Voici l'histoire d'un FPS multi vendu comme un jeu grand public. Le résultat ? Un bel échec cuisant.
À la tête du projet, on retrouve
Splash Damage. Les adeptes de FPS en ligne reconnaîtront le studio à l'origine de l'excellente série
Ennemy Territory, et qui a notamment sévi sur
Wolfenstein ou
Quake. Les développeurs ont ainsi rapidement acquis une réputation solide au sein du monde vidéo ludique sur PC et c'est somme toute logique qu'on les retrouve quelques années plus tard derrière
Brink. Qu'on se le dise, il ne s'agit pas (mais alors pas du tout) d'un FPS solo. C'est d'ailleurs là son plus grand défaut. Non pas que l'on aurait aimé qu'il y en ait un (en fait si), mais c'est surtout le fait que l'on nous en a promis un depuis longue date, et que les publicités autour du jeu le mettent justement en avant : c'est dire à quel point la tromperie est terrible. Alors évidemment, il est aujourd'hui difficile de critiquer l'absence d'un vrai mode solo dans les FPS étant donné que l'on y joue avant tout en multi, mais l'effort est au moins fait pour donner de la consistance à ce dernier. On a ainsi pu voir dans les
Call of Duty ou les
Battlefield que la campagne solo donnait lieux à des affrontements très hollywoodiens ce qui n'est pas le cas dans
Brink.
On a beau retourner la boite dans tous les sens, on a vraiment du mal à trouver la source du pompeux tapage marketing autour du « gros FPS de
Splash Damage ». Passé la déception, on découvre donc ce qui se cache derrière la coquille vide : sans doute l'un des meilleurs FPS multi de l'année. Pour clôturer le débat sur l'histoire, sachez que vous serez invité à déjouer des complots terroristes dans ce qui peut s'appeler un gros tutoriel. Aidé de bots bêtes comme leurs pieds, vous pourrez tenter d'y jouer quelques minutes, mais pas plus, sous peine de décrocher très rapidement et de revendre le titre par la suite.
Le multi, lui, est axé sans surprise sur la coopération au sein d'une même équipe. Grâce à l'aide de différentes classes, vous devrez accomplir divers objectifs. Voyez plutôt : le médecin à un rôle classique de soigneur, mais demande toutefois d'être un joueur chevronné et rapide afin d'anticiper les besoins de votre team. Autre classe, autres besoins, l'ingénieur est tout aussi précieux puisque ce dernier pourra créer et améliorer votre équipement. Tout
Brink fonctionne sur cet aspect complémentaire des classes pour arriver au bout d'un objectif bien précis. Si vous avez le malheur de ne pas avoir de skill, vous passerez un terrible moment. Quelle que soit la situation, le jeu n'offre aucune alternative, il faut coopérer et ne pas jouer l'enfant terrible dans une équipe. Les maps ne sont pas nombreuses, mais le level design est très réussi puisque s'articulant autour du « Parkour » que vous pourrez entreprendre.
Car au-delà d'un multi musclé aux hormones qui mettront vos nerfs et vos talents à rude épreuve,
Brink offre son lot de nouveautés en matière de gameplay. Pour cela,
Splash Damage a ajouté à son nouveau bébé le système SMART. Attendu de longue date, il s'agit ni plus ni moins de ce que l'on a déjà pu voir dans
Mirror's Edge. Alors évidemment dans le jeu d'aventure à la première personne de
DICE, il n'était pas vraiment question de combattre d'autres personnes (on préfère oublier ces passages-là), mais le « parkour » reste lui. Il fait partie intégrante du gameplay de
Brink. Autrement dit, vous êtes quasiment libre de tous vos mouvements et vous ne pouvez pas sauter de vous-même. Si vous préférez, lorsque vous avancez vers une paroi ou un mur, selon votre vitesse le personnage que vous incarnez s'occupera de vous faire virevolter dans tous les sens en franchissant un vide ou bien en rejoignant une plateforme en hauteur. Une fois que l'on a bien saisi le concept, le titre devient un jeu d'enfant qui n'a de complexité que votre aptitude à gérer cette nouveauté à la coopération d'une partie en ligne. Notez que pour plus de fun, il est également possible de faire tomber vos adversaires en leur glissant dessus : effet garanti ! Et les développeurs cherchent aussi à rendre le challenge plus réaliste puisque selon l'endroit où vous frapperez, cela fera plus ou moins mal à votre ennemi. Touchez à la tête et vous décrocherez une partie de sa cervelle, allez-y sans trop de volonté à la crosse, et vous ne l'assommerez pas d'un poil.
L'autre point plutôt bienvenu, c'est la personnalisation qui est au départ cachée sous forme d'amélioration que l'on peut débloquer avec l'expérience gagnée en jeu. Lorsque vous créez votre héros, il est important de lui forger une bonne tête et les situations sont multiples et parfois loufoques. On passera bien entendu sur les DLC payants apportant du custom issu des jeux Bethesda, mais force est de constater qu'une fois à un bon niveau, aucun avatar ou presque ne se ressemble. Surtout qu'ils baignent tous dans une ambiance graphique à la fois réaliste et peu sérieuse, accentuant les traits des différentes personnalités proposées. Évidemment, sur consoles, il est utile de préciser que le moteur graphique n'est pas du tout optimisé, s'en suit donc des ralentissements, du clipping et un aliasing ravageant les yeux, mais sur PC, le résultat est là. Non pas que l'on félicitera les petits gars de
Splash Damages car face à
Crysis 2,
Brink est loin de faire la comparaison, mais on sent une patte efficace sur l'environnement.
Conclusion : Brink est sans aucun doute l'un des meilleurs jeux multi de sa catégorie, même si pourri, en l'ayant cherché de surcroît, par une campagne solo inexistante, alternant entre inutilité et ennui. Splash Damage excelle dans tous les cas dans ce qu'il fait de mieux : un FPS coopératif où prime skill et gestion d'une équipe de différentes classes.