Après un Battlefield 4 trop proche du précédent, un Hardline que tout le monde a oublié et un Star Wars Battlefront qui a fait polémique sur son contenu, EA et DICE avaient tout intérêt à se retrousser les manches pour proposer enfin un produit carré capable de satisfaire la masse de fans. Et c'est ainsi que débarqua le messie.

Et déjà, c'est beau. C'est même incroyablement beau. Alors oui, on ne va pas comparer le rendu des consoles de notre époque avec de l'Ultra sur PC mais même comme tel, le titre s'affiche comme l'une des plus belles productions de cette génération, avec certains niveaux qui envoient des double-gifles graphiques au visage des joueurs pourtant habitué à d'importantes prestations depuis trois ans. Gestion des lumières, textures magnifiques, effets volumétriques… Tout y est alors que l'on tourne cette fois dans des zones ouvertes, parfois de belle taille, offrant au Frostbite 3 son meilleur jour pour faire un doigt à la concurrence, en dépit de quelques chutes de frame-rate et d'un aliasing présent mais loin d'être perturbant. Couplé à une formidable ambiance sonore qui donnerait envie de réinvestir dans un nouveau casque, le titre fait presque le sans-faute dans sa forme, même si l'on reprochera encore quelques bugs à corriger à coups de MAJ, autant dans le multi que dans le solo, où l'on a d'ailleurs constaté d'étranges décrochages de la manette après avoir repris sa partie préalablement en pause (ça ne dure heureusement que quelques secondes).



Mais une fois lancé dans l'action, on oublie très vite ces rares désagréments tant Battlefield 1 s'avère être une perle pour le multi, à condition bien entendu d'adhérer à l'école du « team play », le jeu s'éloignant plus que jamais des Call of Duty et autres associés. Ici, une poignée de joueurs même talentueux ne pourront sauver une situation si le reste de l'équipe fait office de tâcherons courant dans tous les sens. Et ça arrive pourtant encore très souvent. Car contexte oblige, le titre fait évidemment fi de toutes les améliorations technologiques actuelles ou à venir et seul le skill devient le maître mot pour espérer briller dans des affrontements de masse, comme par exemple pour la classe Sniper qui se réserve à une poignée d'élus qui connaîtront les cartes par coeur et les bonnes planques qui ne resteront qu'éphémères (ils sont très facile à repérer) et loin d'être l'occasion d'enchaîner les headshots brutaux devant le matos à disposition. Chaque tir peut compter, mais doit être mûrement réfléchi pour ne pas voir votre balle filer bêtement dans le décors, vous laissant à la merci d'une contre-attaque toujours punitive.

Les noobs opteront eux pour la classe Medic. Là où il est difficile de briller dans les affrontements avec une pétoire de base qui met 30 plombes à se recharger, mais au moins, on est là pour aider les alentours et relever les meilleurs au sol qui souhaitent vous voir filer entre les balles pour offrir une piqûre salvatrice, sauvant leur ratio et vous donnant une vraie utilité sur le terrain même si vous visez comme une tanche. On notera d'ailleurs la bonne idée de voir (une fois au sol) un indicateur sur la proximité d'un Medic, permettant de savoir directement si ce dernier fonce pour vous sauver ou s'il s'en tape totalement de votre cas, vous faisant comprendre qu'il vaut mieux « confirmer votre mort » et enclencher le respawn sans perdre de temps. Pas de surprise pour les deux autres classes avec l'Assaut qui représentera la majorité des effectifs sur le terrain, ainsi que le Support qui peut ravitailler en munitions les alliés alentours mais qui ne semble pas avoir trouvé beaucoup de preneurs durant nos nombreuses parties.



Dans tous les cas, l'ensemble est très bien équilibré et renforce encore plus le besoin de coopération, sans pour autant forcer une communication constante entre les joueurs, du moins dans les parties à niveau standard. Tant que chacun sait ce qu'il doit faire, on peut s'afficher assez haut dans le classement de fin de partie et cela permettra aux nouveaux venus de découvrir un nouveau trip plus haletant, et potentiellement moins frustrant que de voir un Call of-ien dégommer notre équipe à lui seul en sautillant dans tous les sens d'un bout à l'autre de la carte. Même chose pour les véhicules qui ont leur importance mais qui sont également soumis aux lois de l'équilibre pour faire en sorte de représenter toujours un danger, tout en ayant suffisamment de défaut pour se faire éclater au premier faux pas. D'ailleurs, afin que chacun ait un minimum de chance de briller, on trouvera les événements spéciaux pouvant potentiellement retourner une situation, même si cela n'arrive pas toujours (au moins, les concernées pourront gratter du kill). Outre les classes spéciales reprises de Battlefront (intégrant le possesseur du lance-flammes ou encore le gros bourrin au gatling), on aura droit au « Behemot », à savoir l'arrivée d'un véhicule surpuissant pour l'équipe qui a pris un trop gros retard aux points. Train blindé, zeppelin ou destroyer en fonction de la configuration des neuf cartes, ces véhicules pourront causer d'énormes ravages dans l'équipe d'en face, mais seront très facilement esquivables pour les habitués.

