Killer 7, certainement le projet le plus emblématique de Capcom nous arrive enfin après des mois et des mois de retard. Fascinant et mystérieux, violent et parfois dérangeant, le titre de Shinji Mikami nous propose de vivre une expérience unique.
Vous êtes Harman Smith, dont les 7 personnalités forment
Killer 7, et devez mettre fin aux agissements d’une unité terroriste dénommée Sourire Céleste, constituée de créatures maléfiques qui ont une fâcheuse tendance à exploser dans des lieux importants, en riant de manière hystérique. Aux commandes des différents membres de
Killer 7, vous allez devoir éliminer les cibles demandées, résoudre diverses énigmes, et ainsi empêcher l’éclat d’un conflit entre les USA et le Japon. Entre classicisme, schizophrénie aiguë et bizarrerie vidéoludique,
Killer 7 va prendre un malin plaisir à mettre vos nerfs à rude épreuve. Explications.
Un gameplay néo rétro ?
Le premier contact est on ne peut plus étrange. Les développeurs de
Capcom bouleversent les bases du
gameplay 3D en instaurant un déplacement tout à fait différent. Aux commandes du nettoyeur Garcian Smith, vous arpenterez les premiers couloirs du jeu en pressant une simple touche, et non plus un vulgaire stick analogique, pour avancer sur un chemin prédéfini. Dès qu’un ennemi apparaît, vous passez en vue subjective, vous êtes alors immobile, vous scannez la pièce et l’ennemi apparaîtra alors, à vous de le descendre avant qu’il n’enclenche son dispositif d’explosion à proximité. Impossible de se perdre donc dans un dédale de couloirs, la route est toute tracée et vous n’aurez qu’à choisir votre trajet dans les intersections. Repoussant de prime abord, ce système permet néanmoins au jeu d’afficher des angles de caméra parfois exceptionnels et se révèle au final tout aussi complet qu’un
gameplay 3D traditionnel. Vous pouvez courir, vous retourner, mettre la caméra face à vous ou bien derrière vous, recharger en un clin d’œil, bref toute la panoplie de mouvements habituelle est là. Un court didacticiel vous permettra néanmoins de vous familiariser avec ces commandes de déplacement typiques. Toutefois, en vus subjective, le jeu tend à se rapprocher d’un
Metroid Prime, puisqu’il vous faudra avant tout scanner l’ennemi pour découvrir son point faible et ensuite ouvrir le feu.
Au bout de quelques minutes, on parvient tant bien que mal à dompter ce
gameplay atypique et l’on déambule dans les couloirs, en redoutant ce rire maléfique synonyme d’ennemi dans la pièce. Les premières énigmes sont relativement simples et ne vous demanderont pas un effort surhumain pour en venir à bout tandis que les suivantes, dans la plus pure tradition
Capcom, vous demanderont plus de temps mais ne vous poseront jamais de gros ennuis toutefois. Vous découvrirez rapidement une partie de la galerie de personnages qui s’offre à vous et pourrez en changer à tout moment dans le jeu, chacun disposant de capacités spéciales, il sera indispensable de changer fréquemment de personnalité. Ainsi, la suicidaire Kaede pourra s’ouvrir les veines pour faire exploser un mur vous barrant le passage (quand je vous le dis que
Killer 7 est unique), Coyote Smith pourra quant à lui crocheter les serrures vous bloquant le passage ou encore sauter à des hauteurs vertigineuses et le coloré Mask de Smith pourra exploser des murs d’un coup de tête ravageur ou bien à l’aide de son lance-grenade dévastateur. Les ennemis tués feront augmenter votre réserve de sang, réserve qui pourra être stockée dans un container spécial pour ensuite upgrader les aptitudes de vos personnages ou encore être utilisée afin de guérir votre Smith sur le champ de bataille.
