Dès l'annonce, un parfum de scandale envahissait l'espace vidéoludique. Accusé de plagiat par une communauté de joueurs et même quelques rares développeurs (dont Hideki Kamiya de Platinum Games), Sony avait fort à faire pour imposer son PlayStation All-Stars Battle Royale. Quelques mois de promotions et un petit retard plus tard, l'accusé débarque dans les bacs sur PlayStation 3 comme sur PS Vita, avec la fameuse offre permettant de chopper gratuitement la version portable en achetant celle sur console de salon (mais pas inversement). Reste à voir si le titre parviendra à faire taire les mauvaises langues.

Le casting ne pose aucune surprise vu la communication faite autour depuis quelques mois. Une vingtaine de personnages au final, ce qui pourra paraître faible pour certains même s'il en ressort une qualité : chacun s'appréhende de manière totalement différente. Que vous jouiez donc avec Parappa, Drake ou Raiden, le feeling se montre donc différent, chacun possédant sa propre palette de coups variés, idem pour la vitesse d'exécution ou leur sensibilité face au combat au corps-à-corps ou à distance. Une ombre reste tout de même à signaler : le casting justement. Lorsqu'on parle d'une « PlayStation All-Stars », on peut légitimement s'attendre à un regroupement qui couvre l'histoire des consoles estampillées Sony. Problème, la marque s'est faite une réputation avant tout grâce aux éditeurs tiers (surtout à ses débuts) et pour d'évidentes raisons financières, on comprend qu'il était impossible de trouver un melting-pot des titres ayant débuté leur légende ou presque sur Playstation première du nom.



Même en passant outre les erreurs de casting (Fat Princess...), on se pose tout de même des questions sur les guests. Pourquoi Raiden et pas Solid Snake ? Pourquoi Dante et pas Chris Redfield ? Pourquoi Bid Daddy, issu d'une licence ayant pourtant fait ses premiers pas... sur PC et Xbox 360 ? Un petit Cloud ou Squall auraient clairement été plus judicieux (mais plus coûteux), ne serait-ce que pour faire vibrer le Japon décidément peu gâté par une telle mise en avant de licences occidentales. Surtout que, même moins connu, Legend of Dragoon reste une licence Sony... Au final, si on y trouve tout de même son compte pour les raisons évoquées plus tôt, il en ressort l'impression que le titre incarne davantage une grosse publicité pour les licences Sony « sur PS3 » (hormis un ou deux cas). La vanne aux DLC est de toute manière déjà ouverte, avec deux cas d'ores et déjà annoncés : Kat et le pilote de Starhawk. Gratuit heureusement, du moins pendant deux semaines (et à venir pour 2013).

Bon, après avoir évoqué tout cela, passons au jeu lui-même. Dans la forme, on aura compris que ça se rapproche grandement d'un Super Smash Bros, inutile de le cacher, avec des combats se jouant jusqu'à quatre avec un gameplay 2D dans de petites arènes, où on se bastonne sans toujours comprendre ce qui se passe à l'écran. Mais ça s'arrête là. Conscient de ne pouvoir décemment reprendre le principe de la saga de Nintendo, les développeurs ont opté pour un système complètement différent, mais à quel risque ? Explications. Si Sakurai et son équipe ont choisi des règles jouant sur l'expulsion des personnages en dehors de l'arène, Superbot Entertainment propose eux de frapper l'adversaire pour remplir une jauge de « Super Coups », sachant que seule cette attaque pourra éliminer le ou les combattants touchés et vous faire engranger des points (avec le rajout d'un compteur contrairement aux versions de présentation lors des salons, même s'il faudra l'activer dans les options).