Pour ce nouveau cru, le titre va en tout cas se reposer sur les fondamentaux du coté des modes de jeu, où l'on retrouve les classiques Team Deathmatch, Rush ou encore l'indispensable Conquête. Du neuf vient tout de même s'immiscer avec Opérations, la grosse nouveauté qui va incarner une sorte d'aventure se déroulant sur deux ou trois cartes, où l'on devra progresser face à la défense ennemie avec sécurisation de zones au fur et à mesure de l'avancée. Un petit détail change tout : cette fois, le nombre de vies est limitée, obligeant à revoir une bonne partie de sa stratégie pour éviter d'accumuler les cadavres au même point. Le mode Pigeon de Guerre va lui représenter une sorte de Capture de Drapeau refondu, l'objet étant remplacé par un piaf qu'une équipe devra récupérer à l'apparition sur la map, avec besoin de le conserver un certain temps le temps de simuler l'écrit d'un message (vice : le message s'écrit plus vite si on reste immobile), sachant que l'équipe adverse aura possibilité de vous faire pleurer en shootant le pauvre pigeon lorsque vous le relâchez.



Dans tous les cas, la sensation d'être au coeur du champ de bataille est au rendez-vous. Les tirs fusent dans tous les sens, les explosions aussi, et l'on se sent sans cesse débordé par la situation, même parfois lorsqu'on a l'avantage. Le seul véritable reproche que l'on pourrait faire, c'est que si Battlefield 1 est un épisode digne de la licence, et probablement même l'un des meilleurs, il ne se détache pas de cette patte. Ce n'est pas dommageable évidemment, mais un poil critiquable lorsqu'on parle du contexte : la Première Guerre Mondiale. Coté équipement, on est servi mais ce n'est pas ici que l'on ressentira le coté guerre des tranchées, et même le corps-à-corps, pourtant mis en avant durant la communication, est finalement très facultatif car il sera toujours rare de voir deux personnes en venir aux mains (= couteau, pelle, hachette…) dans ce style de gameplay, les munitions ne manquant jamais. Seuls les grenades spéciales, particulièrement à gaz, apportent un vrai changement vu que l'obligation de mettre un masque vous fera perdre drastiquement en précision.

Et pour prendre en main tout cela, que cela soit les armes si particulières mais aussi et surtout les véhicules, DICE a fourni l'un des meilleurs tutos au monde. Bien mis en scène, tout ça… Le problème, c'est qu'on parle ici du mode solo, qui est un aussi bon entraînement qu'une mauvaise campagne. En même temps, vu le passif des développeurs, on savait qu'il ne fallait pas s'attendre à grand-chose et le bilan tombe de lui-même : c'est une campagne très moyenne, et très basique. Cinq heures de jeu pour autant de chapitres, chacun étant dédié à un personnage et un contexte, permettant en fait de découvrir les features qui vous serviront dans le multi, à savoir la conduite de véhicule, l'utilisation de l'équipement ou encore incarner une classe spéciale. On peut comprendre l'envie de DICE de ne pas proposer un scénario digne d'un blockbuster avec un unique personnage aux allures de héros dans une guerre où ce terme n'avait pas lieu d'être… sauf que l'on ressentira exactement la même chose manette en main, avec des sessions dignes de Rambo où vous allez nettoyer une zone à vous seul ou presque. Ce n'est pas mauvais mais ça fait presque vieillot, avec des situations qui se répètent et de trop rares moments vraiment marquants. DICE quoi.

Les plus	Les moins
+ Furieusement beau + L'ambiance sonore + Cartes excellentes et variées + Le Team Play à son meilleur + La nervosité des joutes + L'équilibre constant + Le nouveau mode Opérations	- Campagne basique - Et très courte - Corps-à-corps en retrait - Pas très WW1 dans les faits - Français/Russes en (futur) DLC

Conclusion : Entre la redite Battlefield 4, le trop mal exploité Star Wars Battlefront et la déception Mirror's Edge Catalyst, on peut dire que DICE aura lâché quelques gouttes de sueur sur cette génération mais ça y est, le développeur tient maintenant sa référence, celle que l'on met en avant face à la concurrence en bombant le torse. Surtout avec un tel moteur. Si la campagne solo aurait mérité un peu plus d'attention (au point d'être même reléguée en second plan dans le menu), le titre s'impose comme une tuerie grâce à son multi peaufiné jusqu'au bout des ongles, et suffisamment complet pour être squatté pour les années à venir. Folie : on en viendrait presque à craquer de suite pour le Season Pass.

Un 9/10 bien mérité... où se BF se veut plus sensible et émotionnel que ses prédécesseurs... DICE et EA ont fait du bon taff, et on permis à cette licence de se lancer dans une vraie guerre à l'ancienne... cela a manquer à pas mal de joueur, surtout les anciens comme nous ^^