Ce test est une mise à jour de notre test import réalisé sur la version américaine du jeu
En ce début d'été, Sony Entertainment America nous propose un soft béni des dieux, tout droit venu du Mont Olympe, voici enfin le providentiel God of War.
Après le décevant
Devil May Cry 3 : Dante’s Awakening, les fans de jeu d’action commençaient à désespérer de voir un jour le jeu qui parviendrait enfin à détrôner un
Devil May Cry, encore reconnu (et malgré un 50 Hz frustrant) comme la référence ultime du jeu d’action sur PS2. SCEA semble avoir entendu la prière des joueurs et ainsi, dans un certain silence et sans grands renforts médiatiques, nous propose de découvrir la mythologie grecque à travers les yeux de Kratos, un guerrier en mission pour les Dieux. Pour l’expier de ses atrocités passées, les Dieux confèrent à Kratos une ultime requête : tuer Arès, fils de Zeus et accessoirement Dieu de la guerre.
Pour l’Olympe !
Kratos, abandonné des Dieux, décide de mettre fin à ses jours en se jetant de la plus haute montagne de Grèce. L’air serein, l’homme semble paisiblement attendre le moment où il s’écrasera contre les rochers en contrebas, synonyme pour lui de la délivrance des tortures psychologiques dont il fait constamment l’objet. Flashback. Nous retrouvons Kratos sur un navire en proie aux assauts d’une tempête, d’une mer Egée agitée, mais aussi (et surtout) aux attaques incessantes de l’Hydre, qui perturbe le royaume de Poséidon depuis bien trop longtemps. Le premier contact avec le soft se révèle tout bonnement bluffant. La réalisation graphique en impose immédiatement, mais ce sont surtout les animations du personnage qui laissent pantois. Ainsi, armé de ses fidèles Lames du Chaos, Kratos découpe ses ennemis en charpies et un peu à la manière d’un
Mortal Kombat, vous pourrez pratiquer sur vos ennemis une espèce de fatalité sanguinaire et atrocement jubilatoire. Vous pourrez scinder un ennemi en deux par la simple force de vos biceps, ou encore prendre un plaisir sadique à coincer une harpie sous votre pied et lui arracher les ailes ou même encore couper les pattes des centaures avant de les décapiter sans remord, malgré la terreur lisible dans leurs yeux. A cela viennent s’ajouter bien d’autres sauvageries, le tout dans un énorme effluve d’hémoglobine bien évidemment. Tout cela s’enchaîne avec une fluidité déconcertante et l’on nous explique au fur et à mesure les différentes touches et combinaisons d’action réalisables. Vient ensuite la première rencontre avec l’hydre, qui donne lieu à l’un des nombreux combats mythiques que vous livrerez dans l’aventure. On y découvre également la première séquence en QTE (à la manière d’un
Shenmue ou plus récemment de
Resident Evil 4) qui, à défaut d’être réellement original, donne lieu à un festival d’animations fabuleuses, si tant est que l’on en vient à se demander si c’est bien le joueur qui dirige Kratos ou bien si tout cela n’est finalement qu’une
cut-scene diablement bien mise en scène. Bref, sans trop vous en divulguer sur les surprises qui vous attendent tout au long du jeu, soyez certains que le premier contact avec l’Hydre laisse présager d’un jeu fabuleux, mais aussi et surtout que cela ne représente finalement qu’une mise en bouche comparée à ce que vous vous apprêterez à vivre, une fois que votre navire aura atteint sa destination : Athènes.
Athènes est en ruine, le géant Arès, votre ultime cible, met la ville à feu et à sang. Pour vous aider dans votre quête, les Dieux vous feront grâce de leurs plus puissants pouvoirs. Ainsi, Poséidon vous permettra d’utiliser la Rage, un éclair qui détruit tout dans son périmètre d’action. Mais les fans de mythologie seront également ravis de noter la présence de Médusa, reine des Gorgones, qui, une fois décapitée, vous permettra de brandir sa tête face à vos opposants qui s’en trouveront immédiatement pétrifiés. D’autres facultés viendront bien sûr compléter votre arsenal mais je ne vous gâcherai pas le plaisir d’une telle découverte. Evidemment, l’usage de ces sorts devra s’effectuer avec parcimonie, la jauge de magie se vidant bien vite. A ce titre, outre la mythologie grecque, sachez que
God of War puise également son inspiration dans d’autres hits consoles tels que
Prince of Persia : Les Sables du Temps,
Ninja Gaiden, ou encore
Onimusha. Ainsi, chaque ennemi abattu vous offrira des orbes rouges, dont la quantité dépendra de votre dextérité au combat, via le nombre de combos effectués. Ces orbes rouges vous serviront à upgrader vos Lames du Chaos afin d’en augmenter la puissance, mais aussi d’élargir le panel incommensurable de coups et de mouvements que possède le héros. Vous aurez également la possibilité d’upgrader les sorts acquis pour une efficacité accrue. Outre le QTE, le jeu vous demandera également tout au long du jeu d’utiliser la touche R2 pour soulever des portes et ouvrir les coffres. A noter que les différentes actions effectuées via la touche R2 symboliseront bien l’effort de Kratos puisque pour ouvrir une porte ou encore pousser une statue gigantesque, il vous faudra marteler sans relâche la touche pour que le Sparte parvienne à ses fins. Vous l’aurez compris, Kratos ne sera pas le seul à souffrir dans cette aventure, vos manettes ainsi que vos doigts en prendront pour leur grade. Les coffres (source d’orbes rouges, de magies et d’énergie) sont également disposés avec une incroyable intelligence tout au long du jeu. En effet, ceux-ci seront souvent là au moment opportun, comme déposés par une divine providence. Certains coffres (plus ou moins cachés) vous donneront la possibilité d’accroître vos barres d’énergie et de magie, ce qui ne sera pas du luxe lorsque viendra le moment d’affronter des créatures gigantesques et terrifiantes issues du bestiaire mythologique.
