Qui ne connaît pas Playboy, LE magazine des demoiselles en petites tenues, plus connu pour les décolletés plongeants de ses playmates que pour son contenu journalistique ou ludique. Aujourd’hui, Cyberlore Studios décide de faire pénétrer le joueur dans la peau du créateur de ce roman photo qui bouleversa l’Amérique, ainsi que plusieurs dizaines de générations de jeunes garçons dans la force de l’âge, et ce, dans le monde entier. L’intérêt est pervers et à titre purement lucratif pour ses développeurs et producteurs… En auront-ils, et surtout, en aura-t-on pour notre argent ? La réponse dans les lignes qui suivent de ce test de la version PlayStation 2.
Pour tout ceux qui auraient raté les reportages consacrés au millionnaire excentrique qu’est Hugh Hefner, le septuagénaire fondateur de l’empire Playboy et instigateur d’un renouveau des mœurs dans les années cinquante, n’ayez point d’inquiétude car (mal)heureusement pour vous,
Cyberlore Studios tient à vous donner des cours de rattrapage en vous faisant incarner le jeune Hef, depuis la création de l’enseigne Playboy jusqu’au richissime vieillard qu’il est aujourd’hui. Ne vous méprenez pas sur ces derniers mots, nous ne sommes pas dans
Fable et la face du protagoniste ne verra pas de rides profondes apparaître à sa surface… Ce dernier maintenant une peau lisse comme celle d’un bébé quelle que soit l’année, sur un faciès des plus inexpressibles qui plus est. Dans la réalité, on appelle ça un rêve, mais dans un jeu vidéo, cela reste tout de même une déception. Après une petite overdose de présentation des sponsors : développeurs, distributeurs et autres éditeurs tiers, et un temps de chargement plus long qu’un opening de
Final Fantasy, vous voici lancé dans la vie active de Hef et devrez commencer par publier le premier numéro de Playboy, dans ce soft de gestion copié/collé d’un
Les Sims premier du nom. Ca promet !
“It Sims to be an other game…”
Avant d’aller plus loin dans l’exploration du
gameplay extra plat de ce Playboy : The mansion, avis à toutes les mauvaises langues qui destinaient ce jeu à une carrière de roi des navets… Vous aviez bel et bien raison. Tout commence de manière affligeante, avec un tutorial bien mal conçu lorsque vous devrez publier votre premier numéro de Playboy. La pression de la touche principale d’interaction ne servant qu’à « organiser des soirées people », vous apprendrez finalement assez vite au fil des aléas du hasard, qu’un journaliste et un photographe vous sont nécessaires pour arriver à vos fins. Vous pouvez alors, à tout instant, accéder à une sorte d’annuaire des pages jaunes afin de recruter vos employés indispensables, sans entretien préalable d’ailleurs : vous cliquez et la personne est embauchée… Une facilité assez déconcertante qui n’aura de cesse de se confirmer. Et ce, notamment lors de ces fameuses « parties » organisables de jour comme de nuit, et suivant un thème précis : habillé, sport, petites tenues, ou encore maillot de bain autour de la piscine privée de Hef. A ce moment, une secrétaire personnelle peut se charger d’envoyer les dix invitations aux V.I.P. conviés, ou vous pouvez très bien le faire manuellement, bien que tout cela n’ait que très peu d’importance. Arrive alors LA phase d’action principale du soft : blablater... Bien que ce genre de possibilités soit récurrent dans d’autres softs de gestion de vie, elle perd ici tout son intérêt. En effet, à l’inverse d’un
Les Sims, vous ne pourrez pas sélectionner ce que vous direz et serez contraints de jongler entre « parler romantique », « parler business », et « parler amicalement ». Là, notre Hef à la voix de nounours ébouriffé se mettra donc à converser en yaourt avec son interlocuteur, vous délaissant toujours avec votre libre arbitre à trois choix. Et le pire dans tout ça, c’est que ça fonctionne…
Oui, dans ce monde de silicone virtuel, notre jeune playboy est un vrai sex-appeal et conclut plus de fois qu’il n’en faut en deux minutes chrono. Bien trop facile. D’ailleurs, si vous vous sentez suffisamment proche de la damoiselle que vous courtisez, vous pouvez lui proposer une interview, un pamphlet ou encore de poser pour la couverture de votre humble journal d’obsédés. Dans ce cas précis, une nouvelle interface intervient afin de photographier sous le meilleur angle, ainsi qu’avec la tenue la plus dénudée possible l’insipide amalgame de polygones qui vous fera face. Enfin, vous finissez par apprendre que votre revue de presse ne se compose que d’une couverture, deux articles, une interview et une photo double pages de la playmate du mois…
Cyberlore Studios nous montre bien ici toute la richesse culturelle que peut comporter un Playboy, bravo !
« Don’t play boy ! »
Malheureusement, le néant ludique de ce
Playboy : The Mansion n’est pas la seule bête noire de ce soft haut en défauts. En effet, le pire reste sa réalisation. Car s’il était question de photographier des playmates modélisées comme les protagonistes d’un
Dead or Alive Ultimate, l’intérêt aurait au moins été visuel (et toujours pervers bien sûr), tandis qu’ici c’est la bérézina graphique. Tout d’abord, n’espérez pas trouver une multitude de filles aussi charmantes que différentes, le moteur graphique ne semblant avoir en mémoire qu’une silhouette féminine lambda qu’il sortirait à tout va, changeant la couleur des cheveux et de la peau de manière aléatoire. Du coup, toutes les photos et autres premières de couvertures se ressemblent indubitablement, malgré l’effort que vous pourriez y mettre afin de changer les angles de caméra ou les décors. Hef, qui se trouve pourtant être le nombril du monde dans cet univers foireux, est lui-même modélisé comme un lego, tout en bénéficiant de quelques textures afin d’affiner le tout. Il n’empêche que sa démarche est ridicule, et que si les programmeurs ont utilisé la motion capture pour donner ce résultat, on est en lieu de s’inquiéter pour le pauvre acteur visiblement chouté à l’amidon. Par contre, les demoiselles du soft ne souffrent pas trop de cette animation catastrophique et bougent même plutôt bien lors de certains élans vigoureux… Efforts plutôt plaisant il faut le dire, mais tellement répétitifs qu’ils deviennent très vite lassants. Et que dire des décors d’une pauvreté à faire pâlir les déserts les plus arides, mais qui trouvent cependant le moyen de gêner en permanence les mouvements de l’objectif qui se retrouvera souvent entre la table, la plante, et le mur, rendant la visibilité complètement nulle. Côté son, les mélodies, pourtant variées, ne vous accrocheront pas une seconde et font office de bruit de fond permanent, puisque amoindrit du côté des décibels, afin de donner la bonne part au patois peu orthodoxe qui sévit chez Hef.