Il aura fallu patienter cinq années depuis la sortie de The Conquerors Expansion, mais ça y est, le troisième volet de la grande saga des Age of Empires est bien là. Ensemble Studios a, une fois encore, travaillé d'arrache-pied pour nous proposer cet Age of Empires III qui représente sans aucun doute le RTS le plus attendu de l’année. Verdict.
Souvenez-vous de
Age of Empires 2 : The Age of Kings car ce troisième opus représente sa suite directe. Finis les graphismes isométriques, place à une 3D somptueuse et à un moteur physique impressionnant dans un RTS puisqu’il ne s’agit ni plus ni moins de Havok, le moteur physique d’un certain
Half-Life 2. En clair, cet
Age of Empires III frappe très fort en terme de visuel et il vous faudra un sacré bon PC pour espérer le voir tourner correctement, la puissance a un prix …
Le Nouveau monde
Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette célèbre série, les
Age of Empires sont des jeux de stratégie en temps réel axés grand public, c'est-à-dire assez simples à prendre en main et basés sur un solide contexte historique ; le but étant de faire évoluer la civilisation jouée (à ne pas confondre avec
Civilization) au fil des âges, comme son nom l’indique.
Etudions d’abord de plus près le contexte historique de cet
Age of Empires III. La campagne solo débute au 16e siècle et nous plonge immédiatement dans le conflit : Morgan
Black et les chevaliers de Saint-Jean défendent leur dernier bastion sur l’île méditerranéenne de Malte contre une invasion ottomane, dirigée par Sahin. Après avoir détruit tous les camps ottomans, Morgan découvre une ancienne bibliothèque taillée dans la pierre ; il y était écrit l’histoire du Cercle d’Ossus, une société secrète recherchant la vie éternelle au Lac de la lune, appelé aussi Fontaine de jouvence. Alain, le supérieur de Morgan, lui demande de partir pour le Nouveau monde afin de trouver le Lac de la lune avant les ottomans. C’est ainsi que la campagne solo vous emmène à la recherche de la Fontaine de Jouvence afin d’empêcher Sahin de s’en emparer ; amitiés et trahison seront au rendez-vous et l’aventure se poursuivra avec les descendants de Morgan : John puis Amélia.
Si le Cercle d’Ossus et la Fontaine de Jouvence représentent des ingrédients intéressants pour le scénario, on s’en lasse assez vite dans le second acte et le dernier acte devient même rébarbatif. Cette course à l’immortalité vous fera affronter les Ottomans, puis les Espagnols, les Français, les Anglais, quelques pirates au passage et, bien sûr, des peuples amérindiens pas encore décimés comme les Cherokees, les Iroquois, les Aztèques ou encore les Incas. Au total, huit civilisations seront jouables (hors campagne solo) : les Britanniques, les Hollandais, les Français, les Allemands, les Ottomans, les Portugais, les Espagnols et les Russes. Concernant les peuples amérindiens, ces derniers n’étant pas jouables à part entière, on trouve : les Aztèques, Caraïbes, Cherokees, Comanches, Cree, Incas, Iroquois, Lakota, Maya, Nootka, Séminoles et Tupi. Que du beau monde en somme.
Du classique saupoudré d’une dose de neuf
Voyons à présent en détail le système de jeu. Toujours très classique, les habitués des premiers épisodes ne se sentiront pas dépaysés. Etablir une colonie n’est pas bien difficile : un chariot vous permet d’installer votre centre-ville et seules trois ressources sont à présent nécessaires pour la construction de bâtiments et l’entraînement d’unités, contre quatre dans les précédents opus : les pièces, le bois et la nourriture. Un petit détail des plus agréables a néanmoins changé à ce sujet : les paysans, ou colons, ne doivent plus rapporter leurs ressources au centre-ville ou dans un quelconque bâtiment de stockage, ils les amassent simplement, même s’ils se trouvent à l’autre bout de la carte. Toutefois, petite ombre au tableau : si un colon a fini de récolter une ressource, il reste planté là bêtement au lieu de chercher lui-même une autre source. Les bâtiments disponibles sont des plus classiques, on trouve la caserne, l’écurie, le marché ou encore l’église, rien de bien innovant à ce niveau là. On trouve toujours les mêmes types d’unités à savoir les archers, les piquiers, les cavaliers ou encore les engins de siège (mortiers et autres canons). Le port permet la construction de bateaux en tout genre, caravelles, bateau de pêche ou d’assaut. Les batailles navales sont d’ailleurs très bien rendues, les explosions sont impressionnantes et c’est un pur bonheur que de couler les navires ennemis en les mitraillant avec nos gros canons …
L’ensemble est donc très classique, même si
Ensemble Studios a tout de même apporté deux innovations : les comptoirs et la métropole. Le comptoir est un bâtiment qui permet de s’approprier les services des nations amérindiennes disponibles ou de s’octroyer les routes commerciales en présence. En effet, les amérindiens ne sont pas des civilisations jouables à part entière, ils représentent des peuples neutres jusqu’à ce que quelqu’un vienne les coloniser pour une durée indéterminée. Cet aspect du jeu devient vite l’aspect stratégique principal de
Age of Empires III et il faudra se battre pour obtenir l’aide des amérindiens avant l’adversaire, il en est de même pour l’acquisition des routes commerciales qui offrent un apport en ressources non négligeable.
