C'est au cœur d'une petite île, en plein milieu de l'océan Pacifique, dans une modeste bâtisse, que quelques hommes et femmes ont eu la lourde tâche, d'apporter le saint Graal du jeu de rôle à une console qui n'en possédait aucun. Ce lourd fardeau a été fait à la demande de Namco, un ancien dieu des RPG, disparu de cette scène pendant de si nombreuses années que l'on a pensé qu'il ne s'agissait que d'une simple légende. Mais, comme pour toutes les légendes, un retour sur les terres du combat était prévu.
Après les guerres de Xéno,
Namco revint une nouvelle fois, essayant d'apporter à son frère de toujours,
Nintendo, le trophée de la gloire passée, telle qu'elle le fut, dix ans auparavant, avec comme offrande, le retour de
Tales of dans les rangs de
Nintendo. A jeu exceptionnel, ouverture exceptionnelle pour l'arrivée d'un des premiers véritables RPG sur le Cube. Un test qui sera résolument axé sur le monde fantastique et merveilleux de l'heroïc-fantasy. Après une si longue attente, que vaut réellement
Tales of Symphonia ? La réponse est gravée ci-dessous.
Le plus beau RPG du monde ?
Immergé dans un monde mêlant le fantastique à la magie, entreposé au milieu d'une guerre éternelle, un petit village, bâti sur la pointe de l'un des continents, abrite un groupe d'enfants rêvant d'aventures, de magie et d'exploits, de parcourir le monde, de découvrir de nouveaux horizons. Les histoires, contées lors des longues nuits d'hiver, travaillent l'imagination de ces futurs héros au tempérament bien distinct. L'envie de partir à la découverte de l'arbre source de la magie se fait grande ainsi que celle de rencontrer ce héros qui a combattu les gardiens de ce monde. Des contes qui ont suivi le chemin de nos héros jusqu'à ce jour où l'histoire va devancer d'un pas la réalité, où un monde plein de bonheur va bientôt connaître l'un des plus grands moments de son histoire. Par un beau matin, les rayons du soleil cognent sur la tête des élèves, attentifs aux dires de leur professeur. Comme à son habitude, Lloyd Irving n'écoute que d'une oreille. Une autre chose le préoccupe bien plus : bientôt sa meilleure amie deviendra l'élue des dieux pour régénérer ce monde. C'est dans ce contexte que va débuter l'aventure de
Tales of Symphonia. Attention, ne vous y méprenez pas, si l'histoire peut paraître peu recherchée au début, il s'avère que par la suite, le scénario va vous révéler de nombreuses surprises : rebondissements, coups de théâtre, découvertes, mascarades et autres comédies vont venir alimenter un scénario qui sera au final bel et bien ce conte symphonique que l'on nous avait promis. Pour savourer comme il se doit l'épopée de nos graines de héros, il faudra se montrer méticuleux et attentif à toutes les conversations, car comme dans tout bon RPG qui se respecte, les dialogues regorgent de secrets. Chaque intervenant a son mot à dire et les rebondissements du scénario ne se font pas au travers d'une grande cinématique mais plutôt grâce à quelques paroles échangées qui constituent toute une histoire.
Tales of Symphonia se lit comme un livre et se joue comme un rêve.
Ce qui se cache dans les deux galettes est tout simplement inimaginable, et même si votre idée vous semble déjà faite, d'après ce que vous avez pu voir au travers de bons nombres d'images, sachez que vous vous méprenez déjà. Le monde, ou plutôt les mondes que vous allez découvrir regorgent d'une faune et d'une flore comme jamais vous n'en avez vu ! Pour la GameCube,
Namco a sorti le grand jeu. Pour vous mettre dans l'ambiance manga qui se dégage de ce titre, l'intro a été entièrement réalisée tel un dessin animé. Dans cette dernière, vous allez pouvoir découvrir l'intégralité des personnages de premier plan du titre et découvrir par la même occasion des lieux clés de l'aventure. Comme beaucoup peuvent s'en douter, le groupe japonais Day After Tomorrow qui interprétait Starry Heavens dans l'intro de la version japonaise du titre, ne sera pas de la partie dans la version PAL. Le
cell-shading fait encore des siennes ; ce nouveau style graphique, apparu pour la première fois dans le jeu de
Smilebit sur Dreamcast,
Jet Set Radio, a conquis par la suite un bon nombre de développeurs. Choisi ensuite par
Nintendo pour Zelda, puis pour
Capcom dans un jeu de course automobile et
Viewtiful Joe, le voici à présent dans
Tales of Symphonia.
