Entre CD Projekt, Bethesda et BioWare, le petit studio français Spiders tente de se faire une petite place dans le monde du RPG occidental mais encore une fois, le miracle n'eut pas lieu.
Il y a des développeurs qui apprennent de leurs erreurs et d'autres qui veulent « tenter des trucs » avant même d'avoir achevé de vraies fondations. Mars War Logs était moyen, mais pas cher. Bound by Flame était moyen, mais… bon il permettait de patienter en attendant d'autres RPG sur cette génération quoi. Toujours est-il que The Technomancer est aussi moyen que les autres, mais n'a plus l'excuse du premier et encore moins celle du second. On sait bien qu'il ne faut pas comparer des monstres comme The Witcher 3 ou le prochain Mass Effect Andromeda (dont on n'a encore rien vu finalement) avec une production à moindre budget, mais messieurs, quand on choisit d'afficher délibérément un plein tarif, les joueurs ont tout intérêt à faire le jeu des 107 différences pour savoir où mettre leurs biftons.
Et drame évident qui saute aux yeux pour commencer : oh que c'est pas beau ! A un ou deux panoramas près (mais vraiment un ou deux), on tourne dans le PS360 bas de gamme, limite pas très éloigné de Mass Effect premier du nom, la résolution en plus, l'esthétique en moins. Car non content de ne pas avoir une gueule d'amour, ce nouveau projet de Spiders propose en plus une patte esthétique d'un classicisme affolant jusqu'au bout des ongles sales : vous pourrez batailler autant que vous souhaitez dans le choix du héros, il sera moche. Les autres PNJ seront moches, l'univers est moche… Rien ne peut rattraper une telle froideur visuelle, hormis les armes électrifiées qui pour le coup sont jolies. Mais c'est tout.
Le scénario lui démarre bien. Lâché par l'espèce humaine, les colonies de Mars sont laissées pour mortes aux yeux du reste de l'humanité mais comme « l'Homme » est un vrai cancer qui peut s'adapter, on a fini par prospérer comme on le pouvait et construire un monde à peu près viable sur la planète rouge, avec presque tous les défauts de sa sœurette bleue : grosses entreprises qui possèdent l'essentiel des richesses (l'eau en l'occurrence), soldats qui doivent maintenir la loi, marchands qui essayent de nous vendre leurs trucs inutiles, mendiants, prostituées, moches irradiées mis de coté par la société… Mais c'est la Terre ! On ironisera jusqu'au bout en disant d'ailleurs que malgré son approche qui se veut un peu plus éloigné des cadors du genre, le problème avec Mars, c'est que ça a ni plus ni moins la tronche de notre planète à la sauce post-apocalyptique. Et là tout de suite, l'originalité s'efface dans le néant.
Il y a au moins eu un peu de travail pour pousser le contexte mais celui-ci ne passe que par l'écriture dans les dialogues. Et encore, pas tout le temps. Car le reste, non, c'est inacceptable et ça ne peut passer sur PS4 & One (et PC au fait), et pas à 60 boules. On ne peut décemment proposer un titre sur les dernières consoles au prix fort quand il n'y a absolument aucun moyen alloué sur la forme. Et l'on ne parle plus graphismes ici : tout le reste est concerné. C'est un studio FR, mais les doublages ne sont qu'en anglais, et totalement loupés. Les « acteurs » semblent autant s'ennuyer que ce PNJ qui tourne en rond dans cette ville semi-vide, mais le pire reste la mise en scène : il n'y en a pas. A l'heure où CD Projekt n'a plus rien à prouvé et que les autres tentent de faire des efforts, Spiders ne fait même pas le minimum syndical : il ne fait rien. Tout est plat et encore une fois, quand on n'a pas le budget, il faut réfléchir autrement. Regardez Obsidian.
Pourtant, il y a quelques idées à retenir de The Technomancer et la première est indéniablement le système de combat, certes classique comme tout le reste, mais ayant le bon goût de proposer trois styles de combat entre celui qui nous fait le combo masse/flingue, le deuxième qui frappe fort en plus de bénéficier d'un bouclier (mais est très lent) et enfin celui qu'on appellera le « Dark Maul-like » autant dans son double-bâton que dans son habitude à faire des esquives gracieuses. Quel que soit le style adopté, vous bénéficierez en outre des magies du Technomancer qui permettent de balancer de la foudre, balancer plus de foudre, renforcer votre pouvoir de foudre… ou placer l'élément foudre sur vos armes. Oui, il n'y a qu'un seul type de magie en fait mais les développeurs se sont dit qu'il faisait assez chaud sur mars pour éviter de balancer du feu et que la possibilité de pondre de la glace à loisir serait un peu en inadéquation avec le contexte.