Des graphismes divins
Graphiquement, les développeurs de chez SCEA nous prouvent qu’à force de travail, de talent et de créativité, la PS2 peut proposer des graphismes de toute beauté, à la fluidité sans faille et sans la moindre trace d’
aliasing. Le level design est varié et les différents lieux visités sont tous hallucinants de détails et l’interactivité avec les décors est ici poussée à son paroxysme, surtout lors des combats face à des boss titanesques. Le système de caméra est fixe et ne permet pas d’être recentré, ce qui, malgré les appréhensions que l’on peut avoir de prime abord, donne finalement lieu à des perspectives bien souvent magistrales, qui illustrent l’immensité des lieux et qui contrastent avec la petitesse du personnage à l’écran. De même, un système quelque peu semblable à celui de
Prince of Persia vous montrera le cheminement à suivre pour parvenir à la destination voulue. Les combats sont d’une férocité rare et les têtes tombent au même rythme que le sang coule à flot. Les différentes cinématiques qui ponctuent l’aventure sont d’une grande finesse, tout comme les
cut-scenes. Enfin, sachez que le jeu ne souffre quasiment d’aucun écran de chargement, et les cinématiques s’enchaînent directement sans le moindre temps de latence. Il arrivera parfois que l’écran se fige pour laisser transparaître en bas à droite un petit message « loading » mais le temps de celui-ci ne dépassera que très rarement les 2 secondes. Une véritable prouesse qui contribue au côté dynamique de l’action. De l’ascension du temple juché sur le dos du Titan Cronos dans lequel repose la Boîte de Pandore, à la traversée du Royaume d’Hadès, le jeu nous propose une plongée dans une Grèce Antique fascinante à bien des égards.
God of War nous sert donc une action frénétique, soutenue par des graphismes extraordinaires, le tout soutenu par une bande-son mythique, qui confère au titre une réelle dimension épique.
Effectivement, la musique proposée par
God of War semble avoir bénéficié d’un soin tout particulier. Dans la même veine que celles du Seigneur des Anneaux, les compositions sont toutes magistrales et accompagnent de manière éblouissante les diverses joutes, mais également les superbes lieux que vous serez amenés à visiter durant votre périple. Les voix sont également irréprochables et la mise en scène est dantesque, tandis que le scénario proposera son lot de rebondissements au fur et à mesure que les souvenirs se feront plus précis dans la mémoire de Kratos.
Le jeu parfait ?
Bien évidemment, malgré un déluge d’effets magnifiques et toutes les qualités qui émanent de ce
God of War, les plus intransigeants lui reprocheront peut-être un léger manque d’originalité, puisant ses principales idées dans les meilleures productions vidéoludiques actuelles. De même, on pourra peut-être lui reprocher d’être un chouia trop bourrin et ce, malgré un système de parade efficace, mais que l’on utilise que trop rarement au final. D’un point de vue graphique, les puristes remarqueront également de-ci de-là quelques saccades dans les environnements très riches en détails. De plus, si les premières heures de l’aventure s’avèrent tout simplement fantastiques, les derniers niveaux du jeu feront un peu plus appel à vos méninges ainsi qu’à des phases de plate-formes parfois très frustrantes de par leur difficulté, notamment lors de la traversée du Royaume d’Hadès. Certains pourront également reprocher à certaines scènes un penchant très malsain, voire dérangeant, comme lorsque vous devrez sacrifier un pauvre soldat enfermé dans une cage, en le faisant brûler dans un four, et ce, malgré les supplications incessantes de ce dernier. Enfin, on pourra évidemment critiquer la durée de vie d’une dizaine d’heures, mais qui pour un jeu de cette trempe s’avère plus que correcte, et qui vous laissera largement le temps de vivre des moments de jeu vidéo inoubliables.