Oubliez l’heroic-fantasy et les mondes imaginaires peuplés d’arbres de mana, le dernier jeu de rôle de la PlayStation 2 a pour théâtre la première guerre mondiale. Un titre surprenant, parfois mystérieux, mais qui malgré sa faible notoriété n’a absolument pas à rougir face aux grandes pointures du genre. Voici Shadow Hearts : Covenant.
Successeur direct du premier
Shadow Hearts, le titre de
Midway nous plonge dans un scénario débutant à peine deux ans après les péripéties du titre original. Nous voici donc en pleine première guerre mondiale, en 1915 plus précisément, non loin d’une petite ville portant le nom de Domremy. Une troupe de soldats allemands fait son entrée dans la bourgade, en espérant n’y trouver aucune résistance. Pour le moins surpris, le groupe tombe sur un démon terrifiant dans l’église, située au cœur du village. Un à un, les militaires tombent sous les puissantes attaques du monstre. Seule survivante, Karin est épargnée et arrive à s’échapper du lieu du massacre. Alors qu’elle décide de faire la lumière sur cette étrange apparition avec l’aide de Nicolai, un cardinal tout droit arrivé du Vatican, Karin va découvrir que le démon est en fait un être humain appelé Yuri, et que Nicolai, censé être de son côté, va tenter de la tuer. Yuri, sauvant de justesse la jeune fille, est alors frappé par une malédiction lancé par Nicolai. Dès lors, nos deux héros décident de s’allier afin de libérer Yuri de ce fardeau, et ce, en se rendant au Pays de Galles.
La roue du jugement
Malgré la mode des combats en temps réel apparue ces derniers temps dans nombre de jeux de rôle (à titre d’exemple, citons l’excellent
Tales of Symphonia),
Shadow Hearts : Covenant reprend la bonne vieille formule des combats au tour par tour, à la manière d’un
Final Fantasy X pour ne citer que lui. Mais qu’on se le dise tout de suite, le
gameplay proposé ici est loin de s’apparenter à un énième clone du titre de
Square Enix et se voit doté de nombreuses innovations toutes plus intelligentes les unes que les autres. En premier lieu, la roue du jugement conditionnera la grande majorité de vos mouvements durant le combat, qu’il s’agisse d’une attaque spéciale ou d’une technique spéciale. Son fonctionnement est simple et se base sur votre dextérité : une fois l’action choisie pour le personnage contrôlé, une roue apparaît à l’écran avec diverses zones colorées sur celle-ci (le nombre et la couleur des zones étant en rapport avec le type d’action choisi). Telle une aiguille de montre, un curseur fera tout le tour de la roue, en l’espace de quelques secondes toutefois. Pour réussir votre attaque, il vous faudra appuyer sur la touche X lorsque le pointeur passera sur la zone colorée. A noter que plus le curseur sera vers le bord de la zone, plus l’attaque sera puissante. Basique certes, mais véritablement astucieuse, cette innovation, déjà présente dans le premier opus, a le mérite de rendre les combats nettement plus vivants que dans tout autre RPG composé de batailles au tour par tour.
Mais l’utilisation de la roue ne s’arrête pas là, puisqu’il sera possible de modifier toutes sortes de caractéristiques propres à celle-ci comme augmenter la longueur des zones pour plus de réussite ou encore la doter d’effets particuliers tel un empoisonnement. A noter qu’elle pourra également vous servir pour obtenir des petites remises dans les magasins, à condition que vos réflexes soient bien aiguisés évidemment. En ce qui concerne le reste des spécificités du
gameplay, il faut souligner que les nombreux personnages jouables possèdent tous des aptitudes propres. Ainsi, Yuri, le personnage principal du jeu, aura la capacité de se transformer en démons pour gagner en puissance, Gepetto, le marionnettiste, pourra à l’aide de sa poupée lancer des sorts impressionnants, et Karin tranchera l’ennemi grâce à ses nombreuses techniques d’épéiste. Fort logiquement, ces habilités, loin d’être exhaustives ici, évolueront au fil de votre progression, pour devenir de plus en plus puissants. Autre nouveauté de ce second épisode, l’apparition des combos, permettant d’enchaîner jusqu’à 4 attaques, histoire d’augmenter considérablement les dommages chez l’ennemi. Tout ceci allié aux multiples possibilités d’action (attaques classiques, magie, transformation, protection, etc.) ainsi qu’aux maintes petites particularités (une jauge de santé mentale est par exemple présente, et rendra votre personnage incontrôlable si elle tombe à zéro) fait que le
gameplay de
Shadow Hearts : Covenant se différencie suffisamment de la concurrence pour nous offrir une expérience rafraîchissante.
Un Gepetto qui tremblote
Qui dit petite notoriété, dit hélas bien souvent petit budget. Si cela ne s’en ressent aucunement au niveau de l’histoire ou du plaisir de jeu, force est de constater que la réalisation globale du titre d’
Aruze Corp n’atteint pas les sommets franchis par d’autres titres du genre, sans toutefois sombrer dans le cataclysme visuel. Tout d’abord, les graphismes varient entre le très moyen et le plutôt joli, selon les environnements. Et si les effets spéciaux sont réussis, il est déplorable que le soft soit balafré par un
aliasing parfois très présent. Les
cut-scenes sont quant à elles marquées du phénomène « tremblote des personnages » que l’on pouvait déjà légèrement apercevoir dans
Final Fantasy X. Heureusement, les cinématiques en images de synthèse remontent le niveau de l’ensemble, tant elles sont réalisées avec soin. Il en va de même pour le design global du soft, des plus réussis.