Toujours dans sa nouvelle politique de jeux à suivi, Ubisoft va tenter d'oublier le mauvais départ commercial de Steep avec For Honor, qui va s'avérer être l'une des bonnes surprises de ce début année.
Couillu, c'est le mot. On reprochait à Ubisoft de se reposer constamment sur les mêmes fondamentaux depuis quelques années, donnant l'impression que des franchises comme Far Cry, Assassin's Creed et Watch Dogs partaient toutes d'une même base pour les adapter ensuite à un style différent. Le besoin d'aller plus loin en terme de prestance mondiale a néanmoins permis de diversifier son catalogue. De The Crew à Steep en passant par The Division et Rainbow Six Siege, l'éditeur évite maintenant de se montrer avare en terme d'originalité. Et For Honor est à inclure dans le lot, où les développeurs sont de nouveau partie de rien pour tenter de proposer autre chose, et surtout avec une belle dose de prise de risque tant le titre ne fait aucunement dans le grand-public. Celui d'aujourd'hui en tout cas. Les craintes étaient légitimes, et l'on avouera même que l'on s'attendait jusqu'au bout à un jeu moyen tant le hype était absent.
Bon d'ailleurs, ce n'est pas la campagne qui nous a pleinement rassuré au départ. Ubisoft avait déjà déclaré qu'il s'agissait avant tout d'une expérience multi et comme souvent dans ce genre de cas, le mode Histoire (jouable à deux en coopération d'ailleurs) n'est rien d'autres qu'un bon gros tutorial de luxe, un peu comme ce que l'on pouvait trouver dans un Battlefield 1 en fait. Environ 8h en difficulté standard pour comprendre toutes les subtilités du jeu (et même plus, mais on imagine que les gros pièges arriveront plus tard en multi), bercé au coeur d'un scénario vraiment moyen malgré un point de départ intéressant. C'est dommage car si le doublage français ne brille aucunement, la mise en scène est bien présente grâce à l'apport de nombreuses cinématiques… mais pourquoi faire au final ? Quel utilité trouvera t-on à mettre en avant autant de personnages puisque toute tentative de charisme est directement annihilé par le fait qu'ils sont tous en armure avec un masque, donnant en fait l'impression de jouer avec de simples PNJ qui font la guéguerre (à deux/trois exceptions près). Pas trop de renouvellement non plus au fil des missions, puisque le but reste de passer à travers toutes les classes pour une fois encore en maîtriser l'essentiel.
Pour ceux qui n'ont pas suivi la longue actualité autour du titre, For Honor propose en effet douze classes, à raison de quatre pas faction. Faction que l'on doit choisir dès que l'on met l'on commence le jeu mais rassurez vous, ce choix n'aura absolument aucune incidence sur le reste vu que vous pourrez tout de même sélectionner la classe souhaitée en multi. En effet, la faction ne sert qu'à vous placer dans un des trois camps pour les combats en multi-asynchrone, mais on va y revenir. Car si le titre parvient à attirer les louanges, c'est clairement grâce à son gameplay pas comme les autres, simple à prendre en main mais très long à maîtriser. Même si l'on peut parfois se retrouver déborder, généralement à cause de troufions qui se dégomment aussi facilement que dans un Muso, l'essentiel tiendra en du 1VS1, face à un adversaire que l'on devra préalablement locker pour amorcer le système.
Toute la base va se situer dans la position d'arme adoptée par chaque combattant, à savoir gauche/droite/haut. Un icône montre clairement la chose mais en difficulté supérieure, il faudra directement observer votre opposant. Ce qu'il faut donc savoir, c'est que la position choisie déterminera à la fois votre angle d'attaque, mais également celui de votre défense. En bref, si vous vous préparez à taper droite et que l'adversaire est plus rapide en frappant gauche, vous morflez (et inversement). C'est de là que va partir toute la stratégie et le besoin d'y aller calmement, renforçant des combats finalement lents mais dont la moindre faille peut se payer très vite si celui d'en face est un habitué. De là s'ajoute les parades effectuées avec le bon timing, les esquives, les feintes et bien entendu les brises-gardes pour les plus nerveux qui se feront démonter si celui d'en face place une esquive au bon moment. Que ce soit contre une IA relevée ou un vrai adversaire, le trip est bien présent et rarement un jeu d'action n'avait fourni un système aussi profond, finalement proche d'un jeu de combat. Chaque classe ayant son propre style (lent mais puissant, meilleur défense, agilité, voir hybride) ainsi que ses petits plus selon les goûts de chacun, il faut des heures avant d'en maîtriser un sur le bout des doigts, et c'est peut-être le seul atout de la campagne : nous pousser à vérifier chacun avant de trouver chaussure à son pied, et du coup savoir à quoi il faudra s'attendre lorsque votre adversaire utilisera une classe que vous avez déjà essayé pendant plusieurs matchs.