On ne va pas revenir sur le fait que l'intérêt ne se trouve pas dans le solo mais à plusieurs. Seulement, même à quatre, le jeu a bien du mal à lutter contre le fun de son concurrent direct, la faute justement à ce système qui n'autorise à gagner des points qu'à des moments précis, le reste du temps servant de bourrinage intensif, là où un Smash Bros entretient une montée en puissance où chaque coup augmente un compteur susceptible de vous expulser de la zone à tout moment. L'ajout d'objet n'y change d'ailleurs rien car se cantonnant à quelques armes pas toutes efficaces et ne servant justement qu'à augmenter votre fameuse jauge. Quand bien même certaines joutes peuvent se montrer rudement efficaces entre joueurs un minimum entraînés (mais on va y revenir), un autre point noir se présente rapidement à nous : un déséquilibre important au niveau des personnages.

Prenons par exemple Kratos. Puissant et enchaînant les combos même à distance, le spartiate offre un super-coup de niveau 1 loin d'être faramineux. Même chose pour Drake d'ailleurs, ce qui reste toujours plus sympathique qu'un Parappa avec une portée ultra limitée dans ses attaques comme dans son premier pouvoir. A contrario, des gaillards comme Dante, Raiden ou Cole sont capables d'exceller comme jamais et risquent de devenir les grands chouchous des joutes en ligne (et ce fut d'ailleurs le cas lors de nos différents matchmaking). Bien entendu, chaque personnage peut monter sa jauge d'attaque jusqu'au niveau 3 pour ainsi bénéficier d'un coup dévastateur laissant généralement peu de chances à ceux d'en face mais arriver jusqu'à là prend du temps, vous laissant en attendant à la merci de combattants plus aptes à grappiller des points rapidement. Question de choix.



Si on pourra donc reprocher de nombreuses choses à ce premier essai, deux points ne peuvent en revanche qu'être félicité : les arènes et la partie technique. Le premier s'avère être une indéniable réussite. Certes, tous les stages ne se valent pas forcément mais les licences sont correctement exploitées pour apporter une très grande variété, avec une belle mention pour les passages de LittleBigPlanet (où le décors et les plates-formes sont créés en allant) ou celui de Buzz avec des questions posées en temps réel où chaque plate-forme sert de réponse permettant de ne pas être touché par l'attaque qui frappera ceux qui ne s'y trouvent pas. Juste excellent. On regrettera tout de même une absence remarquée : l'absence inexplicable de clin d'œil à la série Gran Turismo. DLC ? Techniquement, que ce soit sur PS3 ou Vita, le jeu offre du lourd avec des effets dans tous les sens et pas un pet de ralentissement. Bien sûr, l'association de licences reste du goût de chacun et on restera toujours surpris de voir un Metal Gear Ray débarquer dans le stage de LocoRoco.

Au niveau du contenu, PlayStation All-Stars Battle Royale fait dans le minimum syndical. Le mode arcade restera d'ailleurs le centre du solo, avec quelques matchs sur plusieurs règles toujours dans le même ordre : un contre un, un contre deux, un contre trois puis un passage du chrono au compteur de kill (trois points pour la victoire). Le tout se terminera par un affrontement contre le rival attitré, précédé par une rapide cinématique, et enfin le round final contre Polygon-Man, la mascotte US de l'époque. Évidemment, on est à des kilomètres du mode aventure de Super Smash Bros. Brawl et il faudra limite du courage pour terminer ce mode principal avec l'ensemble du casting, surtout que la difficulté ne prête pas au challenge tant le tout reste incroyablement facile dans tous les cas : l'IA esquive certes assez souvent mais cherche rarement à placer ses super-coups, vous laissant un boulevard pour augmenter votre jauge au moins au niveau 2 pour être sûr de prendre de l'avance.



Reste les à-cotés, on les perfectionnistes passeront le plus de temps. Certes, le tout est basé sur de l'entraînement pour maîtriser (ou trouver) son favori mais la partie « Épreuves » reste satisfaisante, découpé en deux douzaines de manches par personnage (comme tuer x adversaires avec uniquement des Super-Coups de niveau 3, le tout sous un chrono). Pas de mode survie en revanche, alors qu'il y avait matière à faire quelque chose. Évoquons également les choses à débloquer et de ce coté, il y aura largement de quoi faire pour espérer le 100 % même si tout n'est pas forcément intéressant, comme la section profil où on choppera tout ce qu'il faut pour « customiser » notre carte servant à être reconnaissable en ligne : fond, icône, avatar, titre de combat... On trouvera davantage de motivation en s'attardant sur notre personnage avec un second costume (le troisième est offert en précommande) et des animations dans l'introduction ou la conclusion d'un match. On aurait évidemment préféré débloquer de nouveaux personnages et stages mais l'ombre du DLC semble encore trop grande. Sachez tout de même que l'intégralité des choses à débloquer se fait on ne peut plus simplement : en gagnant de l'expérience pour chaque personnage (les points sont amassés à la fin de chaque match).

