Nouveau fleuron économique de Level-5 pour les années à venir (en tout cas jusqu'à ce que la licence meurt après avoir été suffisamment pressée), Yo-Kai Watch débarque enfin en Europe avec son anime, mais également le jeu qui nous intéresse ici.
A moins d'avoir vécu dans une grotte, vous n'êtes pas sans savoir que Yo-Kai Watch incarne désormais l'une des plus prestigieuses licences dans l'histoire du JV japonais, les ventes côtoyant les plus grands monuments comme Mario, Mario Kart, Pokémon, Dragon Quest et Monster Hunter. Et pourtant, les choses avaient bien mal démarré au lancement avec un simple succès d'estime avant que le titre ne disparaisse des charts… jusqu'au retour inattendu. Il aura en effet suffit d'un anime pour propulser soudainement l'engouement des jeunes joueurs pour qu'aujourd'hui, chaque épisode fasse partie des Most Wanted au point de se poser une légitime question : qui de Yo-Kai Watch 3 ou Pokémon Soleil & Lune sera le plus gros succès de l'année 2016 au Japon, tous supports confondus.
Et si l'on parle de « jeunes joueurs », ce n'est pas innocent car Yo-Kai Watch est indéniablement une licence pour enfant. Bien plus que Layton (qui est majoritairement tout public), Inazuma Eleven (qui se laisse suivre à tête reposée) ou encore Fantasy Life (qui n'avait quasiment aucun scénario donc on s'en fout). Ici, entre les dialogues, le scénario, le doublage FR et les petites références du genre il faut apprendre à traverser le passage piéton quand le petit bonhomme est vert, vous comprenez vite que le jeu est fait pour votre fils, votre neveu ou votre plus jeunes frère, mais en tout cas pas pour vous. Pas si vous avez plus de 10 ans en tout cas. Car les jeux « enfantins » mais destinés à tous sont légions mais il faut bien savoir que, Level-5 oblige, les dialogues sont en surnombres et il y a un moment où, clairement, on commence à en avoir un peu plein le derche des aventures de notre petit héros dans sa ville où tout le monde ou presque est gentil.
Donc si vous prévoyez un achat pour la bonne personne dans les temps à venir, Yo-Kai Watch n'est ni plus ni moins qu'une espèce de Pokémon-like remanié. Plus de 200 esprits dans un premier épisode, ce qui est très correct, avec toujours un aspect collection et l'augmentation en XP qui va avec. La progression se scinde en trois parties : les quêtes principales faites de cinématiques, missions d'importance, donjons (parfois) et boss (souvent), puis vient les quêtes annexes majoritairement très Fedex et qui peuvent être ou non indiqués à l'écran, quelque fois sans offrir de grande aide, et même d'autres fois tomber au mauvais moment (du genre nous demander d'accomplir une mission dans une zone encore non débloquée), et enfin pour terminer la simple promenade pour dénicher de nouveaux alliés.
Le système peut paraître simple de base : un compteur en haut de l'écran indique quand vous vous approchez d'un esprit et il suffit ensuite de fouiner le bon élément (arbre, herbe, dessous de voiture…) pour débusquer l'intéressé. C'est ensuite que ça se complique car une partie des esprits ne vous rejoindra qu'à condition de lui fournir un type objet au préalable… sans que vous ne sachiez vraiment lequel. Du coup, on tâtonne souvent au pif et on est frustré de voir un potentiel bon élément se faire rétamer pour ensuite aller voir ailleurs sans vous proposer avant d'être votre « ami ». On dira que le coté social purement japonais invite à se renseigner auprès d'autres fans pour connaître les techniques, ce qui se traduira chez nous par aller chercher un quelconque Faqs sur le net. Une fois l'esprit en poche, son médaillon permettant de l'appeler rejoint votre stock et vous pourrez au fur et à mesure vous constituer une bonne équipe qui ne peut comprendre que six esprits en combat, séparé en deux teams.
Vous avez déjà compris que derrière l'aspect enfantin se réside un système qui n'a rien de simple, et c'est encore pire pour les combats qui sont originaux mais qui vont faire perdre la tête aux plus jeunes. Décrivons. En combat, vous avez une roulette sur laquelle se place vos six esprits en poche. Les trois du dessus sont ceux sur le terrain et les trois autres en stock, sachant que vous pouvez tourner la roulette à loisir pour modifier la configuration en temps réel. Tout le coté surprenant vient du fait que vos alliés attaquent automatiquement, vos propres fonctions étant de lancer une super attaque quand la jauge le permet (moyennant un mini-jeu préalable très vite relou), envoyer un objet à votre équipe ou pour le camp d'en face (quand vous souhaitez amadouer pour une capture) ou encore désenvoûter un allié corrompu qui ne pourra pas attaquer si vous ne vous tapez pas un autre mini-jeu. Tout cela sans que le combat ne s'arrête un seul instant, et croyez bien que si le jeu est très facile dans son ensemble, il arrive parfois (souvent durant les boss) qu'on subisse un atroce pic de difficulté, au point de s'y perdre un peu. Et cela sans compter la fonction ciblage qui demande de prendre en compte le pattern de certains boss. Bref, les fameux « moins de 10 ans » vous souffrir.
Surtout qu'il n'y a pas 36 manières de leveler. Il y en a deux en fait. Soit on va casser de l'ennemi, mais ça rapporte une misère, soit on fait des quêtes annexes déjà plus généreuses, mais pas toujours facile d'accès comme expliqué plus haut. Ce n'est pas mauvais pour autant et en plus de bénéficier d'une durée de vie très généreuse (n'oubliant pas le post-game), le jeu garde un coté chronophage grâce à un nombre incalculable de choses à faire, incluant même des events périodiques à terminer dans les temps, et plus tard dans l'aventure l'arrivée des fusions qui là encore va grappiller un temps fou aux plus méticuleux. Mais c'est également ce qu'on peut appeler du « faux chronophage » : quand on est dedans, on n'en sort pas facilement, mais quand on en sort, on a du mal à y revenir. Et ce n'est pas le multi de ce premier épisode qui aidera : du Street Pass (= quasiment inutile chez nous), de l'affrontement uniquement en local et impossible d'échanger ses esprits.
Les plus
Les moins
+ Plutôt mignon
+ Plus de 200 esprits
+ Bonne durée de vie
+ Des combats originaux...
- … Mais qui vont clairement diviser
- La capture mal foutue
- Répétitif
- Difficulté mal gérée
- Le multi totalement en retrait
- Interdit aux plus de dix ans
Conclusion : Yo-Kai Watch n'est pas le hit attendu, la majorité des ventes japonaises semblant tenir sur le hype de l'anime et la surpuissance marketing de Level-5. Déception donc, sans parler non plus d'un mauvais jeu, et pas de quoi inquiéter pour l'heure la franchise Pokémon qui hors graphismes est amplement plus carré sur l'intégralité des aspects.
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