Avec For Honor, Ubisoft réussit donc à livrer un titre au gameplay différent, qui pourra peut-être constituer une base que souhaiteront emprunter d'autres développeurs. Un jeu de timing fignolé, mais qui rencontre un défaut : tout est basé dessus, et en démontre la simplicité de la campagne. Abordons d'ailleurs le multi dont le menu se présente sous la forme d'une map de conquête, où vous allez affronter obligatoirement des joueurs qui ont opté pour une des autres factions que la votre, le but étant d'amasser suffisamment de territoires à rythme périodique pour que votre clan remporte du bonus. Vous faîtes ensuite votre choix de modes (notons que chacun peut être joué face à l'IA pour s'entraîner), où le meilleur ressortira des Duels en 1VS1 ou 2VS2. Dans le second cas, on s'offre un savant mélange entre le skill et la pression car si chaque groupe va s'affronter dans son coin, il y a évidemment la crainte d'être tombé sur un mauvais partenaire qui va se faire démonter au loin… et croyez bien qu'une fois fait, son adversaire ne va pas se tourner les pouces. Le risque sera ainsi de faire ensuite face à deux guerriers d'un coup (que le jeu gère tout de même bien grâce à son changement rapide de lock et un radar qui a son utilité), décuplant l'ego du plus modeste si vous ressortez vainqueur d'un tel déséquilibre, et qu'importr si vous avez empoigné l'un des deux pour le balancer dans un gouffre ou contre une fournée de piques. Tant pis pour l'honneur.
Malheureusement, le fun est un peu moins présent dans les autres modes à objectifs ou non, car du 4VS4 signifie généralement qu'il y en aura toujours un ou deux pour esquiver le face à face afin d'aller se jeter à trois d'un coup sur un pauvre mec qui risque de pleurer un peu le temps que ses potes arrivent. Question de goût et peut-être que ça plaira à certains, particulièrement aux plus faibles qui profiteront des escarmouches sanglantes pour se faufiler tranquillement vers les zones à capturer. Le renouvellement a en tout cas le mérite d'être assuré pour maintenir les joueurs sur la longueur puisque tous les DLC seront gratuits, que ce soit les maps ou les modes de jeu, avec tout de même une petite nuance concernant les nouveaux personnages qui devront être achetés avec la monnaie in-game (comme Rainbow Six Siege), ou directement accessible si vous craquez pour le Season Pass.
On ignore s'il faudra suer sang et larmes pour parvenir à chopper chaque nouveau dans les temps vu qu'on ignore encore le nombre de piécettes demandées, donc à vous d'économiser d'ici-là à coups de combats (il y a bien entendu des défis quotidiens pour aller plus vite), avec bien sûr la possibilité de dépenser votre pognon dès maintenant pour acheter des caisses d'équipement standard (au pif, comme le veut la routine aujourd'hui), sachant qu'il faut bien évidemment lâcher un bon paquet pour les caisses de trucs rares. Et et il y a évidemment le booster d'xp sur trois jours qui va avec. Sachant que vous pouvez sortir la carte-bleue pour aller plus vite, ne vous étonnez pas de faire face à des mecs avec des armures top classes, même si vous vous en doutez : seul le skill comptera sur le terrain.
(Note : à l'heure où nous écrivons ces lignes, les serveurs sont encore très loin d'être stables.)
Les plus
Les moins
+ Système béton et bien trouvé
+ Le skill prime sur tout le reste
+ La courbe de progression
+ Plein de trucs à débloquer
+ Les DLC gratuits
+ Rendu très correct...
- … Mais ça manque un peu d'âme
- Et les musiques ?
- Campagne très bof
- Certains modes qui tombent très facilement dans le déséquilibre
Conclusion : Comme d'autres jeux avant lui, For Honor est un produit qui se destine uniquement aux sessions multijoueurs. Pas « avant tout » : uniquement on a dit. La campagne solo (ou coop, qu'importe) n'a pas franchement d'intérêt hormis servir d'entraînement avant d'attaquer le vrai sujet, à savoir de pures sessions d'affrontements tactiques, nerveux et brutaux. Une surprenante originalité ressort donc de tout cela, au risque de ne plaire qu'aux joueurs les plus aguerris qui auront de quoi faire pour tout maîtriser. Ne reste plus qu'à apporter davantage d'originalité dans les classes et modes à venir gratuitement, et si les développeurs y sont parvenus avec le gameplay, gageons qu'ils réussiront pour le reste.
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