La métropole représente la plus grosse innovation du jeu. Il s’agit ni plus ni moins de la ville d’origine du héros de notre colonie ; qu’elle soit en Amérique ou ailleurs, la métropole est persistante et vous apportera de solides atouts. Ce nouvel opus apporte le système de points d’expérience. Lorsque l’on tue une unité ou un bâtiment adverse, on gagne des points d’expérience ; ces derniers s’accumulent au fil des combats et, ainsi, la métropole monte en niveau. Une fois le niveau supérieur atteint, il est possible de se rendre à sa métropole et de se faire envoyer divers chargements : ressources, unités de combat ou colons. Les chargements disponibles sont représentés sous forme de cartes ; à chaque montée de niveau, on peut débloquer de nouvelles cartes afin d’avoir plus de choix en cours de jeu. Il est aussi possible d’utiliser ses points d’expérience pour personnaliser sa cité : nouvelles architectures de bâtiments, couleurs … Cela n’affecte en rien le déroulement du jeu et ne sert qu’à contenter ceux qui voudraient personnaliser un peu leur métropole.
Au cœur du jeu
On l’a vu, les innovations ne sont guère nombreuses et il en résulte donc un RTS très classique. Si l’on se penche un peu sur le déroulement des combats, on constate malheureusement qu’il ne s’agit nullement du point fort de
Age of Empires III. Les unités sont beaucoup trop semblables d’une civilisation à l’autre, et ce, malgré les quelques unités uniques. Il est déplorable de voir que toutes les unités d’un groupe calquent leur vitesse de déplacement sur la plus lente d’entre elles ; oubliez donc l’assaut rapide comme l’éclair si vous avez un mortier ou un canon dans votre groupe. Dans l’ensemble, le
gameplay est vraiment très simple, on ne trouve que très peu de formations et de types d’ordres. Les combats sont assez sommaires et très répétitifs, l’IA est loin d’égaler celle d’autres jeux du même genre, l’interface prend une grosse partie de l’écran (même s’il est possible de la simplifier dans les options de jeu), il n’est pas possible, malgré la 3D, d’effectuer des rotations de caméra (on peut seulement zoomer) et les héros ne sont vraiment pas un atout intéressant puisqu’ils ne font que mourir au combat et ne disposent que d’une pauvre compétence personnelle – on est bien loin des pouvoirs des héros d’un
Warcraft III: Reign Of Chaos, même si l’univers est différent,
Ensemble Studios aurait pu davantage les travailler.
Age of Empires III impressionne par ses graphismes de toute beauté. Les effets sont vraiment magnifiques : l’eau est d’un réalisme jamais vu, les explosions feraient presque peur, les boulets de canon projettent les corps ennemis à plusieurs mètres, les flèches enflammées peuvent vraiment enflammer les voiles d’un bateau ou d’un moulin … En plus de tout cela, les unités sont dotées d’animations très convaincantes, on verra par exemple un groupe s’extasier et lever les mains en l’air en signe de victoire sur un adversaire. La gestion des dégâts localisés est, elle aussi, excessivement bien gérée : on peut ainsi détruire un bâtiment de différentes manières en fonction de l’endroit où on l’aura attaqué, on peut faire arrêter un moulin de tourner en concentrant les attaques sur ses voiles, les toitures des bâtiments s’effondrent sous nos assauts… Le moteur physique et la qualité des graphismes viennent donc enrichir l’atmosphère du jeu pour lui donner un niveau de réalisme jamais atteint dans un RTS. L’ambiance sonore est, elle aussi, très convaincante. Même si le jeu est très gourmand en ressources, pour peu que l’on souhaite voir tourner tout ça au maximum de ses possibilités, il est toutefois possible de jouer sur un PC « modeste » grâce au large panel d’options graphiques.
Concernant le multijoueur, l’ensemble fonctionne très bien, la recherche d’adversaire est très bien conçue tout comme la gestion de son avatar. Il est toutefois vraiment dommage de ne disposer que de deux modes de jeux : Suprématie et Deathmatch (pour le multi, mais aussi l’escarmouche). Loin d’être parfait,
Age of Empires III supplante bien sûr ses aînés, mais n’apporte en aucun cas ce que les fans attendaient d’un nouvel opus.