d’abord à des niveaux gargantuesques.
Syphon Filter jouit de
levels longs, à l’architecture complexe. Il serait pourtant injuste de blâmer un jeu pour cela, il s’agit même plutôt d’un aspect positif ! Mais cela n’explique pas pourquoi on peut mettre, lors d’une première partie, près de deux heures pour finir la première mission (authentique) et vingt minutes pour boucler la sixième par exemple. Vous l’aurez compris, le dosage de la difficulté est calamiteux. On se retrouve devant un jeu au concept quelque peu bâtard qui nous demande de canarder à tout va, mais sans jamais prendre un réel pied puisqu’on est sans cesse obligé de compter ses munitions et de s’appuyer d’une carte en 3D carrément pas lisible pour repérer ses objectifs.
A côté de tout ça, on continue d’avancer dans
Syphon Filter. Certainement pas grâce à une réalisation peu reluisante (en ce qui concerne l’animation, votre avatar a hérité de la démarche de canard de Logan, véritable marque de fabrique de la série) pas vraiment digne de ce qui peut sortir d’une Playstation 2, mais grâce à une ambiance travaillée, typée
blockbuster, mais sans lourdeur. Une superproduction qui s’assume pleinement, sur fond de musiques fortes et entraînantes, jamais énervantes, et de décors et cheminements jamais fades. On a beau essayer d’être très méchant avec ce soft, il n’empêche qu’on est facilement happé par l’ambiance. En fait,
Syphon Filter : the Omega Strain s’apprécie en fonction de votre capacité à surmonter les (longs) moments d’errances que cette fichue carte mal fagotée rend pénibles. Avec son
level design travaillé, on sent à la richesse des environnements (des USA au Yémen, en passant par un formidable assaut d’une tour de Tôkyô à la
“Piège de Cristal“) qu’on est pas en face d’un jeu réalisé avec l’intention d’être bâclé.
Un mode en ligne fraternel
Pour se démarquer,
Sony avait prévu de faire de son quatrième
Syphon Filter un jeu jouable en ligne. Et un nouveau jeu jouable
online, c’est toujours une bonne nouvelle. Avec ses étendues gigantesques et tortueuses, sa panoplie d’arme correcte,
Syphon Filter semblait d’ailleurs tout désigné pour nous servir de superbes boucheries en ligne ! Pas de chance, ici le jeu en ligne, c’est le mode solo, mais à deux (trois ou quatre) joueurs. Il s’agit d’un unique mode coopératif, dans lequel on se retape les maps solo ou certaines actions ne peuvent être effectuées qu’à plusieurs. Si un tel mode coopératif est en général absent des modes
online des autres jeux, on déplorera fortement ici l’absence des indispensables modes de rigueur dans ce genre de jeu, à savoir un bon chacun pour soi ou bien en équipe. Pourquoi faire un mode uniquement coopératif ? La jouabilité du titre de
Sony se prêtait pourtant à bien d’autres divertissements.
Gameplay basique, bien que pas désagréable, réalisation technique peu reluisante, difficulté honteusement mal dosée,
Syphon Filter : the Omega Strain est à réserver aux puristes de la saga de Logan, qui disposeront d’un sacret paquet d’heures de jeu devant eux avant d’avoir bouclé toutes les missions dans tous les sens, et particulièrement s’ils disposent de camarades de jeu en ligne pour se la donner agent spécial ‘nettoie tout’ au casque USB. À tous les autres, on ne vous recommandera que trop bien de passer votre chemin pour investir ailleurs.
7/10