L'éprouvante année 2014 connut doucement la grâce quand les fêtes de fin d'année furent venues, avec divers projets qui avaient un minimum de tronche pour nourrir nos PS4 & One en début de carrière, et parmi eux L'Ombre du Mordor, l'une des bonnes adaptations de l'univers Tolkien bien qu'imparfaite sur de nombreux points. En voici la suite.
Beaucoup de séries invitent à apprécier un deuxième épisode sans avoir fait le premier épisode, parce que chaque chapitre peut-être indépendant, ou pour une quelconque astuce scénaristique. Ce ne sera pas le cas avec L'Ombre de la Guerre qui est une suite directe et s'il n'y aura pas de problèmes à comprendre les enjeux principaux (ça se situe toujours entre les trilogies Hobbit et Seigneur des Anneaux), mieux vaut être habitué aux différentes stars du casting pour avoir ne serait-ce qu'un peu d'attachement vu que chacun manque de charisme, incluant notre héros Talion, rôdeur de carrière mais au physique tellement lambda qu'il semble copié/collé d'un des nombreux chauves de la précédente gen, lui rajoutant cette fois une belle tignasse pour donner le change.
Donc le but reste toujours de squatter les terres du Mordor pour tenter de briser les plans de Sauron avec évidemment le piège de la préquelle vu qu'on sait que le Seigneur des Ténèbres est toujours très actif dans les films qui suivront. Histoire tout de même d'offrir quelques surprises aux fans, les développeurs ont pris de risque de s'octroyer un peu de liberté scénaristique à droite/à gauche, du genre Arachne qui a soudainement forme humaine pour étrangement ressembler à du Liv Tyler. Un clin d'oeil dira t-on, mais ce sera loin d'être le seul coté fan-fiction et si les puristes hurleront au scandale, on reste d'avis qu'il valait mieux miser sur cela pour éviter une aventure trop plate et sans histoire un minimum épique.
Cinq zones de taille moyenne/grande nous sont ici offertes afin d'offrir davantage de variété dans les décors, ce qui est déjà un bon point par rapport au premier même si cela n'empêchera pas de pester un peu à force des les parcourir, la faute à des points de téléportation un peu trop espacés, ce qui est davantage problématique que dans un Assassin's Creed pour ne citer que lui puisque ici, les ennemis sont en surnombre il est probable que vos déplacements finissent par se résumer à une course folle en bousculant les ennemis (qui de toute façon mettent un moment à réagir) pour arriver là où vous le souhaitez. Le « parkour » s'est heureusement amélioré et même s'il aurait été mieux d'allouer une touche à la grimpette plutôt que de la mettre sur le même bouton que la course (occasionnant forcément des accroches non voulues dans les endroits exigus), la possibilité de courir façon éclair et les techniques comme le double saut offre une jolie mobilité et évitent de nous faire perdre du temps quand il s'agit d'atteindre le sommet d'une tour.
Si le jeu est comme de coutume découpé en plusieurs chapitres, le premier servira d'énorme introduction pour ceux qui n'ont pas encore fait le premier, dont là pour nous apprendre les fondamentaux de gameplay, nous permettre d'acquérir nos premières compétences, remarquer que les herbes à looter ont heureusement disparu pour améliorer le rythme (on regagne de l'énergie en pompant celle des ennemis) mais également jeter un œil au système de combat qui fait toujours dans le Batman Arkham-like avec un poil plus de souplesse et de facilité mais davantage d'opposants. La prise en main est très bonne et certaines joutes sont suffisamment grisantes avec un challenge relevé si vous ne faîtes pas attention, mais aussi des défaites malvenues, notamment par l'absence de lock et il suffit de lancer son coup spécial (à recharger) sur un streum lambda au lieu du capitaine qui se trouvait à ses cotés pour pleurer quand on se rendait compte que c'était notre dernier chance.
Il faut attendre le deuxième chapitre pour les choses commencent à prendre une autre tournure grâce à la récupération de l'anneau de corruption qui, outre la possibilité de retourner les ennemis les plus faibles sur le champ de bataille (pouvant faire la différence, surtout quand c'est des archers), peut aussi détourner à votre cause des capitaines sous réserve des les avoir affaibli au préalable. Ainsi, le jeu se transforme soudainement en gigantesque bac à sable où chaque zone est l'occasion de se constituer une petite armée en vue d'envahir la forteresse ennemie (parmi les gros passages de l'aventure), en sélectionnant les plus forts mais pas trop car vous serez dans ce cas obligé de les humilier au préalable pour les affaiblir (pouvant avec le temps les transformer en véritable berserk), et en prenant garde aux petits filous qui s'amuseront à vous poignarder dans le dos.
