Contrairement à ce que certains peuvent penser,
Clap Hanz n’appartient pas à
Sony même s’ils développent exclusivement chez eux depuis 20 ans. Une bonne entente ? La peur de casser la routine ? Probablement un peu des deux, et ça ne se ressent pas que sur les supports mais bien par le CV constitué majoritairement de jeux de golf, à deux exceptions près : une compilation de mini-jeux que tout le monde a oublié, et deux tentatives en format tennis avant que les mecs ne se rendent compte que c’était peine perdu et que de toute façon, il n’y a que Nintendo qui arrive encore à vendre des jeux de ce genre. Donc du golf et encore du golf, avec sur les huit dernières années un épisode Vita, porté ensuite sur PS3, puis une tentative de renouveau sur PS4 (qui n’a pas trop brillé commercialement) avant de pouvoir aborder le nouveau cru du jour : le passage en réalité virtuelle.
En s’autorisant une arrivée sur le casque de Sony, le sobrement intitulé
Everybody’s Golf VR part déjà en territoire neutre vu le peu de concurrence en la matière, du moins si l’on parle de VR car le coeur du jeu ne va finalement pas être son immersion (et on reviendra plus bas sur ce point) mais bien le gameplay qui n’a rien de révolutionnaire vu ce qu’on a déjà goûté dans le domaine du motion-gaming. D’ailleurs il est à noter de suite que même s’il est possible d’y jouer à la Dual Shock 4, la gyro est obligatoire (ce qui est finalement logique) et il est du coup infiniment plus agréable d’y jouer avec un unique PS Move pour mieux mimer le coup, sans pour autant se la jouer Tiger Woods vu qu’on comprendra très vite qu’il est beaucoup plus simple de faire les mouvements avec un seul bras plutôt que s’amuser à prendre l’accessoire à deux mains.
Mais même avec ça, la vache, c’est super dur ! Alors ce n’est aucunement la faute des développeurs mais juste que lorsqu’on est habitué depuis des années (voir décennies) à taper la balle avec un jeu de boutons, se retrouver soudainement à jauger la puissance et la précision par la vitesse de notre mouvement, c’est quelque chose qui va réclamer un maximum de doigté, preuve en jetant un œil au classement en ligne où l’on remarque que les têtes d’affiche dépassent rarement le -4 sur des parcours à 9 trous (sur les jeux classiques, c’est commun de voir des performances deux fois meilleures). Après le jeu fait parfaitement le taf avec ses nombreux indicateurs visuels, à la fois avec une sorte de hologramme qui précise la forme du parcours et la vitesse du vent, ou des conseils pour savoir quel pourcentage de puissance est le plus adéquat pour s’approcher au mieux du trou.

On s’amuse et on se plaît à relancer de petites sessions pour tenter d’améliorer son score, surtout que le titre se veut aussi accessible que les épisodes « normaux » vu que l’on retrouve à nouveau les clubs moins portés vers les coups foireux (mais aussi moins puissants) ainsi que l’espèce d’option qui crée une tornade autour du trou pour aider les moins habitués. Forcément un bonheur si on veut tenter enfin son premier Birdie voir Eagle (jamais réussi à faire un trou-en-un par contre) mais ça reste à prendre comme un entraînement de luxe puisque, si cette dernière option est activée, votre score n’apparaîtra pas dans le classement mondial. Un peu normal, encore que les devs auraient pu proposer des tableaux séparés afin de contenter le plus grand nombre.
On a un peu fait le tour du gameplay, il va donc falloir passer aux défauts, soit un peu tout le reste. C’est dur à dire car on sent que ce projet incarne pour
Clap Hanz un simple coup d’essai vu le contenu odieusement rachitique : un mode entraînement qu’on va vite expédier, seulement 3 parcours visuellement variés de 18 trous chacun (avec mode miroir) et… c’est tout ! Où sont les fonctions sociales de l’épisode PS4 ? Et surtout, où est le multijoueur ??? Alors ok, on sait que le online est problématique pour les jeux VR pour des raisons d’audience, et on a au moins les classements, mais qu’est-ce qui empêchait de fournir du multi local en chacun son tour pour agrémenter les soirées en se passant le casque ? Et le truc aussi drôle que triste, c’est que l’équipe s’est senti obligée d’exploiter une technique de cache-misère pour offrir un semblant de durée de vie : on a peu de choses mais il faut le débloquer en allant, avec au départ un seul parcours de 3 trous, puis on débloquera le 9 trous aller et retour, puis un deuxième parcours, puis le mode 18 trous, etc. Mwé.

Alors certes, histoire de marquer la différence avec les autres épisodes, cette version VR se dote d’un design un chouïa plus réaliste mais dans le simple et unique but de montrer de jolies demoiselles dans cet univers aussi vide que Silent Hill : l’hôtesse d’accueil et notre caddie. Pour ceux que ça intéresse, on peut débloquer un homme. Et à quoi sert le caddie ? A rien si ce n’est offrir un peu de vie puisque ses indications n’apportent rien de plus que les indicateurs déjà présents, sauf si vous aimez jouer tout en entendant les mêmes phrases en boucle (en français, notez) du genre « Tape bien fort ! », « Elle va rentrer dedans ! », « Elle est au fond ! », « Oh, elle est complètement enfoncée ! »… C’est du golf on rappelle. Sinon, de manière aléatoire, on a droit à une micro-scénettes avec notre caddie sans la moindre forme d’utilité, car on sent que
Clap Hanz avait envie de tenter des trucs coquinoux, et que Sony a dû leur mettre un gros stop en pleine tronche.
Mais le gros drame d’
Everybody’s Golf VR, c’est surtout qu’il ne justifie jamais son appellation VR. Le motion-gaming, ok. Et bien entendu, c’est forcément plus immersif visuellement car c’est un peu la base. Mais absolument aucun effort n’est fait pour aller plus loin et on a l’impression de s’être mangé une claque qui nous renvoie fin 2016, au moment où l’on était encore dans l’expérimentation. Et encore, certains faisaient mieux d’entrée. Visuellement déjà, c’est salement terne et on n’est jamais poussé à admirer les alentours, en rajoutant qu’en dehors des sessions golfs, c’est le strict minimum : la salle d’accueil (où l’on est immobile), le terrain d’entraînement (pareil) et l’instant où l’on cause avec notre caddie (idem). On aurait pu s’attendre à des trucs tout bêtes, comme devoir remplir nous même notre fiche d’inscription en mimant le stylo, quelques séquences en voiturette, saluer le public (s’il y en avait un) et tout simplement des mini-jeux tiens ! Non, rien du tout.