On l'attendait avec une vive impatience et les premiers retours ont commencé à échauder l'esprit des impatients. Mafia III est disponible depuis peu, et aurait finalement mérité le même traitement que d'autres : un gros report pour éviter une énorme déception.

Bon, on ne va pas tortiller du cul pour chier droit, et aborder ainsi la plus grosse problématique d'entrée : Mafia III est moche. Plutôt sympa sur PC, le titre est une mauvaise blague sur consoles, moins beau que GTA V qui on le rappelle est issu de la précédente gen (en soigneusement porté certes) et on a parfois l'impression d'avoir affaire, justement, à un Remaster un peu bâtard avec des effets d'une autre époque, de celle où les développeurs faisaient des transferts un peu à l'arrache de jeux PC sur consoles avec des moteurs pas très adapté pour. La version PS4 est celle qui s'en sort le mieux mais subit davantage de chutes de frame-rate, là où la One arrive à maintenir un 30FPS assez stable, mais avec un rendu encore plus dégueulasse. Il faut bien comprendre : le titre n'est jamais beau, souvent moyen, et parfois très moche. Véritable drame pour un titre qui pourtant tente de retranscrire au mieux les USA des années 60, où rien n'arrange les choses, du rétroviseur aux graphismes PS1 jusqu'aux cieux parmi les plus immondes de ces dernières années, sans oublier les classiques bugs.

Et là où ça fait mal au fondement, c'est que les développeurs ont pourtant livré une toile de fond de très grande valeur. Rarement un jeu vidéo n'a abordé de la thème de la ségrégation raciale de manière aussi violente, jamais caricaturale et perturbante de réalisme, où l'on incarne Lincoln, de retour de la guerre du Vietnam et qui doit reprendre sa vie dans une ville où rien n'empêche le quidam de ne voir en vous qu'un nègre. Le racisme naturel, le vrai, pas celui pointé du doigt par le dernier politicien en date qui s'insurge devant trois apprentis nazillons, mais celui où il était tout à fait normal d'insulter la totalité d'une communauté sans craindre la loi, qui elle-même ne se faisait pas prier pour en rajouter une couche, jusqu'à la radio où l'on surfe d'une station à l'autre entre l'apologie de la race blanche et le suprématiste noir. Et d'autres représentants de l'époque en prenne aussi pour leur grade, dont les irlandais au point de faire naître une polémique… en Irlande justement. Une situation dramatique dont les plaies restent encore aujourd'hui présente, particulièrement aux USA, et l'on ne peut que féliciter les développeurs de mettre le joueur face à une réalité passée, sans y apposer la moindre censure.



Lincoln donc, un homme dont on n'attendait pas grand-chose (particulièrement les fans de la mafia italienne dite « traditionnelle ») qui va s'avérer être un personnage de charisme, n'ayant aucun mal à attirer le joueur dans sa quête de vengeance. Il faut dire que l'introduction est un modèle du genre et de manière générale, tout est fait pour proposer une narration digne de ce nom aussi bien dans le casting (alliés comme ennemis) que dans les dialogues, les cinématiques très travaillées, le doublage FR parfait et une bande-son d'époque diablement efficace, jusqu'à offrir une traduction dans les animateurs radios. Genre de chose qu'on attend toujours chez Rockstar depuis des plombes. Une époque retranscrite avec grande classe qui aurait pu offrir un très grand jeu… si les développeurs n'avaient pas voulu faire de Mafia autre chose que Mafia.

