Avec Champions of Norrath, Snowblind Studios nous ressert un concept déjà joué et approuvé avec Dark Alliance, série dérivée de Baldur’s Gate en deux hack & slash pour consoles. Une recette, une volonté et une ambition somme toute identique, mais puisant cette fois sa source dans l’univers foisonnant d’Everquest : Norrath.
Dark Norrath ? Champions of Alliance ?
Au risque de tuer le suspense de certains lecteurs, il convient d’emblée de préciser que le principe des
Dark Alliance et de
Champions of Norrath sont en tous points identiques. Aussi, les joueurs ayant tâtés ces
Baldur’s Gate façon « je hack et je slash » savent déjà parfaitement à quoi s’attendre avec cette dernière production toute en finesse, qu’
Ubi Soft distribue sur notre continent dans une version dépourvue de 60Hz (que pallie un bon 50Hz optimisé) mais tout en français, voix et textes, cris et gargouillis.
Un nain ?! Quelle horreur !
Le royaume de Kelethin tire la sonnette d’alarme et mandate des couples de combattants, représentant les peuplades les plus efficaces, propres à tout univers d’
héroic-fantasy qui se respecte, pour aller calmer la révolte de gobelins pernicieux. Cependant, les puristes de ces hacheurs poilus, bourrus et court sur patte qui sont la noble race naine, déploreront fortement leur absence au sein de cette épopée. Le scénario vous réserve évidemment une montée en puissance progressive qui vous amènera à devenir le sauveur (champion !) de
Norrath, seul, en couple, ou même en trio/quatuor via le
Multitap. Pour ce faire, cinq classes, sexe au choix, vous sont proposées. Légèrement personnalisables, votre guerrier Barbare (grande puissance physique), rôdeur Elfe Sylvestre (agile et efficace), prêtre Haut Elfe (expert de la guérison), sorcier Erudit (arsenal magique dévastateur) ou fléau d’ombre Elfe Noir (maîtrise de la magie noire) disposent de quelques couleurs de peau, coupes de cheveux et autres détails esthétiques à régler avant de partir chasser.
Hack & Slash à la difficulté assez bien dosée, la possibilité de rentrer faire le plein au magasin du coin quand on le désire facilite la tâche de l’aventurier trop téméraire. Le jeu est découpé en cinq actes, une bonne dizaine d’heures suffisant à les boucler et au sein de la petite vingtaine de
level accumulée (sur 50), il restera encore de la marge pour exploiter les sorts. C’est pour cela qu’on pourra recommencer le jeu deux fois, aux niveaux de difficultés supérieurs en important son personnage de sa partie précédente qui conservera ainsi toute l’expérience accumulée.
Un dernier level et j’arrête
Et le principe addictif de l’accumulation de
XP fait son oeuvre. A chaque level franchi, on gagne des points à distribuer tout d’abord dans les quatre caractéristiques de base (force, intelligence, constitution et dextérité) puis dans une espèce de mini sphérier (cf.
Final Fantasy X) qui débloque les sorts et autres mouvements spéciaux. Certains ne peuvent être débloqués que très loin dans l’aventure, ce qui ménage des surprises. Par exemple, le sort ultime de l’Efle Noir ne peut être débloqué qu’au niveau 25, un stade qu’on atteint qu’après avoir fini le jeu au moins une fois. La personnalisation passe aussi par les équipements. Et ici, toutes les parties du corps y passent : tête, torse, jambe, mains, pieds. La quête de la protection maximum et du chiffre d’attaque toujours plus élevé pour ses armes commence... Et ne finit jamais ! La clé de ce principe, c’est le commerce. Chaque acte possède son « vendeur » chez lequel vous ferez d’inlassables allers et retours à volonté une fois votre inventaire plein à craquer. A ces principes séculaires du
RPG s’ajoute encore l’
upgrade des armes à emplacements. On y ajoute diverses runes pour augmenter leurs capacités ou bien pour attribuer un quelconque effet magique. L’important c’est que tout cela est archi-simple, encore plus pour ceux qui auront déjà joué à un épisode de
Dark Alliance ce n’est rien de le dire : tout est identique. Les donjons sont ici générés aléatoirement pour ceux qui, même après avoir fini le jeu trois fois, n’en auraient toujours pas assez.