Bref, on a même droit à trois menus de compétences : l'un pour les différents styles, un autre pour les stats classiques (force, magie, etc.) et un dernier pour des aptitudes diverses comme le crochetage et l'artisanat. Ne pas savoir où placer son ou ses points à chaque niveau est la preuve d'un minimum de réussite et The Technomancer atteint au moins cet objectif… ou en tout cas au début. Car les heures allant, on se rend compte qu'une bonne partie des compétences sont loin d'être utiles (on arrive très bien à torcher le jeu sans) et il y a même de menus couacs dans le level-design. Pourquoi par exemple mettre 3 niveaux aux fonctions crochetage ou artisanat alors qu'il suffit de se maintenir au niveau 2 jusqu'à la fin du jeu, et de seulement porter un vêtement octroyant le dernier point quand la situation le demande, avant de le remettre dans le sac à dos ? Passons et en parlant d'artisanat, sachez qu'il y a là encore de l'originalité, mais tirant plus dans la « fausse bonne idée ». On vous la fait rapidement : il y a une masse de choses à looter, mais très rarement des armes puisqu'il faut se contenter de matériaux, pour justement améliorer l'équipement. L'ennui étant qu'on a du coup une sélection moins variée dans les armes (au point de rester un quart du jeu avec la même), mais que même les choix d'upgrade sont peu nombreux. Mouais.
Dans ce texte emprunt de cruauté (et de justesse, quand même), on signalera tout de même que la durée de vie faiblarde des deux précédentes productions de Spiders est ici de l'histoire ancienne. De 10-15h facile, on passe à une bonne trentaine en accomplissant une partie des quêtes secondaires, d'ailleurs nombreuses. Très nombreuses. Non, trop nombreuses. Les mecs nous ont tout simplement pondu un rythme d'annexes identique à celui d'un RPG de taille raisonnable, mais dans seulement trois villes allant de taille décroissante au fur et à mesure que l'on progresse dans le jeu. Ça nous rappelle un peu le passage de la Citadelle de Mass Effect. Mais multiplié par dix. Alors on ne va pas faire la fine-bouche, surtout que les annexes sont, comme le nom l'indique, facultatifs, mais on aurait aimé au moins un poil de diversité plutôt que du simple fédex, à quelques exceptions près. Sachant que ce coté « va d'un endroit à l'autre pour causer à untel en refaisant une brouette de combats avec des ennemis qui respawn à chaque fois, puis la même chose au retour », on le rencontre également dans un paquet de missions principales, vous aurez compris que The Technomancer est tout sauf un jeu qui donne envie de se relever la nuit. Et cette expression étant d'ailleurs très ridicule, nous décidons de stopper là.
Les plus
Les moins
+ Contexte original...
+ Système de combat intéressant...
+ Plein d'arbres de compétences...
+ Le craft au rendez-vous…
+ Enfin des alliés…
+ Meilleure durée de vie...
+ Quelques bonnes quêtes tout de même, avec parfois de vrais choix
- … Mais inexploité
- … Mais répétitif
- … Mais remplis de choses inutiles
- … Mais avec des choix limités
- … Mais moches et inintéressants
- … Mais gros manque de variété
- Vraiment pas joli
- Doublage en carton
- Aucune mise en scène
Conclusion : Déjà en retard sur la concurrence à l'époque de Bound by Flame, c'est maintenant vers un point lointain à l'horizon que les développeurs regardent pour tenter de trouver la qualité attendue pour un RPG occidental au prix fort. Qu'ils optent pour la planète rouge ou l'heroic-fantasy, qu'importe au final : il faut juste maintenant construire de solides bases et pondre un produit de qualité, fun à jouer, même si moins ambitieux que les plus grands. Car pour l'heure, The Technomancer n'est rien d'autre qu'un jeu moyen. Un de plus dira t-on.
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