Valve Software est aujourd'hui un développeur reconnu de tous. C'est un fait. De
Half Life à
Team Fortress en passant par
Left 4 Dead, le studio américain sait créer l'attente insoutenable à chaque annonce d'une suite. Pourtant, à l'heure où les fans prient pour un
Half Life 3, c'est finalement la suite de
Portal qu'on accueille pour ce printemps 2011. Pour rappel et aux yeux des joueurs consoles,
Portal reste un titre inclus dans l'
Orange Box, très concept dans son gameplay et tout portait à croire qu'on assistait là à un simple one-shot, de grande qualité certes, mais un one-shot quand même. Surprise donc de replonger dans les laboratoires d'Aperture Science mais à soixante euros la galette, les développeurs avaient tout intérêt à nous offrir une expérience plus consistante que le premier épisode et ses trois heures de durée de vie.
En à peine quelques minutes, un détail sautera aux yeux du quidam qui a torché le premier opus : la mise en avant du scénario. Enfin par scénario, on dira surtout mise en scène. Nous sommes sur un jeu Valve, ne l'oublions pas, donc le trip viendra des dialogues, des situations, le tout sans la moindre cinématique, comme d'habitude. Tout se passe en temps réel, et on aura parfois droit à de petites scènes « d'arrière-plan » sans grand intérêt mais qui font toujours sourire quand on s'y attarde. D'ailleurs, sourire, ça vous arrivera à plus d'une reprise dans cette suite qui se montre bien plus drôle, mais vu que tout passe par les dialogues, on évitera de vous spoiler bêtement. Et pour les pointilleux, rassurez-vous, le doublage français est aussi bon que la VO, chose suffisamment rare encore aujourd'hui pour qu'on soit obligé de le signaler. Bref, un background un peu plus intéressant, peut-être un peu moins stressant que le premier épisode (effet de surprise aussi), mais le gameplay dans tout ça ?
Le principe ne change pas d'un pouce. On dispose toujours d'aussi peu de mouvements et la principale attraction sera une espèce de gun capable de créer (sur certaines surfaces) des portails. Inutile de ré-expliquer le concept, ça n'a pas évolué depuis le premier (de toute manière, ça peut difficilement être le cas) mais on a tout de même droit à quelques nouveautés intéressantes pour rehausser les énigmes. Des sortes de flux d'énergie tout d'abord, où on pourra léviter au cœur de ces derniers, ou encore de la « peinture » changeant radicalement notre manière d'appréhender un niveau : la peinture orange nous permet d'accélérer notre course, la bleu de sauter très haut et la blanche de créer des portails sur des surfaces qui n'y étaient pas destinées au préalable. A vous grâce à vos portails de répartir la peinture aux bons endroits pour atteindre la sortie. En revanche, aucun changement coté ennemi : vos seuls Game Over viendront d'une chute dans le vide ou d'une tourelle bien vicieuse.
Reste que malgré un gameplay identique, on a tout de même une impression de changement, grâce là encore à un background complètement modifié qui nous fait enfin voir l'envers du décors, histoire d'aller plus loin que de simples salles de tests. Il arrivera souvent qu'on soit bloqué non pas à cause d'une énigme un peu trop ardu (le jeu n'est pas vraiment dur dans l'ensemble), mais juste parce qu'on a pas regardé au bon endroit, comme un lointain bout de mur où on pourra enfin placer un second portail. De quoi renouveler l'intérêt même si certains passages traîneront un peu en longueur (l'enchaînement de tests par exemple).
En somme, l'aventure de
Portal 2 se montre donc plus riche que celle du premier épisode, mais également plus longue, ce qui n'est pas un mal. On passe donc à 7-8 heures de durée de vie selon vos capacités à résoudre les énigmes. C'est déjà bien, supérieur à certains jeux en terme de solo, mais l'ennui dans ce genre de titre, c'est sans conteste le manque de replay-value. En effet, à l'instar d'un point&clic ou d'un
Layton pour ne citer que lui, il n'y pas grand intérêt à revenir sur des passages dont on connaît déjà la solution, hormis pour débloquer quelques succès/trophées par-ci par-là. Une bonne nouvelle donc que
Valve Software s'est permis d'implémenter un mode coopératif juste excellent (à condition d'y jouer avec un pote, histoire de coordonner nos actions), qui plus est différent du mode solo et justement complémentaire à ce dernier niveau scénario.
Dernier détail et pas des moindre, si les versions Xbox 360 et PlayStation 3 sont du même acabit, on conseillera si vous avez le choix de prendre celle sur la console de Sony, afin de bénéficier d'un aliasing moins prononcé et surtout du code pour acquérir gratuitement la version PC.
Conclusion : Passant de simple concept à une aventure bien plus ambitieuse mais pas sans défaut, Portal 2 a tout de même réussi à nous happer, grâce à un univers qui cherche pourtant à garder bien des mystères, et un humour détonnant aidé par un doublage français clairement supérieur à la moyenne. A conseiller clairement, autant en solo qu'en coopération.