Après s'être vendu à environ un million d'exemplaires au Japon, le troisième épisode de la saga Monster Hunter (sur consoles de salon) franchi enfin nos frontières. A voir maintenant si le titre est susceptible de conquérir le cœur des européens.
Apparu sur PlayStation 2, la série
Monster Hunter n'a jamais su briller de notre coté du continent. Dénué de mode online (contrairement à la version japonaise) puis proposant uniquement du local sur PSP, propice à de sympathiques réunions avec trois potes mais néanmoins loin d'être à la mode chez nous, la licence n'avait pas vraiment de quoi s'imposer face à l'avalanche de blockbusters. Pourtant, au Japon, le succès est au rendez-vous avec l'épisode
2nd G qui s'est placé comme la meilleure vente PSP depuis sa sortie (environ quatre millions en comptant les différentes éditions !). Mais le plus surprenant reste finalement l'arrivée de ce troisième épisode sur consoles de salon, sur une machine où on ne l'attendait pas vraiment. En effet, habitué aux consoles de Sony excepté un opus façon MMORPG sur PC, qui arrivera d'ailleurs pour cette année sur Xbox 360, quelle ne fut pas la stupeur de chacun quand
Monster Hunter 3 fut annoncé en exclusivité sur Wii là où la PlayStation 3 était évidemment pressentie pour accueillir ce nouveau bébé de
Capcom. A tord ou à raison, voici notre verdict.
Inutile de tourner autour du pot, l'arrivée de
Monter Hunter troisième du nom sur Wii ne vient aucunement d'une envie soudaine pour
Capcom de vouloir offrir du blockbuster de taille à la machine de
Nintendo. Déjà loin d'être la reine du service online, la bête ne possède pas forcément le pad le plus adéquat pour ce genre de jeu et, à ce propos, on privilégiera de loin le Classic Controller Pro, ne serait-ce que pour la gestion de la caméra même si là encore, un défaut se fait rapidement ressentir : l'obligation de garder la Wiimote à porté de main pour naviguer dans certains menus. Sinon la jouabilité reste dans la veine des autres épisodes avec une certaine lourdeur qui demandera de longues heures de maîtrise mais on dénotera quelques petites améliorations, à défaut d'un système de lock (automatique ou non) qui vous obligera à bien vous placer pour éviter de mouliner bêtement dans le vide. Bon, ça c'était pour les explications de base, on peut maintenant créer son avatar (cheveux, couleurs de yeux, forme du visage… classique quoi) et partir à la chasse.
Ce troisième épisode nous conduit dans le village de Moga, où vous devrez une fois encore vous faire un nom en prouvant votre courage et votre bravoure. C'est d'ailleurs à peu près tout ce que vous devrez retenir du scénario puisqu'une fois encore dans la série, cet épisode brille par sa simplicité, que ce soit dans la mise en scène ou dans les dialogues, non doublés en passant. On ne demande certes pas le grand jeu mais un minimum d'effort serait appréciable. Peut être pour la prochaine fois… Moga donc, c'est un peu le coin central de cette nouvelle aventure où vous pourrez à chaque retour de mission vous reposer, acheter un peu d'équipement ou des objets, vous lancer dans la culture de plantes ou l'élevage de bestioles, ou encore faire un peu d'entraînement via un territoire dédié où vous affronterez la plupart des créatures déjà rencontrés en cours de jeu. Mine de rien, on passera de nombreuses heures dans ce village pour y perfectionner notre équipement, une chose essentielle avant chaque voyage vu que, rappelons le pour ceux qui ne seraient pas encore au courant : il n'y aucune forme d'expérience dans le jeu, oubliez donc le level-up classique.
