On l'attendait comme LE jeu de lancement, celui qui allait nous faire sauter la tête la première vers l'achat de la
Nintendo 3DS, sans avoir besoin de penser qu'on allait subir une petite traversée du désert en attendant la seconde vague software de fin d'année. Mais non, il aura fallu patienter trois mois, une véritable éternité pour certains possesseurs de la machine qui se refusent de toucher de près ou de loin à un jeu de baston sur consoles portables, question d'éthique ou de goût.
Mine de rien, ça fait déjà treize ans que
The Legend of Zelda : Ocarina of Time est sorti sur
Nintendo 64, époque qui aurait tendance à nous faire prendre conscience de notre âge, alors qu'au plus profond de notre esprit, c'est un peu comme si c'était hier, au temps où les bleus préféraient lever une coupe plutôt que de faire grève dans un bus. C'est aussi l'époque où le développement de
Duke Nukem Forever en était encore à ses débuts, et où on aurait pu parier nos quelques pauvres sous que jamais on n'aurait à attendre plus d'une décennie pour y toucher. Oui, le temps passe vite, mais le souvenir reste comme on peut le lire à certains endroits. Car comment oublier nos premiers pas dans le village Kokiri, l'immensité de la plaine d'Hyrule, les retrouvailles avec Epona ou encore le level-design des temples qui laissaient imaginer à beaucoup que le jeu était interminable sans une bonne soluce... On connaît la légende, mais beaucoup n'y ont pas encore touché aujourd'hui, et
Nintendo offre à ceux-là la meilleure occasion de se rattraper.
Pour ceux qui ne connaissent donc pas le titre -ou même la série soyons fou- vous incarnez Link, orphelin vivant en compagnie des Kokiri dans une zone « reculée » et surtout en paix du Royaume d'Hyrule. Et bien entendu, comme il n'y a pas que
Animal Crossing dans la vie, la paix est de courte durée et il ne vous faudra que quelques minutes pour comprendre que les ténèbres avancent vers votre monde, et que vous êtes un des seuls capables de les faire reculer d'un bon pas. Encore à notre époque, les jeux de type
Zelda se compte sur les doigts d'une main, et ce malgré une formule diablement efficace, légérement emprunté dans
Darksiders et probablement sa future suite. La progression est avant tout basée sur l'exploration des différents décors que vous foulerez, du village à la plaine en passant par de multiples lieux secondaires, avec au cœur du cheminement un peu moins d'une dizaine de donjons où il faudra progresser de salle en salle en analysant les différents mécanismes qui forment généralement un tout pour accéder à la salle du boss, tous plus réussis les uns que les autres.
Si le titre a autant marqué les esprits, hormis la grosse claque technique qui n'a plus vraiment lieu d'être aujourd'hui, c'est aussi par la variété des décors et des situations. Chaque village est unique, marquant, et nous pousse à tout visiter pour déceler chaque secret, dont une bonne partie est suffisamment bien cachée pour qu'on passe à coté lors de la première partie. La quête de l'épée Bigorron en est le meilleur exemple.
Rarement un jeu n'a été aussi riche, encore à l'heure actuelle, et si on a aujourd'hui l'impression d'évoluer dans un monde un peu étriqué par rapport aux suites, il reste très difficile de s'y ennuyer grâce à un gameplay qui a fait ses preuves et qui n'a absolument pas vieilli. De la course aux items à la résolution d'énigmes en passant par les révolutions d'époque comme le lock ou le saut automatique : rien ne choquera le nouveau venu qui n'aura que rarement l'occasion de remarquer qu'il joue à un titre aussi « vieux ».
En revanche, pour les connaisseurs qui ont déjà retourné le jeu dans tous les sens, l'arrivée d'un remake laissait espérer de grande-chose, ce qui sera loin d'être le cas. Bon, on avoue tout de même que le rehaussement technique fait un bien fou, avec des couleurs bien plus chatoyantes, une modélisation plus poussée et surtout la fin de certains décors 2D qui auraient fait tache sur une machine proposant la 3D relief. En parlant de cette dernière, on signalera que si elle apporte indéniablement de la profondeur aux décors, elle se révèle parfois un peu trop poussée, pouvant rendre la progression un peu usante pour les yeux même pour l'habitué. Toujours dans la partie technique, on remerciera les développeurs d'avoir grandement amélioré le frame-rate, offrant un jeu bien plus fluide qu'à l'époque et donc bien plus agréable. Quelques détails ont également été apportés à la jouabilité pour profiter du tactile, augmentant le nombre de raccourcis pour nos objets, avec même la possibilité de bouger la caméra à la première personne grâce à la gyroscopie. Utile uniquement chez soi quand on a le courage de lever ses bras.
L'autre grand changement à signaler, qui en fera hurler quelques uns, c'est la difficulté revue à la baisse sur de nombreux détails. Entre un temple de l'eau rendu plus facile grâce à de nouveaux repères, des Stalfos qu'on peut maintenant tuer sans avoir besoin de bombe et une Navi plus présente que jamais qui sous-entendra même parfois la marche à suivre, on a réellement l'impression que
Nintendo n'a pas souhaité rendre fou le grand public, plus habitué aux mini-jeux qu'à une longue aventure en territoire hostile. Pour cela même que les pierres Sheikahs serviront maintenant à donner des indices sur la suite de vos opérations. Les amateurs de challenge pourront au moins se lancer dans la Master Quest (après avoir terminé le jeu au moins une fois) ou encore le Boss Mode, même si on en espérait clairement beaucoup plus.
Conclusion : En avance sur son temps, Ocarina of Time a du coup le mérite d'être toujours d'actualité et le rehaussement technique est l'occasion idéal de lui offrir une seconde jeunesse. Mais s'il reste quasiment parfait de bout en bout, on n'en oubliera pas qu'il ne s'agit que d'un remake et qu'il est clairement dommage que Nintendo n'ait pas poussé le trip un peu plus loin avec davantage de nouveautés, comme un lieu inédit avec le donjon qui va avec. On ne boudera pas notre plaisir pour autant, surtout qu'il s'agit à l'heure actuelle du meilleur titre de la machine.