Suite de l’adaptation très controversée du hit PC, Call of Duty 2 : The Big Red One a pour mission de nous faire revivre les grands moments de la seconde guerre mondiale. Encore ? Me direz-vous. Affirmatif !
L’inexorabilité dans les choix de l’univers d’un FPS semble telle que lorsqu’un éditeur annonce la sortie d’un nouveau jeu du genre, dans 80% des cas, nous pouvons être sûrs que le théâtre des opérations prendra part, soit dans un futur techno futuriste, avec aliens et tout ce qui s’en suit, soit, et ce sera ce qui nous intéressera dans ce test, dans la sombre guerre qui a œuvré dans les années 39-45. Exploité dans le premier FPS de l’histoire,
Wolfenstein, le contexte de la seconde guerre mondiale a atteint son apogée avec le troisième opus de la série des
Medal of Honor et il ne fallut que peu de temps avant d’atteindre une certaine monotonie, manque de nouveautés oblige.
Activision, profitant de la faiblesse de ce marché, tenta bien d’adapter la nouvelle référence qui avait sévi sur PC, aka
Call of Duty, mais se ramassa lamentablement en donnant le projet à une équipe de développement différente de l’originale. Un an plus tard, sa suite recevra-t-elle le même courroux ?
C’était pas ma guerre
Excepté pour
Brothers in Arms, qui proposait un scénario construit, la plupart des jeux de guerre prennent leur synopsis pour prétexte à de nombreuses escapades garnies de massacres de nazis. Les personnages sont donc inventés et les missions souvent aucunement liées entre elles : on exécute les ordres sans véritable fond, et seuls quelques rares moments comme le débarquement en Normandie ou l’attaque de Pearl Harbor sont véritablement issus de notre triste réalité. Et c’est en cela que ce second
Call of Duty se démarque de la concurrence : le jeu, comme son titre l’indique, suit la campagne de la plus grande infanterie de l’armée US, la Big Red One, en respectant dans la majeure partie ce qu’elle a vraiment enduré. De l’Afrique du nord, au cœur de l’Allemagne, en passant par l’Italie, votre personnage participera aux principales missions connues, entrecoupées de briefing barbant et de scènes d’une qualité moyenne, mais amusantes pour leurs protagonistes ringards, dignes d’un Full Metal Jacket : le chef qui impose par sa dureté, l’afro-américain sympa, le clown de service, le méchant qui veut tout buter… Un classicisme palpable, mais qui fait qu’on accroche tout de suite, limite comme si on retrouvait des vieux potes.
Les modes de jeux ne brillent pas par leur originalité et on retrouve donc la Campagne, qui constitue forcément le cœur du jeu, et le multijoueur que nous détaillerons plus tard. Le mode solo se déroule de manière on ne peut plus simple : un briefing qu’on a comme souvent envie de zapper, une scène pour mettre en place le décor, quelques ordres de missions et c’est parti. Mais autant le dire rapidement, malgré ses quelques côtés intéressants, le voyage lasse rapidement par son air de déjà-vu et, si le coté scripté offre certes quelques bons points à l’immersion de l’ensemble, il détruit toute chance de
replay value. La durée de vie s’en trouve d’office nivelée vers le bas et il vous faudra pas plus de huit heures de jeu pour terminer les 13 missions et atteindre les crédits de fin. Loin de sauver la mise, le mode multijoueur surprend par son impossibilité de jouer en écran splité : vous devrez obligatoirement jouer online pour constater que les développeurs, une fois de plus, ne se sont pas foulés. Les types de partie sont trop conventionnels avec un Deathmatch simple et en équipe, un « capture de drapeau » et un mode domination qui constitue à prendre le plus de bases possible sur une carte. Les cartes, justement, étant reprises sur le mode solo, ne semblent pour la plupart pas faites pour ce type de jeu et ce n’est pas la possibilité d’y jouer à seize qui enlèvera la sensation d’ennui ressentie au bout de quelques dizaines de minutes.
Suis la route…
Sans réelle complication, la prise en main se fait le plus naturellement possible, ce qui fait autant office de qualité que de défaut, tant le
gameplay semble être à l’identique de n’importe quel autre FPS de base. Rien de bien surprenant donc, et ce ne sont pas les quelques à côté qui changeront quelque chose à la donne : on a toujours la possibilité de dénicher une mitrailleuse lourde planquée dans un recoin qui, comme à son habitude, fera miraculeusement apparaître plusieurs ennemis histoire de prouver que l’arme sert effectivement à quelque chose. Les véhicules font également leur retour qu’ils soient conductibles (comme le char, trop poussif, et qui rend les missions aussi mornes que le stage de la destruction d’avions du premier opus) ou non (on ne dirige que la mitrailleuse dans les parties en avion). Les armes, en très grand nombre, surprennent par leur diversité même si, au final, très peu seront utilisées, la faute à un léger détail technique qui tend à plomber toute tentation d’une quelconque approche tactique. En effet, malgré les divers objets typés infiltration comme le fusil sniper ou la paire de jumelles, la plupart des joueurs prendront l’option bourrinage en canardant à tout va : les armes dans l’ensemble sont si puissantes qu’il faut parfois une ou deux balles pour achever un ennemi. Les munitions étant suffisamment éparpillées dans les niveaux, on aura tôt fait de jeter son dévolu sur une mitrailleuse qui, aussi incroyable que cela puisse paraître, se révélera aussi efficace qu’un sniper pour les tirs au loin.
Techniquement, le jeu s’en sort très bien que ce soit au niveau de la modélisation des personnages que des textures appliquées. Il est par contre vraiment dommage que le level-designer n’ait pas fait preuve du même génie de celui de la version PC qui appliquait très souvent de nombreux terrains de jeu vastes, donnant alors une certaine impression de liberté. Ici, au contraire, on se sent souvent oppressé par la petitesse des décors aux allures de couloirs qui, malgré leur aspect fort joli, restent dans le fond des couloirs quand même. Une linéarité palpable donc, mais qui permet de se concentrer sur l’ambiance même du jeu. Les nombreux événements scriptés y sont également pour quelque chose, donnant au jeu une mise en scène hollywoodienne : soldats qui courent et tirent de partout, explosions, destruction du décor… De nombreux effets accentués par des effets spéciaux de qualité qui nous plongeraient véritablement dans la guerre si nous n’avions pas affaire à une IA aussi « sous-développée ». A dix milles lieux d’un
F.E.A.R., le comportement de vos ennemis ne suit pas vraiment de logique et ils peuvent très bien rester à découvert sans se soucier que des dizaines de balles fusent autour d’eux. Les coéquipiers ne s’en sortent pas mieux et oublient parfois de réagir lorsque qu’une grenade tombe à leurs pieds. Amusant, les développeurs semblent avoir omis de donner la vue à chacun des deux clans et vous pourrez souvent constater amèrement des duels au sommet entre un de vos camarades et l’ennemi qui, à cinq pas l’un de l’autre, se tirent dessus sans jamais arriver à se toucher. Un dernier défaut donc qui limitera le jeu au grand public et le condamne, comme son prédécesseur, à rester dans l’ombre de son grand frère qui sévit sur PC et Xbox 360.