Après nous avoir plongé dans la peau d'un des chauves les plus classes du monde avec la série
Hitman, les développeurs d'
IO Interactive se sont lancés dans le background gangster avec
Kane & Lynch, un titre aux trailers alléchant mais qui s'avéra une amère déception, la faute à des graphismes très limites, une linéarité affolante, une mollesse générale et une durée de vie en dessous de la moyenne. Seuls les personnages plutôt charismatiques et le multijoueurs, bien que rapidement déserté, arrivèrent à sauver le jeu de la noyade, de quoi donner envie au studio de se rattraper avec une suite mieux construite et corrigeant les défauts de son ainé. De moins en théorie car manette en main,
« c'est pas la joie » comme dirait l'autre.
Première surprise assez marquante pour ce nouvel opus : Kane n'est plus le véritable personnage principal puisqu'on assiste à une belle mise en avant de Lynch. C'est avec lui qu'on joue pour résumer la siatuation. Notre dégarni à tendance schizophrène s'est racheté une conduite et vit des jours plus ou moins heureux avec sa compagne. Seulement, l'appât du gain étant ce qu'il est, notre gaillard ne tarde pas à rappeler son ancien collègue d'armes pour tenter un nouveau gros contrat, qui ne va évidemment pas se passer comme prévu. Inutile de dire que le scénario se montre sans surprise, et peut-être même moins efficace que le premier qui utilisait délibérément un coté petit film d'action alors qu'ici, c'est disons un peu mou. Le problème vient également du fait que malgré un doublage français toujours aussi bon (mais évidemment caricaturale), Kane et Lynch se montrent moins attachants que par le passé, trop « doux » toutes proportions gardées par rapport aux fous furieux du premier épisode. Dommage, car il s'agissait du point fort de ce dernier.
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Pour peu qu'on se soit intéressé à ce nouveau projet, difficile de passer à coté de la plus grosse originalité de cette deuxième aventure : l'esthétisme. Probablement pour éviter de perdre son temps sur un trop plein de détail ou de textures réalistes, les développeurs nous ont pondu une caméra façon vidéo youtube mal compressée. En résulte des effets crades, saturés, avec même des mosaïques sur le visage des ennemis s'étant pris une balle entre les deux yeux… Et ça marche ! Le titre a beau ne pas être une perle technique, où on ira même jusqu'à dire qu'il est moche face à la concurrence, le fait d'avoir cette caméra qui tremblote à chaque course et qui floute lors de gros effets de lumière rend finalement le tout attachant, même si on ne cache pas que ce sera loin de plaire à tout le monde, particulièrement à ceux qui ont la nausée facile. En revanche, personne ne passera à coté de la modélisation des héros avec des cheveux style carton et l'absence de synchronisation labiale lors des séances de dialogues in-game, nous ramenant quelques années en arrière, dans les pires moments de la Playstation 2…
Reste le gameplay qui là encore ne parvient pas à se placer parmi les meilleurs du genre. Classique jusqu'à la moelle, le titre nous demandera d'enchaîner des niveaux linéaires en buttant tout ce qui bouge jusqu'au grand final. Peu de scènes originales, absence de détails pourtant quasi-obligatoires (impossible de prendre un civil en otage, aucune action en coopération…), reste heureusement la nervosité lors des échanges de tirs qui sauvent un peu les meubles sans pour autant offrir de grosses montées d'adrénalines. On notera d'ailleurs un manque flagrant de précision rendant frustrant le mode difficile où les ennemis n'auront pourtant aucun mal à vous sniper avec une mitrailleuse, même planqué derrière un mur (!). Alors évidemment, en coopération en ligne comme en splitté, le tout passe un peu mieux mais face à des titres comme
Gears of War ou même le dernier
Army of Two, difficile de parler du bébé d'
IO Interactive comme d'un indispensable surtout que, histoire de bien enfoncer le couteau, les crédits de fin n'arriveront qu'au bout de cinq heures environ, cinématiques comprises.
Un mot sur le multijoueurs pour terminer où on ne pourra pas rajouter grand-chose de plus que lors de la preview. A coté du classique deathmatch qui ne servira pas à grand-chose, on retrouve donc les trois fameux modes tournant autour du combo gain/traitre. En
Fragile Alliance, on coopère à plusieurs pour faire passer de l'argent d'un point A à un point B (le camion pour fuir), en évitant de se faire tuer en route par les forces de l'ordre et les éventuelles traitres qui auraient décidé de se faire une meilleure part en limitant le nombre de survivants. Si vous mourrez, point d'argent mais la possibilité de vous venger en incarnant un des flics sur place. Le second mode propose exactement la même chose sauf qu'un des braqueurs est en fait un flic infiltré, augmentant alors votre psychose lorsqu'il y a quelqu'un dans votre dos (sauf si évidemment le traitre, c'est vous). Enfin, le plus intéressant finalement vu l'IA désastreuse reste celui où braqueurs et policiers seront tous des joueurs. Peu accrocheur mais à essayer, si possible rapidement pour profiter de la communauté qui ne restera peut-être pas indéfiniment.
Si la version Preview nous avait donné un bon à-priori sur ce second Kane & Lynch, la version finale s'avère être une déception de taille. L'esthétisme, le coop et la nervosité de certains échanges sauvent un peu la mise mais difficile de payer plein pot un titre au déroulement aussi peu varié et à la durée de vie inférieur à six heures. Plus qu'à attendre les prochaines soldes.