Alors que des merveilles vidéoludiques comme Burnout 3, Gran Turismo 4 et Need For Speed : Underground 2 se partagent les premières places du tabloïde des softs à la mécanique bien huilée, le développeur Eutechnyx tente de se frayer un chemin jusqu’à ces hautes sphères via son nouveau titre, Street Racing Syndicate. Fortement orienté tuning, c’est à grand renfort de jolies demoiselles aux mœurs douteuses et aux formes savoureuses que ce titre édité par Namco tentera de faire la différence. Cet argument sensuel devenu courant, voire commun ces derniers temps, saura-t-il imposer sa loi face aux mastodontes précités ? Rien n’est moins sûr…
Une fois le disque lancé, vous commencerez tout d’abord par vous inquiéter de par la sonorité kitchissime représentant
Namco, vous rappelant soudainement les capacités acoustiques du Game Boy version années 90. Heureusement, une cinématique d’introduction toute de carrosseries rutilantes vêtues arrive à point nommé, vous ramenant aussitôt en 2005 grâce à une réalisation impeccable et à un dynamisme du plus bel effet. L’écran titre suit instantanément en vous proposant un fond typé
underground accompagné, une fois dans le menu principal, d’images de jeunes femmes plantureuses aux décolletés amples variant au gré du temps… Le ton est donné :
Eutechnyx compte bien lier, dans cet univers machiste, la femme et la machine pour un résultat se voulant un minimum racoleur et plaisant pour certains, ou complètement outrageant pour d’autres.
Encore de l’underground ?
Tout ceci, vous le découvrirez dans le « mode rue » du soft, dans lequel le joueur incarne un conducteur néophyte, visiblement en mal de sensations fortes. Autant le préciser tout de suite, de ce point de vue là,
Street Racing Syndicate est un quasi-plagia de Need for Speed : Underground. On y retrouve en effet le même système de balade « de point en point jusqu’au plus vilain », dans différentes métropoles comme Los Angeles, Miami, ou encore Philadelphie. Car vous n’êtes pas là pour enfiler des perles, mais bel et bien pour participer à des courses de rues, illicites pour la plupart, aux commandes de bolides gonflés à la nitro. Pour ce faire, une palette de quarante véhicules vous sera proposée, et ce, parmi une demi-douzaine de licences comme Mitsubishi, Nissan, Honda ou encore Volkswagen, rare représentant européen du titre. Certes, au début, vous n’aurez pas la possibilité d’acheter mieux qu’une carlingue aussi à l’aise sur le bitume qu’une savonnette dans un évier, mais le tuning est justement présent pour y pallier. Il vous sera alors possible de booster à loisir votre auto via un petit détour chez le garagiste : de l’allumage à la carrosserie en passant par les pneus, jantes ou autres vinyles. Attention cependant à ne pas trop redorer le moteur à défaut du couple, du poids et des freins, au risque de se retrouver avec une véritable fusée, maîtresse des têtes à queue dès les premiers lacets avenants.
Poursuivant votre petit bonhomme de chemin, vous enquillerez challenge après challenge, gagnant, en plus de l’argent, une certaine notoriété menant à des « défis de respect ». Ces derniers seront lancés par des groupies vous proposant à la clef de devenir vos nouvelles petites amies (la polygamie ne semble pas poser de problème aux développeurs), ceci étant littéralement déclaré dans le soft comme le « nombre de meufs », que vous pourrez collectionner au même titre que les bagnoles… charmant ! Ainsi, dix-huit candidates aux formes généreuses pourront rejoindre votre hangar dans le but de vous divertir. En effet, après avoir sélectionné une des filles de votre harem, vous pourrez accéder à des vidéos de danse sensuelle de cette dernière… L’intérêt est donc purement visuel, court et fade, surtout qu’aucune interaction entre la gent féminine et vos bolides n’est effectuée (a contrario de nombreux magazines sur les bêtes de courses motorisées). Pour couronner le tout, ces demoiselles, purement vénales, n’hésiteront pas à plier bagage si vous êtes amené à perdre trop de courses à la suite… une intelligence artificielle ? Non, juste une manière d’essayer de maintenir le joueur obsédé en haleine.
Un moteur poussif…
Si l’on compare ce
Street Racing Syndicate au titre phare d’
Electronic Arts estampillé
Underground 2, on se rend bien compte que même si de nombreux points communs les rapprochent, la réalisation finit par faire la réelle différence. En effet, bien que visuellement agréable à regarder grâce à de jolis reflets çà et là sur le bitume fumant ou les carrosseries joliment métallisées, le niveau graphique du poulain d’
Eutechnyx n’en reste pas moins inégal. Et ce, en particulier en ce qui concerne l’environnement dans lequel vous évoluerez : les bâtiments manquent cruellement de détails et les textures, souvent insipides, ne rehaussent pas cet état de fait, qui ne manque d’ailleurs pas de s’
aliaser. Dans un genre différent, le goudron blindé de reflets et d’effets en tout genre aurait été parfait pour représenter un sol sous une douce pluie, mais malheureusement en l’absence totale de gouttelettes, vous aurez plus l’impression d’évoluer sur du lino ciré que sur un asphalte humidifié. Les engins sont quant à eux globalement bien reproduits, même si l’on regrettera un manque de minutie du point de vue des parties modulables. Les développeurs peuvent néanmoins se targuer d’avoir intégré un calculateur de chocs, réduisant votre luxueux bolide en taule froissée au bout de quelques contraintes frontales… La magie d’un
reset restaurant les véhicules en fâcheuses postures n’opère malheureusement pas dans ce soft se voulant un minimum réaliste, et ce jusque dans la somme que vous devrez dépenser pour jouir à nouveau de votre auto au meilleur de sa forme.
Ceci mis à part, le jeu met un accent tout particulier sur son attrait « hot » qui se doit d’être irréprochable pour fonctionner… Pour ceci, les graphistes, ayant conscience de leurs lacunes en modélisation humaine, ont usé du vieil artifice de la vidéo réelle, limitant le risque de bourdes visuelles au minimum. Et pourtant, ils trouvent tout de même le moyen de faire une incrustation de très mauvaise facture pour ces magnifiques créatures, tentant tant bien que mal d’aguicher le joueur par quelques gestes sensuels. Côté son, le joueur hermétique au rap et au R&B U.S. aura du mal à trouver son bonheur dans la bande originale de ce
Street Racing Syndicate. Les autres sauront sûrement apprécier cette ambiance propice aux courses de rue effrénées de notre siècle. Malheureusement, les bruitages nous laissent quelque peu sur notre faim, notamment de par un ronronnement exacerbé du moteur, et une boîte de vitesse aux roulements caverneux. Enfin, la maniabilité très typée arcade du soft permet une approche facilitée pour un public se voulant large, si tant est que l’on arrive à mettre de côté une capacité de freinage inexistante et des dérapages tout bonnement incontrôlables.