Sans aucun doute la plus fun et la plus originale des productions Smilebit, Jet Set Radio a en son temps démocratisé un style graphique mainte fois repris depuis, et devenu populaire à tel point qu’un certain Shigeru Miyamoto, avec l’appui d’Eiji Aonuma, en fit son cheval de bataille pour le tout dernier Zelda : The Wind Waker sur Game Cube, le cel shading.
Séance de ratrappage
Cette perle trop rare de la Dreamcast s’est vu adaptée cette suite sur Xbox pour son lancement en Mars 2002. Malgré son âge, cet opus mérite réellement que nous revenions dessus pour tout ceux qui seraient passés à côté, sans se rendre compte du chef d’œuvre ludique qu’ils laisse somnoler dans les bacs. Et visiblement, si on se fie aux chiffres de ventes, ils sont nombreux à ne pas avoir été mis au courant…
Yo
Dj Professeur K exerce une profession admirable, il est Animateur Radio. Et pas de n’importe quelle station : la Jet Set Radiooooooooooooo (ça se prononce comme ça), dont les ondes se targuent de hurler au peuple tout ce que les autres ont peur de chuchoter ! A commencer par la dénonciation de la Rokakku Corporation, ce groupe est arrivé à un tel niveau de pouvoir que même la police est sous son emprise. Pas facile donc d’être un jeune taggeur à roulettes et de se livrer tranquillement à ses guerres des gangs. Parmi les nombreux groupes de roller boys & girls qui sévissent dans ce Tôkyô improbable, les GG en sont l’étoile montante, et cela tombe bien c’est vous.
Ils s’appellent au départ Yoyo, Gum, et Corn, mais seront très vite rejoints par de nombreuses âmes perdues en quête d’action. Vous commencez par vous faire aux mouvements de bases du jeu en compagnie de votre crispant instructeur Roboy. A partir de ce QG plusieurs routes vous sont accessibles menant à divers niveaux. Pour la marche à suivre, c’est Dj Professeur K qui vous la donne ! C’est sous ses conseils avisés que vous allez devoir repeindre les murs des quartiers à vos couleurs, accepter des duels contre des personnalités de la rue, et faire fuir les groupes adverses tout en culbutant de temps à autres quelque policiers à la solde de Rokakku. Ne vous en faite pas, on ne s’ennuie pas dans l’univers éclatant de Jet Set Radio Future.
Si au départ le ton exagérément «jeune», pour ne pas dire dégénéré, qu’emploie vos compagnons lorsqu’ils s’adressent à vous peut faire sourire narquoisement, on se rend vite compte que c’est au service d’une vraie ambiance et d’un vrai gameplay. D’une précision pas évidente au départ, vous finirez par vous étonner vous même de vos prouesses !
Je plane, mec
Le principe du jeu n’est pas de se cantonner à rouler par terre et à effrayer les badauds mais de sauter un peu sur tout ce qui ressemble à une barre pour «grinder», qu’elle soit horizontale ou verticale comme un poteau téléphonique. Et une fois qu’on est au dessus du poteau on fait quoi ? C’est évident on saute de lignes en lignes, puis de toits en toits, et si l’hélicoptère de la police est trop loin pour être atteint, regardez à votre gauche, peut être se trouve t-il quelques panneaux publicitaire pour rebondir dessus et à vous l’hélico ! Vous n’avez même pas prévu de savoir ni où ni comment vous alliez atterrir, car le plus grand plaisir ici c’est de s’élancer de toute ses forces sans craindre les conséquences !
Cet exemple ne représente grosso modo que quelques secondes d’un des vastes niveaux de Jet Set Radio Future. Il faut le voir pour le croire. La jouabilité est incroyablement coulée et elle vous permettra de faire des « trucs de ouf’ » comme ils disent. C’est là le gros point fort de Jet Set Radio Future, sa liberté d’action sans pareille. Certes, cette facilité d’utilisation à un prix, en effet dès qu’il s’agit de sauter à des endroits trop précis, ou d’effectuer quelque chose de périlleux il arrive parfois qu’on ne parvienne pas à maîtriser, surtout que ne possédant pas de freins (ou alors on m’a menti) les rollers font preuve d’une certaine inertie pour ne pas dire d’une inertie certaine. En tout cas, attendez vous à des passages vraiment inoubliables. Notez que le jeu ne s’attarde pas sur les figures artistiques qu’on retrouve dans des simulations comme les Tony Hawk par exemple. Ici vous aurez la possibilité d’agrémenter vos sauts de quelques mouvements mais rien de très poussé, vous n’êtes pas ici pour faire le beau mais pour purifier la ville, à votre façon bien sur…
Et tu tag, tag, tag, c’est ta façon d’aimer…
La carte du jeu vous indique à peu près où se trouve les endroits à recouvrir de vos tags, à savoir que vous avez la possibilité de les créer vous même et qu’il y en a de différentes tailles, les plus gros nécessitants davantage de bombes de peinture. Contrairement au Jet Set Radio original, il suffira de se placer devant la surface et d’appuyer pour tagger, là ou l’épisode Dreamcast vous demandait d’effectuer quelques manipulations avec le stick. Beaucoup de personnes ont criés au scandale, scandant que le jeu était devenu trop simpliste, alors que si on prend le problème d’une autre façon on peut tout aussi bien dire que Jet Set Radio Future est sans aucune coupure de rythme. D’autre part le fait qu’il n'y ai plus aucun chronomètre rend l’exploration du jeu très agréable, voire délicieuse pour employer un adjectif culinaire.
Maître Sega, dessine moi une ville
Ce n’est pas parce qu’on est pas là pour faire de la figuration qu’on ne doit pas s’extasier sur les détails et sur l’architecture générale des quartiers ! Ainsi que leur diversité : Le Shibuya (made-in-Smilebit), une bordure d’autoroute, un quartier de grattes-ciels, un bidonville, un immense quartier résidentiel à visiter de nuit, des égouts et j’en passe… Tout ces niveaux ont fait l’objet d’un level-design tout a fait hallucinant, rendant le plaisir de jouer et la découverte des lieux jouissif, pour employer un adjectif sexuel.
C’est en jouant à Jet Set Radio Future qu’on se rend compte à quel point le cel shading a été conçu pour ce jeu, c’est tout simplement un régal, les couleurs et les teintes sont très marquées, le rendant «agressif» mais pas dans le mauvais sens du terme. Un level-design de folie et de superbes graphismes seraient quand même triste sans toute la vie qui anime l‘ensemble ! A l’instar de Crazy Taxi, une autre perle de fun sauce Arcade made in Sega, certains endroits sont remplit de personnes se baladants gaiement et qui poussent maints cris de terreur lorsque vous défoncez les vitres du Virgin local pour saccager les rayons. Contourner ? Pourquoi faire ? Vous pouvez quasiment tout défoncer dans ce jeu de vandales, réjouissez vous !
Le maître des ondes
Mais le mieux reste encore de progresser d’obstacles en obstacles et de laisser le vent caresser son visage en rythme. Les musiques de Jet Set Radio Future sont plus qu‘inhabituelles, à l’instar du principe du jeu en lui même d’ailleurs. On aime où on aime pas, mais en ce qui me concerne après avoir éprouvé quelques frissons d’incertitudes, j’ai fini par m’habituer à la plupart d’entre elles, et mieux j’ai appris à les apprécier ! Cette bande son soignée ne fait en tout cas que confirmer que Jet Set Radio Future est un « tout » ; une ambiance unique, des graphismes unique, un gameplay unique, une style unique, et un fun tout aussi immédiat qu’évident.
9/10