Car oui, pour devenir plus balèze dans
Monster Hunter 3, comme dans chaque épisode, il faudra apprendre à farmer comme un fou pour obtenir des matières premières et des carcasses à échanger ou autres afin d'obtenir des morceaux d'armures vous donnant alors un peu plus de classe qu'en début de partie. Idem pour les armes où on rendra visite au forgeron pour en créer ou améliorer celle qu'on a déjà en stock. On notera d'ailleurs non sans surprise que certaines classes d'armes sont inexplicablement passées à la trappe, comme les Arcs, même si les développeurs nous offrent en contrepartie les Morphohaches inédites. Ça sent un peu le DLC à venir ou la suite facile dans quelques temps mais pour l'heure, il y a de toute manière largement de quoi faire avec le contenu, à condition évidemment d'aimer ce genre de jeu où vous pourrez passer des heures à composer une armure ultime, avant de s'apercevoir qu'il y a encore (et toujours) bien mieux.
Pour englober cette chasse à l'équipement parfait, le titre propose un beau panel de missions de la promenade de santé à celle qui nous fera pleurer des larmes de sang. Dans l'ensemble, on trouvera la collecte d'objet, les créatures à butter sans remord et enfin celles qu'il faudra capturer, loin d'être les plus faciles puisque demandant d'étudier leur comportement, de les combattre afin de les affaiblir pour enfin tenter par tous les moyens de les faire tomber dans un de vos pièges. De temps à autre, un boss fait son apparition, le genre qui ferait passer le dragon de
Phantasy Star Online pour un Slim/Gluant affaibli. Souvent énorme, toujours puissant et au pattern pas toujours facile à analyser, ces derniers vous feront suer comme il faut, au point de regretter rapidement de ne pas avoir de compagnon de route. Bonne nouvelle, la mascotte de la série accompagnera les joueurs solo en leur garantissant quelques aides bienvenues comme des soins de temps à autre ou de la détection de pièges. Ça ne remplace pas une bande de potes mais c'est toujours ça de pris vu que le mode deux joueurs en écran splitté ne peut être pratiqué que dans des arènes…
Niveau graphisme, on évitera la polémique habituelle du « ça aurait été plus beau en HD », le titre se montrant de toute manière superbe même si on dénotera un peu de scintillement et certains passages un peu vides en détails. Pour le reste, rien à reprocher avec des environnements tous plus beaux les uns que les autres (particulièrement le milieu aquatique) et une modélisation de bonne qualité. La mention spéciale revient sans conteste à l'animation des boss tout simplement hallucinante, une marque de fabrique. Coté bande-son, si on excepte l'absence de doublage évoqué plus haut, les développeurs ont fait du bon boulot avec des musiques et des bruitages qui savent mettre dans l'ambiance.
Si le principe vous séduit, sachez que s'amuser à tout fouiner et cette chasse à l'équipement pourra vous prendre quelques centaines d'heures de jeu non-stop, sans parler de la possibilité bien mise en avant de jouer jusqu'à quatre joueurs en ligne. Bon à ce propos, on vous conseillera de jouer entre potes ou organiser des parties via des forums pour éviter la cruelle déception : entre l'architecture clairement mal foutue pour la recherche automatique et l'absence de langue dédiée pour les serveurs, on a de quoi l'avoir au travers de la gorge, surtout face à la concurrence. Certes, c'est du 100% gratuit mais bon… D'ailleurs, toujours dans cet optique de se débrouiller autrement qu'avec les services offert, on vous conseillera d'utiliser un clavier USB pour prévoir vos stratégies plutôt que la Wii Speak où l'on aura le temps de se faire tuer trois fois avant de réussir à se faire comprendre. Si vous n'avez pas de clavier, il reste les phrases pré-enregistrées ou les petits smileys mignonnets mais qui nous ramène une paire d'années en arrière.
Une chose est sûre, Monster Hunter 3 ne révolutionnera pas la série et même s'il débarque en territoire inconnu (la Wii en l'occurrence), il reste surtout destiné aux fans de la saga qui retrouveront rapidement leur marque et qui auront de quoi s'amuser jusqu'à la fin de l'année s'il le faut en solo ou avec des amis en ligne. Pour les autres, il faudra prendre sur soi pour supporter un gameplay et un online d'un autre âge, deux points qui risquent d'en rebuter plus d'un. Pas facile en somme de devenir un chasseur émérite.