Concernant les quêtes, chaque acte vous confine dans une zone plus ou moins vaste, le plus souvent il s’agira d’accomplir des tâches requises par les
PNJ (personnage non joueurs). Des arches permettent de se téléporter à l’endroit désiré pour peu qu’il ait déjà été visité bien sûr. On pourra ainsi revenir instantanément voir son employeur lorsque sa requête vous aura envoyé à l’autre bout de la zone. Le scénario de
Champions of Norrath est alimenté par de nombreuses rencontres dont les doublages sont plutôt réussis, encore que ce ne soit pas tout à fait ça au niveau de la synchronisation labiale. Mais on déplorera surtout un manque évident de dynamisme dans ces fichus
cut scene. Un problème déjà tristement remarquable dans
Dark Alliance.
Imperfections techniques
Tout aussi répétitif que
Dark Alliance,
Champions of Norrath a pour lui une plus grande diversité raciale (l’univers d’
Everquest est remarquable) ainsi qu’une réalisation graphique plus aboutie en ce qui concerne les détails, les éléments de décors et le dynamisme des parcours. Le
level design dispose d’une topographie également plus aboutie. Et si le saut a disparu, on profite en revanche de deux boutons de raccourcis de sorts, et d’un menu type camembert, autrement plus idéal que le menu déroulant de
Dark Alliance, très mal conçu pour choisir son sort en pleine action.
Pour en revenir à la réalisation, il va falloir le signaler haut et fort :
Champions of Norrath est un jeu bâclé. Il subsiste dans cette version PAL des bugs d’une intensité et d’une fréquence qu’on ne rencontre plus que rarement de nos jours. Problèmes de
frame rate incessants,
freeze lors de certains sorts, pans de textures à l’affichage tardif... En mode deux joueurs, et avec un peu trop d’ennemis à l’écran, c’est assez désobligeant, et si cela n’empêche pas de faire le jeu correctement, un brin de tolérance sera nécessaire pour passer outre. Pourtant pas beaucoup plus riche visuellement que les
Dark Alliance, il est regrettable que
Champions of Norrath subisse de tels problèmes d’affichage et d’animation.
Carnage en ligne entre amis
Champions of Norrath offre tout de même quelque chose de nouveau, son mode de jeu en ligne ne nécessitant aucun abonnement ! Dans des menus simplistes on rejoint (ou on crée) une partie pouvant accueillir jusqu’à quatre joueurs. On peut choisir de communiquer au casque micro ou au clavier et il est malheureusement impossible de jouer à plusieurs sur le net depuis la même console. En ligne, pas beaucoup plus de bugs qu’hors ligne, c’est à dire qu’on en subit régulièrement. On dira pour finir que ce type de jeu ne se prête pas trop mal au jeu en ligne, même si en cas de décès d’un coéquipier on ne pourra pas le ressusciter aussi aisément que dans un jeu vraiment conçu pour le réseau comme
Phantasy Star Online.
Snowblind Studios persiste et signe. Essai à nouveau transformé d’une série rôliste du PC en
hack & slash pour console.
Snowblind sait gratiner ses
hack & slash et on commence à le savoir ! On attendra maintenant une réalisation soignée pour la suite d’ores et déjà annoncée et intitulée
Champions : Returns to Arms à moins qu’un
Dark Alliance 3 n’arrive avant, parce qu’au risque de nous répéter, c’est vraiment la même chose. On ne change rien, on ne prend pas de risques, mais il est indéniable qu’une fois commencé on va jusqu’au bout.
Champions of Norrath fait partie de ces jeux à l’addicitivité assumée, celle qui ne vous fera jamais lâcher le pad avant le générique de fin. Allez, encore un petit
level pour la route ?