En effet, si Mafia II était critiquable sur de nombreux aspects, on pouvait louer la qualité et le rythme de son histoire, au point qu'il n'y avait d'ailleurs pas grand-chose d'autres à faire une fois le jeu terminé. A l'heure où GTA V continue de gonfler les comptes de Take Two grâce aux possibilités de son multi que les Youtubers se chargent de promouvoir à tour de bras, il fallait bien pouvoir ici proposer autre chose qu'un simple jeu d'action narratif et du coup, on nous a rajouté de nombreux choses qui semblent annexes, sauf qu'ils sont directement implémentées dans la progression et donc obligatoire pour avancer. Voici comment les choses se présentent une fois passée l'introduction :

A) Voir votre contact, ancien partenaire de guerre.
B) Débloquer ainsi l'accès à deux autres contacts lambdas dans un quartier.
C) Faire des missions classiques pour chacun d'entre eux (tuer, tuer, détruire, tuer)
D) Débloquer ainsi les deux lieutenants du quartier à tuer (+ ses sbires)
E) Mission finale du quartier.
F) Retour à l'étape A. Et à effectuer une dizaine de fois puis crédits de fin.



Voilà. En bref, c'est le premier Assassin's Creed, même si l'on a ici davantage de plaisir à faire de vrais affrontements plutôt que de pister une fois sur trois un mec sur deux kilomètres. Alors bien sûr, l'IA est digne de 90 % des open-world, c'est à dire très mauvaise, ne s'étonnant jamais de revenir dans une pièce vide quand y avait 10 potes en train de causer deux minutes avant, et qui étrangement se dirige directement vers vous après que vous ayez shooté un pote à 50m avec un silencieux. Pour autant, c'est très accessible mais il est probable que la plupart de vos joutes se ressembleront, à savoir débarquer dans une zone, commencer à vous la jouer un peu infiltration puis, dès que l'alarme se déclenche ou que vous en avez marre, appeler trois potes à la rescousse et sortir la mitrailleuse. Par contre, on ne peut pas non plus faire n'importe quoi. Même munie d'une arme lourde, les tirs ennemis font très mal et deux ou trois rafales sont suffisantes pour vous envoyer au dernier checkpoint. On notera aussi la présence d'un peu de corps-à-corps, très basique, mais aux finishs bien brutaux comme on les aime.

Pour en revenir à la progression, le fait de diluer le scénario joue donc atrocement sur le rythme. Pour faire simple, seules les missions finales d'une zone (le point E donc) apporte de la variété et de la mise en scène, ce qui est trop peu pour une aventure qui s'étale aussi longuement. Les développeurs ont tout de même essayé d'apporter de l'intérêt à ce système, où chaque quartier entre vos mains devra être confié à l'un de vos lieutenants (trois, dont Vito), apportant des bonus non négligeables et demandant tout de même de ne pas trop en privilégier un seul au risque qu'un autre vous quitte sans retour possible. Bonne idée donc, mais on ne peut s'empêcher de penser que tout cela n'est que secondaire et aurait du rester dans les annexes pour ceux qui le souhaitent vraiment. En ressort donc une belle déception et un titre qui nous renvoie des années en arrière, et même au-delà lorsqu'on voit des possibilités d'interactions inférieures à Mafia 2, l'absence totale de choses à faire en ville (pas de boutique de vêtement, de voiture, rien…), la conduite hasardeuse… Dommage, clairement.

Les plus	Les moins
+ Le contexte historique + Des thèmes brutaux + Les cinématiques + L'introduction + La qualité des radios + Le casting & le doublage FR + Quelques missions réussies + Bonne difficulté	- Pas bien joli sur PS4 - Encore pire sur One - Progression mal foutue et répétitive - La conduite à l'ouest - Monde ouvert sans intérêt - Des missions qui se recyclent - L'IA en carton - Une masse de bugs

Conclusion : Ce qui devait être l'un des gros AAA de l'année n'est finalement qu'un petit jeu qui mériterait une baisse de prix avant de craquer, quand d'autres petits malins se contenteront de regarder des vidéos Youtube qui à elles seules offriront la majorité des points forts de l'aventure. Ce n'est pas une daube, mais juste un titre qui semble déjà avoir dix ans voir plus derrière lui, n'apportant rien de plus que les autres si ce n'est d'avoir eu le courage d'aborder des thèmes de manière bien plus directe et brutale qu'à l'accoutumée.