Tancé par la critique, boudé par les joueurs, Nintendo est pris dans une spirale négative après avoir manqué dans les grandes largeurs le démarrage de la Wii U. Malgré tout, la société japonaise parvient toujours à attirer l'attention du monde du jeu vidéo sur sa console de salon grâce à certains titres phares. Mario Kart 8 fait incontestablement partie de ceux-là. A l'instar du prochain Super Smash Bros., voilà un jeu sur lequel repose en partie l'avenir de la machine.

A l'image de ce qu'il se passe avec les licences sportives, même si les différents épisodes ne sortent pas à un rythme annuel, la série Mario Kart évolue de manière constante en évitant soigneusement les virages brutaux. Ce volet dédié à la Wii U ne fait pas exception. De loin, si l'on compare avec l'épisode Wii ou à plus forte raison avec MK7, rien ne semble avoir vraiment bougé, si l'on excepte cette entrée réussie dans l'ère de la haute définition. Un changement qui fait plus figure de remise à niveau que de réelle nouveauté. Il n'empêche, ce Mario Kart 8 a de l'allure. Et s'il n'introduit pas de mécaniques bouleversantes, il propose tout de même son lot de petites modifications subtiles qui ne manqueront pas de susciter des débats auprès des habitués.

Changement dans la continuité

Deux heures. C'est le temps que nous avons pu passer en compagnie du jeu. Suffisant pour effectuer plusieurs fois les quatre circuits des différentes coupes (Champignon, Fleur, Carapace, Banane) que Nintendo nous a permis de disputer. Encore une fois, les modifications ne sont pas radicales, mais elles changent tout de même certains aspects du gameplay de la série. A commencer par le fait que l'on ne peut désormais plus stocker un item alors que l'on en utilise un autre. Toujours concernant les bonus, nous avons remarqué que l'action de se protéger en plaçant un objet à l'arrière de son véhicule n'était plus aussi efficace que par le passé. Dans le sens où il faut que le projectile de l'ennemi heurte réellement votre propre défense pour que celle-ci soit efficace. Le moindre virage représente donc une menace car on expose le flanc de son bolide. Il est donc d'autant plus difficile de rester premier. Parmi les items, notons l'arrivée du boomerang qui peut être utilisé plusieurs fois consécutivement. Son intérêt : permettre de dégommer un adversaire tout en lui dérobant un item. Autre détail qui n'en devient plus un si l'on est un compétiteur, le retour sur la route est nettement plus rapide qu’auparavant en cas de chute. Ce qui encourage les joueurs à prendre des risques, à emprunter les chemins de traverse les plus périlleux.



Une question de savoir-faire

Et des raccourcis, il y en a un paquet dans Mario Kart 8. Plus que jamais, Nintendo a joué avec le level design pour proposer des circuits riches en chemins alternatifs. Ce constat est en partie dû à la plus grosse nouveauté de cet épisode : le jeu avec la gravité. Les passages au cours desquels on roule sur les murs ou le plafond sont nombreux. En soi, cela ne change pas grand-chose à notre manière de piloter, mais cela multiplie en revanche les possibilités pour les développeurs. Prenons par exemple un circuit connu, à savoir l'Autoroute Toad (N64). En utilisant correctement les tremplins situés sur certaines véhicules qui circulent à vos côtés, vous pouvez atteindre les parois situées sur les bords de l'autoroute. Cela permet d'éviter le trafic et de profiter de quelques accélérateurs. Pas négligeable. Evidemment, tous les nouveaux circuits incluent dans leur level design cette nouveauté. Visuellement, cela fonctionne aussi très bien grâce aux effets de distorsion sympathiques qui apparaissent lorsque la gravité fait des siennes. Les karts – dont on peut choisir les pièces qui les composent, comme dans MK7 – et autres motos – avec lesquelles on ne peut plus faire de roue arrière, retour à l'équilibre – se voient aussi modifiés puisque leurs roues se retournent, jantes vers le sol, ce qui leur permet de passer en « mode aéroglisseur » et de planer pour éviter les chutes. Il en va de même lors des passages aquatiques qui sont particulièrement nombreux dans ce nouvel épisode.



Solo et multi, une expérience différente

Côté sensations de pilotage, c'est extrêmement plaisant. Les dérapages sortent facilement et on a tôt fait de s'amuser comme un petit fou sur les circuits. On sent tout le savoir-faire de Nintendo en la matière. Cela frôle la perfection. Si erreur il y a, elle ne peut venir que du joueur. Sur les quelques courses que nous avons pu faire, il nous a semblé que le jeu était assez équilibré au niveau des items. Pas trop de carapaces bleues, pas non plus de bonus moisis si l'on est dernier. A vérifier sur le long terme mais le dosage apparaît assez juste. Pour ceux qui auraient loupé l'information, notez que l'on peut jouer à Mario Kart 8 en utilisant tous les contrôleurs qui existent, y compris le volant. Opter pour le GamePad de la Wii U n'a en revanche que peu d'intérêt, ses fonctionnalités n'étant pas, ou peu, utilisées. Une carte, la possibilité de klaxonner ou de passer en mode « Off TV » et c'est tout. Léger... Techniquement, on l'a dit, Mario Kart 8 s'en tire très bien. La HD met en valeur la très belle direction artistique du jeu. Néanmoins, on se doit de signaler un problème de taille. Si le jeu affiche fièrement 60 images par seconde lorsque la partie implique un ou deux joueurs, il ne tourne plus qu'à 30 images par seconde dès lors que trois ou quatre protagonistes sont en concurrence. En local s'entend. La différence est on ne peut plus flagrante. Nintendo assure toutefois qu'en ligne, même si deux participants sur douze joueurs sont sur le même écran, le framerate sera au plus haut. Pour terminer sur une note plus positive, glissons un mot sur le cast qui fait plaisir à voir. Aux personnages classiques viennent s'ajouter Harmonie, les bébés Peach et Daisy mais aussi plusieurs membres du clan Bowser (Lemmy, Larry, Wendy, Ludwig, Morton, Roy et Iggy).

CONCLUSION : Prise de risque minimale, lacunes techniques, difficulté à justifier l'intérêt du GamePad, Mario Kart 8 symbolise à lui seul les carences actuelles de Nintendo. A l'inverse, il est aussi le témoin « vivant » du savoir-faire unique de la firme japonaise. En termes de gameplay et de level design, cet épisode s'avère être un pur régal. Dès les premières courses, les premiers virages, on prend son pied. Le pilotage est fluide, naturel, et la construction des circuits est souvent imaginative. Cela transpire la maîtrise. Bien que l'on ne puisse pas s'émerveiller en soi d'un passage en haute définition aussi tardif, celui-ci a le mérite de redonner un second souffle visuel à la série. Comme souvent avec les franchises phares de Nintendo, les points positifs écrasent littéralement les aspects négatifs. Vivement le 30 mai prochain.

Avis du testeur : Très bon