Des Smith en veux tu, en voilà
La palette de personnages proposée est relativement large (7 personnages au total) et outre des capacités propres à chacun, ils disposent également tous d’un charisme indéniable. Ainsi, certains préféreront l’inquiétant Con Smith et son aptitude à manier ses 2 flingues et courir aussi vite que le vent, d’autres jetteront leur dévolu sur Coyote Smith et la classe naturelle qui l’habite, ou encore sur le sinistre Kevin Smith et sa particularité à lécher sournoisement ses couteaux et devenir invisible pour un court instant. Bref, la variété des personnages fait que chaque joueur y trouvera forcément son compte, même si comme cité précédemment, il sera indispensable de
switcher fréquemment entre les différents protagonistes pour tuer divers ennemis ou résoudre des énigmes propres à chacun. Libre à vous ensuite d’upgrader tel ou tel personnage, chacun développant par la suite des aptitudes personnelles comme le
Charge Shot ou la Contre Attaque. Le personnage d’Harman Smith mériterait sûrement la palme du charisme, mais je vous laisse le découvrir par vos soins.
Les points de sauvegarde se trouvent dans les Harman’s Room parsemées un peu partout le long du jeu, dans lesquelles vous pourrez sauvegarder, stocker votre sang et sélectionner Garcian Smith. Si l’un de vos personnages venait à mourir dans le jeu, vous recommencerez alors l’aventure de l’une des salles de sauvegarde, il vous faudra donc opter pour le nettoyeur Garcian Smith et retourner à l’endroit où votre personnage est tombé de manière à pouvoir le ressusciter. Ne croyez pas que mourir est impossible dans
Killer 7, en effet, s’il est possible de ressusciter n’importe lequel des personnages principaux que vous incarnerez, la mort de Garcian sera systématiquement synonyme de GameOver.
Killer 7 est donc un jeu résolument étrange, qui coupe littéralement avec les repères habituels instaurés par les productions vidéoludiques de ces dernières années, aussi bien dans le déroulement que dans la technique employée.
Killer 7, un jeu déjà culte ?
Visuellement, le jeu affiche un cel-shading accrocheur et diablement immersif. Même si la première mission manque un peu de punch et de dynamisme, les missions suivantes sont entrecoupées de
cut-scenes extrêmement bien mises en scène, violentes et sinistres pour la plupart. Le jeu mélange habilement les cultures japonaises et américaines pour proposer un rendu assez unique dans son genre. Les niveaux sont parfois un peu vides de contenu, mais cela reste un parti pris voulu de la part des développeurs même si certains souffrent d’un léger aliasing disgracieux et les explosions ont parfois une fâcheuse tendance à pixelliser. On évolue tantôt en intérieur, tantôt en extérieur et l’on ressent toujours cette même oppression, on attend fébrilement le rire d’un démon pour passer en vue subjective et dénicher le monstre en question. La personnalité qui se dégage du soft est énorme et l’ambiance est juste phénoménale, d’autant plus que le jeu allie un système de caméra ultra immersif à une jouabilité simple et efficace. On regrettera peut être un plan relativement difficile à lire, dans lequel on a parfois du mal à se localiser. Les personnages ont pour la plupart une classe folle, mais le jeu ne se prend pas vraiment au sérieux pour autant, en témoignent les deux boss que vous devrez affronter lors de la seconde mission, un grand moment de jeu vidéo indéniablement.
La mise en scène est impeccable avec une musique d’ambiance excellente, des voix ultra crédibles et des scènes qui font irrémédiablement penser à des films comme Kill Bill ou Pulp Fiction. L’inspiration cinématographique est indéniable et comme dans
Metal Gear Solid 3 : Snake Eater, on se prend fréquemment à admirer les différentes
cut-scenes comme un véritable film (ou plutôt un dessin animé dans ce cas précis, l’anime étant employé dans diverses scènes). Les différents personnages, aussi étranges les uns que les autres, que vous croiserez dans l’aventure comme Travis ou le jeune ado vous prodigueront de précieux conseils. On regrettera toutefois la relative répétition de certaines phrases notamment lorsque vous assènerez un coup critique, Coyote nous gratifiant inlassablement d’un rageur
«You’re fucked ». Les temps de chargements sont dans l’ensemble relativement courts et la progression devient de plus en plus rapide et intuitive au fur et à mesure de la progression dans le jeu. Le jeu propose deux niveaux de difficulté, le mode facile vous notant sur la map la totalité des objets clés et vous permettant de locker automatiquement les points faibles des ennemis, facilitant ainsi les coups critiques. La durée de vie du soft est honorable, comptez une bonne quinzaine d’heures de jeu, d’autant plus qu’une fois terminé, le jeu vous offre quelques bonus intéressants.