Le système Nemesis prend ainsi toute son importance et on va bien plus loin désormais que la simple recherche de points faibles (néanmoins essentielle) ou le fait de voir un ancien capitaine promu et plus puissant après vous avoir « tué » une première fois. On peut cette fois leur envoyer des menaces de mort (pour les booster artificiellement, avec meilleure récompense au final) ou encore envoyer des espions qui devront parfois faire leurs preuves dans l'arène, l'occasion de voir vos alliés grimper en puissance avec un risque : ces zones de combat sont les seuls où vous ne pourrez leur prêter main-forte et il y a donc de quoi être deg lorsque vous devrez regarder, impuissant, votre favori se faire misérablement dépecer alors que vous comptiez sur lui pour l'avenir.
C'est donc sur cet aspect ouvert autant par la progression que le gameplay que va miser L'Ombre de la Guerre, nous laissant construire notre aventure à notre sauce. Car le jeu a le mérite de constamment récompenser le joueur pour chacune de ses actions et si on sait très bien que The Witcher 3 est intouchable sur ses quêtes annexes, et que Horizon Zero Dawn a eu le mérite de proposer du fédex mais en nombre suffisamment réduit pour éviter de lasser, cette suite de L'Ombre du Mordor reste dans les fondamentaux avec des tonnes de trucs à ramasser mais avec de vrais gains, donc loin d'une chasse aux plumes ou aux partitions qui ne sont là que pour embêter les chasseurs de trophées/succès.
Chaque aspect annexe donne quelque chose en retour. Les points d'expériences bien entendu, parfois des points de compétences qu'on ne refuse jamais, ou encore des équipements de classe ultime. Tout s'imbrique ainsi dans une montée en puissance pour vos alliés comme votre propre personnage qui aura de quoi faire vu le nombre d'armes à chopper, et les gemmes à fusionner pour décupler la puissance. Tout est voulu pour forcer la préparation pour la dernière partie (offrant la vraie fin), assez répétitive mais surtout difficile où de fait chaque joueur choisira son camp : ceux qui veulent dépenser de l'argent réel pour obtenir de meilleurs soldats, ou ceux qui prendront leur temps tout au long du jeu pour obtenir la puissance souhaitée sans sortir la carte bleue, quitte à ne pas oublier les missions spéciales (uniquement si vous êtes connectés en ligne) qui là encore permettent de grinder et d'obtenir des coffres à loot sans dépenser d'argent.
Mais pourtant, de ce fond joliment ficelé, beaucoup devront faire face à une forme assez basique. Sorti du coté bac à sable et de son Nemesis System, L'Ombre de la Guerre manque d'audace sur de nombreux aspects, entre sa narration peu mémorable, des personnages que l'on oubliera bien vite et des missions qui manquent souvent de panaches. La quantité est bien-là, avec même quelques vraies quêtes annexes scénarisées pour développer un peu le « faux » Lore, mais le jeu abat en une dizaine d'heures la quasi-totalité de ses atouts pour faire comprendre que sorti de son principal point fort, l'aventure de base n'a elle pas grand-chose de plus que ce que la concurrence nous pond depuis des années et empêche la série de sortir de la casse allouée il y a déjà trois ans : ça reste un Assassin's Creed de plus, dans La Terre du Milieu.
+ Le Nemesis System
+ La montée en puissance
+ Du fedex, mais récompensé
+ Les batailles de forteresse
+ La construction de son armée
+ Zones bien plus variées
- La narration
- Casting qui manque de charisme
- Quelques grosses imprécisions
- Des séquences vues et revues
- Vite répétitif...
- … et oblige à prendre son temps si on veut éviter les loot-boxes
Conclusion : Clairement meilleur que le premier épisode, L'Ombre de la Guerre reste une expérience coincée entre l'excellence de son système et le choix de n'être qu'une adaptation d'un univers dont la structure est immuable à jamais. En ressort du coup une quête sans grands enjeux, un bestiaire forcément réduit (quel que soit son clan, un orc garde une gueule d'orc) et trop de personnages qui font office de seconds couteaux par rapport aux phases canoniques du monde de Tolkien. Monolith aurait tout intérêt à l'avenir à garder tous ses acquis et pondre sa propre licence avec toute la liberté de création qui va avec, mais pour l'heure, on reste avec un jeu généreux en terme de contenu, mais qui pourra assez vite se montrer lassant.
7/10
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