Namco a maîtrisé avec brio son sujet, nous proposant ainsi des décors aux mille détails. L'univers représenté dans
Tales of Symphonia est bien loin de ce que l'on peut voir dans les RPG habituellement. Pas de grands bâtiments touchant les cieux ni de villes entières flottant dans les airs, mais ce n'est pas pour autant que ce n'est pas impressionnant ! Bien au contraire, les petites bourgades sont toutes décorées de mille feux, les angles de vue mettent en valeur les pièces, places, avenues et autres boulevards où vous allez déambuler. Place ici à l'éblouissement des pupilles. Les couleurs sont féeriques et vont vous emmener dans un voyage d'une rare beauté. C'est simple, mais ça fait tout son charme et vous allez en ressortir avec des souvenirs plein la tête. On peut toutefois regretter une carte du monde pauvre en détails, comparé à ce que l'on peut trouver quand on est dans une ville, mais c'est un défaut qui disparaît rapidement lorsque vous rencontrez des ennemis et que le combat s'engage.
Pas besoin de chichis
C'est alors que l'écran gèle quelques instants pour se détruire et laisser place à des zones de combats en 2D, avec un plan de fond souvent peint telle une aquarelle, et laissant vos assaillants vous attaquer de profil. Pas de zoom, pas de rotations autour de votre équipe, pas de cinématique exceptionnelle pour les présentations d'un boss. C'est simple, sobre et cela fait tout le charme de ce sublime jeu. A l'instar d'un
Final Fantasy où les cinématiques apparaissent à foison, et où, en fin de compte, on a plus l'impression de participer à un film interactif que de vivre réellement l'aventure, ici on renoue avec les premiers RPG, la bonne époque de la Super
Nintendo où le jeu prime avant tout. Pas de paillettes, ni de maquillage, on joue, un point c'est tout. Les dialogues utilisent le moteur du jeu et les seuls passages d'anime que l'on puisse trouver se situent au début et à la fin du titre et c'est bien mieux comme ça. On est ainsi toujours dans le vif de l'aventure, sans être interrompu par un surplus de cinématique qui risquerait fort bien, au final, de polluer le jeu. Le titre bénéficie d'une réalisation impeccable et d'un mode 60Hz qui va faire plaisir à un bon nombre de joueurs. Les différents angles de caméras prédéfinis ne font qu'accentuer la profondeur des décors. Nous profitons du test pour lancer un appel à témoins : si vous apercevez dans le jeu un bug ou autre
clipping, merci d'en faire une photo et de nous l'envoyer. C'est vrai que le jeu n'est pas en 3D temps réel, sauf pour les passages sur la carte, mais il a le mérite de ne proposer aucun ralentissement, pas de collisions de caméra ; des combats vifs et dynamiques sans la moindre chute de
frame-rate.
Namco assure et offre un jeu disposant d'une réalisation parfaite pour la GameCube.
Il n'y a pas que l'aspect extérieur à soigner dans un RPG, il faut aussi penser à l'interface qui est le menu le plus important de ce genre. C'est ici que la grande majorité de vos actions vont être effectuées comme par exemple celle de gérer votre équipe. Tout est fait pour que le joueur ne soit pas perdu et que vous disposez d'une assistance lorsque vous avez besoin d'une potion en particulier, soit pour vous faire reprendre des forces, ou vous guérir du poison que vous avez avalé, soit pour voir qui a augmenté de niveaux et changer n'importe quand la constitution de votre groupe et de son leader. D'ailleurs ici il n'est plus question d'interface mais de véritable encyclopédie. Il est en effet possible d'en apprendre plus sur vos personnages, sur les différentes techniques que vous allez acquérir tout au long de votre épopée fantastique, sur les monstres, les invocations, les habitants des deux mondes. Vous avez aussi la possibilité de recevoir au fur et à mesure des cartes de différentes importances de chacun de mondes existants.
Une histoire de symphonies…
Afin d'accompagner harmonieusement le tout, la bande sonore de
Tales of Symphonia est une pure merveille. Votre ouïe sera comblée. Sans toutefois atteindre les musiques d'un
Final Fantasy : Crystal Chronicles, pour rester sur la même console, le titre de
Namco s'en sort très bien. Les musiques sont dosées en fonction des scènes que vous traverserez, que ce soit un moment douloureux, la visite d'un donjon, une course sur le monde, la rencontre d'un allié, un souvenir mémorable, une découverte qui marque un tournant dans l'histoire, ou encore une nouvelle qui ne s'oublie pas. Tous ces moments sont accompagnés de grandes compositions symphoniques. Jouer avec le son vous fera vivre une toute autre expérience.