Si le jeu possède évidemment sa liste de trophées, les amateurs trouveront également un gros paquet d'objectifs qui poussera les intéressés à exploiter davantage le jeu. Au total, 246 défis pour le solo, et 186 autres pour le multi, la plupart étant tout de même plus longs que difficiles à atteindre. On terminera par le multijoueurs, cœur du jeu. La version PS3 se montre d'ailleurs plus satisfaisante de ce coté par l'apport du mode quatre joueurs sur le même écran, les parties en local étant davantage prétexte au plaisir que l'affrontement contre des inconnus en ligne. Dans un cas comme dans l'autre, l'intérêt du jeu sera drastiquement rehaussé vu la pauvreté de l'IA en solo et les capacités de joueurs humains changeront les joutes du tout au tout, avec un aspect beaucoup plus stratégique (le score joue sur le ratio) et des retournements de situations même jusqu'à la dernière seconde : faire un triple kill avec un Super de niveau 3 dans les cinq dernières secondes et entendre hurler de rage ses adversaires, ça n'a pas de prix. Dommage que les matchs manquent encore d'options pour le moment, même s'il reste heureusement la possibilité de faire affronter des joueurs PS3 et Vita dans un même match pour garantir une communauté importante.

Conclusion : Malgré toutes les polémiques, PS-All Stars s'en sort finalement assez bien et alors que beaucoup n'y voyaient qu'un sous-Smash Bros à jeter aux ordures, le titre est finalement parvenu à créer sa propre approche pour un gameplay plus posé, peut-être moins fun et davantage porté sur les combos. Suffisant en tout cas pour assurer de bien belles parties en multijoueurs, qui ne feront pas regretter l'achat aux indécis. En revanche, le titre ne peut échapper à la comparaison lorsqu'on évoque le contenu. Avec seulement une vingtaine de personnages (et pas forcément ceux qu'on aurait voulu) et certes un paquet de bonus à débloquer (mais pour peu de choses vraiment intéressantes), ce premier essai ne fait au final que poser des bases qu'on espère voir sublimées dans une éventuelle suite.

Playstation All-Stars Battle Royale : ma plus grosse bonne surprise de cette année. Car je m'attendais à un jeu sympa, mais sans plus, pas à un jeu tellement addictif, qu'à chaque partie finie (surtout avec des potes), on a qu'une envie : en relancer une nouvelle. On va commencer par les points faibles : - mode solo assurant le strict minimum (arcade, tutoriel, défis, entrainement) - graphiquement, la PS3 peut faire bien mieux, bien que ça soit joli, ça reste en déça des blockbusters habituels, sûrement pour que la version Vita et PS3 soient identique et fluides au niveau du cross-play. Points forts : - multi online complètement addictif, que ça soit en Free For All ou en 2 vs 2 (mon mode préféré) - facile à prendre en main (aucune manip compliquée pour les néophystes) mais ... - ... cependant très technique, avec des combos très stylés, et des setups / mixups très proches d'un vrai jeu de baston - les persos se jouent très différemment les uns des autres, assurant une variété dans le gameplay - décors évolutifs et influant grandement sur la stratégie adoptée lors du combat A mes yeux, le jeu à ne pas rater en cette fin d'année, surtout qu'avec la version PS3 est offerte la version Vita grâce au cross-buy. C'est simple, depuis la sortie, une dizaine de potes l'ont essayé chez moi, ils l'ont tous acheté ! J'y retourne !