D'un coté, la souris la plus connu de la planète qui ne nous a pas offert de bons jeux depuis bien longtemps. De l'autre, Warren Spector, l'homme à qui on doit Deus Ex, l'un des meilleurs jeux qui soit. L'alchimie, bien qu'audacieuse, avait tout pour nous offrir un hit en puissance mais quelques défauts viennent ternir cette belle peinture.
Dès son annonce,
Epic Mickey a su attirer le regard avide du joueur curieux grâce à de sublimes artworks bien sombres que n'aurait pas renié Tim Burton. Le jeu entre nos mains, on ne peut pas dire que le coté dark soit aussi présent in-game mais on est tout de même loin des productions Disney disons classiques. Bref, vous l'aurez compris, on incarne la souris qui va rapidement se faire rattraper par de malheureux actes du passé. En effet, il y a bien longtemps, Mickey s'était amusé à infiltrer le laboratoire du magicien Yen Sid, en plein travail sur une espèce de maquette de Disneyland. A peine ce dernier eu le dos tourné que notre héros se précipite pour jouer avec la maquette, jusqu'à renverser un pot complet de dissolvant dessus. Des années après, la souris est donc « happé » dans cet univers miniature, complètement détruit par le dissolvant et ce sera à vous de réparer vos bêtises.
Dès les premiers pas, on remarque que les développeurs de
Junction Point ont fait du bon boulot coté graphismes. Le jeu est techniquement au poil avec des couleurs chatoyantes qui font d'ailleurs contraste avec l'ambiance générale, assez mélancolique, et on donne une belle mention spéciale à l'animation de l'ensemble des personnages et plus particulièrement celle du héros, travaillée de bout en bout. En revanche, coté cinématique, on passe du très bon (comme on peut le voir dans la scène d'introduction) au discutable avec ces scènes crayonnés aux dessins plus ou moins fixes. Discutable, car si elles sont jolies et offrent également quelques moments d'humour, l'esthétisme ne plaira peut-être pas à tout le monde. On signalera également l'absence de doublage, la plupart des personnages s'exprimant via quelques « sons » à la manière d'un
Zelda.
Le jeu se présente donc comme un jeu de plate-forme/aventure. Contrairement à ce qu'on pouvait penser au début, le tout se montre assez linéaire dans la progression. On suit un chemin avant de rencontrer une grande salle où il faudra généralement chercher et activer le bon mécanisme pour ouvrir la porte et passer à la suite. Arrivé au bout de notre route, on trouve une peinture servant de téléporteur (façon
Mario 64 et bien d‘autres), qui nous transportera dans un petit niveau au gameplay 2D reprenant parfois quelques grands moments de l'histoire de Mickey, comme le dessin animé
Steamboat Willie. Après environ une heure de jeu, et un boss, on arrive sur à Mean Street, sorte de hub central de l'aventure où on croisera les personnages oubliés de la licence, la plupart dans leurs formes noir et blanc. Des personnages qui tentent malgré tout de continuer leurs vies dans un monde fictif. Plutôt triste.
Mais voilà, ce qui fait de
Epic Mickey autre chose qu'un simple jeu de plate-forme basique, c'est tout d'abord son gameplay. Si de base, la souris peut exécuter la plupart des actions d'un autre jeu du genre (double-saut, attaque tournoyante, etc.), l'originalité vient du pinceau magique qui peut balancer soit du dissolvant, soit de la peinture. Contre les ennemis, ça revient donc soit à les détruire dans le premier cas, soit en faire un ami qui combattra alors à vos cotés. Le plus intéressant reste la possibilité de modeler une partie du décor à notre guise. En bref, on peut détruire certains endroits ou en créer de nouveaux. Evidemment, on ne peut pas faire ce qu'on veut là où on veut et les parties pouvant être modelées ou détruites sont généralement mises en surbrillance. La formule fonctionne tout de même, et permet quelques énigmes comme des tuyaux à réparer avec la peinture, des pans de murs à effacer pour accéder à une manivelle, etc.
L'autre détail qui fait la force du jeu vient de l'abondance de quêtes secondaires. C'est généralement assez rare dans un tel titre mais ici, Warren Spector s'en est donné à cœur joie pour dissimuler des tas d'objets dans les niveaux (des broches). Pour résumer, la plupart des grandes salles vous demanderont d'actionner un ou plusieurs mécanismes pour accéder à la sortie. Mais vous pourrez très bien fouiller les alentours pour réparer d'autres petites choses et rendre service à la populace, des actions qui vous conduiront aux fameuses broches, et permettront de booster également la durée de vie qui n'est que d'une quinzaine d'heures en ligne droite. Bon, toutes les quêtes ne sont pas forcément intéressantes mais elles permettent de se familiariser davantage avec les décors et admirer le boulot des développeurs. On notera que Spector n'a pas oublié le principe des choix, cher à
Deus Ex, et vous aurez donc parfois quelques dilemmes, comme le premier (suffisamment évocateur) qui vous demandera de sauver un ami gremlin, ou le laisser se faire propulser à l'autre bout du monde et récupérer une liasse d'argent.
Ce système de choix aura évidemment des répercussions sur le reste de l'aventure, avec des quêtes secondaires en plus ou en moins, de l'aide dans les niveaux de la part des gremlins et surtout l'accession à une des quatre fins. Bref, tout semble bien joli et on en viendrait à s'étonner du simple 7 comme note finale. L'explication est simple, de gros défauts gâchent un peu l'expérience, avec tout d'abord une caméra incroyablement énervante qui se placent souvent au mauvais endroit (embêtant pour un jeu de plate-forme) et qu'on ne peut pas toujours recadrer comme le souhaiterait. L'absence d'une carte à l'écran est également fâcheux vu le level-design, et on a tendance à se perdre un peu parfois. Mais s'il n'y avait que ça… Warren Spector a beau avoir eu de bonnes idées, il peine à renouveler le tout et on s'aperçoit après quelques heures de jeu qu'on fait encore et toujours la même chose, au point de nous lasser méchamment. Autant dire que peu de joueurs auront le courage de faire le jeu quatre fois pour voir toutes les fins…
Un background réussi, des graphismes enchanteurs et un gameplay plein de bonnes idées. Voilà comment on pouvait résumer Epic Mickey et on aurait bien aimé qu'on s'en tienne à ça, car avec aussi peu de renouvellement au fil de l'aventure et une caméra abominable, on n'obtient finalement qu'un bon jeu, sans plus, ce qui reste certes toujours ça de pris. Gageons que le prochain titre du studio saura corriger ces quelques erreurs.