Comme précisé un peu plus haut, le titre est dépourvu de toute cinématique rocambolesque qu'on voit parfois surgir toutes les dix minutes ; ceci peut être sympathique pendant un moment mais à la longue, ça rompt avec l'action dans laquelle on se trouve. Ici, tout se déroule avec le moteur du jeu et la plupart du temps, le mot d'ordre est : jouer, jouer et encore jouer et ce n'est pas plus mal. Un système qui plaira à tous les nostalgiques des RPG de la veille époque où la « touch » hollywoodienne n'avait pas encore atteint les jeux vidéo. Après toutes ces lignes consacrées à vous détailler l'univers du titre, passons à présent au
gameplay et plus particulièrement, à celui des combats, qui se révèle être très jouissif. Les fans de la série ne seront pas dépaysés, même s'ils passent de la 2D à la 3D, le système de combat reste pratiquement le même par rapport aux anciens épisodes, avec néanmoins quelques nouveautés et améliorations. A chaque jeu, un nouveau concept. Ici, il se nomme
Multi line Linear Motion Battle. Il permet au joueur de choisir un ennemi bien précis et à attaquer. Toutes les compétences de votre personnage évolueront ainsi en fonction de ce procédé. De plus, si un ou plusieurs ennemis se retrouvent entre vous et votre cible, ils seront aussi affectés par vos attaques.
Du plaisir, même à plusieurs
Afin de rendre les combats le plus dynamique possible, tous vos alliés combattent en même temps que vous, chacun utilisant sa propre tactique. Fini le tour par tour, les RPG se mettent de plus en plus au temps réel et ce
Tales of Symphonia ne déroge pas à cette règle. Cerise sur le gâteau, des ami(e)s physiques pourront vous rejoindre. Oui, le jeu est jouable jusqu'à quatre simultanément, mais uniquement lors des combats. Seul hic, lorsque vous jouez à plusieurs, uniquement le joueur principal, c'est-à-dire celui qui joue avec la manette insérée dans le port 1 de la console, sera suivi par la caméra. Si les autres joueurs sont trop loin de lui, ils seront bien moins, voire pas du tout, visibles à l'écran. Les actions du joueur ne se limitent pas à lancer des sorts ou des attaques contre les ennemis. Vous pouvez les esquiver de multiples façons, comme sauter ou vous accroupir, ou en dernier recours, vous faire sauver la mise par un de vos équipiers. Ces derniers vous aideront plus d'une fois. L'intelligence artificielle de vos compères est de bonne facture, sans toutefois accéder au niveau d'Einstein ou frôler le ridicule d'un joueur de foot ; ils seront toujours attentifs à votre énergie ou votre mana. Pensez à toujours être accompagné des bonnes personnes lors des combats contre les boss, qui présentent de redoutables attaques. Ainsi, pour multiplier les chances de réussite, vous serez capable d'effectuer des combos. Plus vous en ferez, plus votre personnage deviendra redoutable sur ce point. Pour exécuter les différents combos plus ou moins puissants, il vous faudra user de votre pouce sur la touche A comme un taré.
Les attaques ont trois niveaux de puissance : simple, offensif et destructeur, ce qui aura pour but de contrer la garde de votre adversaire. A l'instar de
Final Fantasy X, une seule personne sera capable de faire intervenir des invocations. Shena va jouer un élément important de l'histoire en tant qu'invocatrice des différents gardiens des temps que vous allez traverser. Par contre, les invocations se déclenchent de manière plutôt aléatoire et très rarement, mais elles offrent une magnifique prestation. Toujours en combat, il sera possible de basculer à n'importe quel moment sur un autre personnage pour le contrôler. Dans le but d'arriver au final avec des alliées de niveaux identiques ou presque, il est préférable de jouer avec tous, malgré le fait qu'Irvin reste le plus plaisant à jouer. Vous ne disposez pas de limites propres à chaque personnage, mais d'une barre de puissance qui augmente au fur et mesure des combats et qui, une fois remplie, permet de déchaîner sur un ennemi toutes les attaques spéciales de chacun des membres du groupe. Au fil de l'aventure et des nombreux affrontements que vous allez rencontrer, vous pourrez apprendre un bon nombre de nouvelles attaques basiques, spéciales ou magiques. Pour pouvoir en utiliser plusieurs pendant un seul et même combat, il vous sera possible de les assigner à des touches de raccourcis ; vous pourrez ainsi les sortir avec aisance et au bon moment. De nombreuses armes et évolution à certaines d'entre elles seront à découvrir tout au long de votre aventure. Les multiples quêtes annexes vous permettront aussi de découvrir des objets rares et précieux lors de rencontres avec certains monstres cachés, parfois aussi puissants qu'un boss.