En décembre 2013, Nintendo créait la surprise en annonçant une énième collaboration pour permettre la création de « Zelda Musô ». Neuf mois plus tard, la bête est entre nos mains.
Sur les terres japonaises, l'une des bonnes solutions actuelles pour assurer un minimum de revenus lorsqu'on est un peu en manque d'inspiration, c'est de se tourner vers l'un des deux genres phares en vogue depuis des années : le Monster Hunter-like, ou le Musô. Nintendo s'est donc attardé sur le second cas en s'assurant une main d'œuvre venue des spécialistes du genre (
Omega Force donc) et vu que
Fire Emblem manquait peut-être de prestance pour s'assurer la plus forte image à l'internationale, la firme a donc opté pour son autre licence phare suffisamment adaptable pour le genre. Et comme avec One Piece et Hokuto no Ken, on remarque vite que ça va être la même chose, mais en suffisamment travaillé pour plaire aux fans respectifs de chaque série.
Car oui, contrairement aux premiers souhaits de l'équipe avant que Shigeru Miyamoto vienne « renverser la table »,
Hyrule Warriors est bien un Musô reskiné avec du Zelda plutôt que l'inverse. De fait, la formule reste la même. Vous débarquez sur une Map assez grande et évoluez en éclatant la tronche de centaines (voir milliers) d'ennemis en sécurisant les points de respawn (pour limiter l'arrivée d'adversaires), en envahissant des mini-forts (même effet, avec parfois des bonus à la clé) et en accomplissant quelques mini-objectifs, comme parfois escorter quelqu'un ou quelque chose, en ayant de temps à autre l'arrivée d'un mini-boss ou d'un boss tout court qu'il faudra affronter en trouvant le bon pattern pour attaquer pile au moment où il est en position de faiblesse. La routine en somme, et ce pour la totalité des missions de l'histoire principale.
Et bien sûr, c'est là que le peinture Zelda arrive pour faire la différence. De ce coté là, on est pleinement servi et on sent que les développeurs ont vraiment tenu à rendre hommage à la licence, même si tout est loin d'être parfait. Par exemple, le jeu est très loin d'exploiter la totalité de la saga, et il suffit d'arriver au milieu de la campagne, lorsque la progression se sépare en trois tranches pour comprendre que, justement, seuls trois jeux ont vraiment été utilisés :
Ocarina of Time,
Twilight Princess et
Skyward Sword. Le reste n'est que l'objet de clins d'oeil, malheureusement gardé en retrait et il faudra attendre une suite, voir des DLC, pour permettre de poser Tamriel de
Majora's Mask voir (plus fou) un niveau 100 % toon-shading pour
Wind Waker ou (encore plus fou) un niveau qui garderait le même gameplay mais en vue du dessus pour placer du
A Link to the Past (voir sa suite 3DS) ou
A Link's Awakening.
Et cette limitation se ressent également dans le nombre de personnages jouables. Il était certes difficile d'atteindre les 120 personnages des derniers Musô avec une licence comme Zelda, mais une douzaine de protagonistes seulement, ça peut paraître très faible pour un amateur du genre, surtout que tous les personnages sont loin de se valoir au niveau des attentes des fans. Bonne nouvelle en revanche, tous sont suffisamment différents au niveau des attaques, du Link classique à Ganondorf digne d'un Lü Bu en passant par Darunia le gros bourrin ou encore Sheik muni(e) de sa harpe. Une vraie variété, surtout que certains personnages possèdent deux types d'armes (et même encore plus pour Link) même s'il est malheureusement impossible de passer de l'un à l'autre à la volée, un choix devant être effectué avant chaque lancement de mission.
Coté gameplay, là encore, on reste à 100 % dans la tranche Musô avec principalement deux boutons à utiliser : B et Y. Le premier sert d'attaque de base tandis que le second offre une attaque spéciale. Tout le principe vient du fait que l'attaque spéciale en question diffère en fonction du nombre de fois où vous avez utilisé B juste avant (B Y, BB Y, BBB Y, etc.). Bien sûr une partie des combos sont à débloquer dans une espèce d'arbre de talents moyennant quelques matériaux ramassés sur le champ de bataille. D'ailleurs, l'équipe a eu la bonne idée d'offrir des matériaux propres à chaque personnage, histoire que l'on puisse à chaque fois privilégier le « héros » avec lequel on joue. Toujours dans le gameplay, on rajoutera l'arrivée des objets typiques de la licence (boomerang, arc, grappin...) qui malheureusement vont être un peu sous-exploités. En plein combat, il n'y a pas beaucoup de raisons de les utiliser vu que notre arme principale fait clairement le boulot et au final, on ne s'en servira que contre certains éléments du décors (bombe sur les roches, cachant parfois un coffre) et face à une poignée de boss, qui ont tendance à revenir en boucle.
Bref, vous l'avez compris,
Hyrule Warriors n'a rien d'une révolution et reste dans la tendance des produits
Omega Force. Heureusement, malgré le manque de personnage, la durée de vie est au rendez-vous pour peu que vous passiez outre l'aspect évidemment très répétitif du genre. La campagne de base est déjà assez longue (certains missions peuvent demander facilement 40 minutes si vous voulez en faire le tour à chaque fois), et on trouvera quelques modes secondaires avec pour commencer le mode Libre qui servira autant à faire grimper la difficulté qu'à récolter les quarts de cœur de chaque personnage, les skultullas d'or qu'on aurait zappé en cours de route (permettant à notre ami Goron de nous fournir de nouveaux types de potions pour améliorer le loot) et bien entendu continuer d'amasser matériaux et nouvelles armes, toujours dans le principe d'augmentation en puissance.
Signalons également la présence du mode Aventure avec son menu en hommage à la map du tout premier
The Legend of Zelda. Le principe est simple : à chaque case, une mission qui peut autant être une zone à vider, qu'une épreuve sous timing voir même une sorte de quiz-action (devoir frapper tel ou tel adversaire en premier en fonction de l'indice fourni). Lorsque vous arrivez à l'objectif, vous débloquez les cases adjacentes pour continuer à progresser. Là encore, l'intérêt vient de l'envie de tout débloquer et il faudra donc prendre en compte que certains cases dont dédiées à un personnage en particulier, qu'il vaut mieux gratter le rang A pour s'octroyer de meilleurs bonus et qu'il faudra (dans le menu) trouver le secret de la zone (en utilisant par exemple un objet boussole puis une bombe) afin de débloquer un nouvel objectif, et donc un bonus de plus. En récompense de tout cela : toujours plus d'expérience, d'armes, de matériaux et la possibilité de débloquer Ruto et Ghirahim en personnage jouable.
On notera que ce mode intègre une composante online : il arrive parfois que l'ID d'un joueur apparaisse sur une case, marquant une mission échouée par ce dernier. Si vous l'effectuez de suite, sachant que la mission en question sera plus difficile qu'à l'accoutumée, vous débloquerez ainsi de meilleurs bonus. Et justement, en parlant de online, il est dommage que le mode coopération ne soit accessible qu'en local, où les développeurs ont tout de même réutilisé la fonction bienvenue du « non-split-screen » : un joueur sur l'écran du GamePad, l'autre sur la télé. De quoi pallier à l'IA à gerber, surtout du coté des alliés qui ne servent absolument à rien. On terminera par la première mise à jour qui, outre une fonction BGM dans les options, ajoute un mode défi inédit. Ici, vous débarquez dans une map sous chrono et devez accomplir un maximum d'objectifs à la suite avec les habituelles récompenses. Limité pour le moment, ce mode proposera davantage de missions avec le temps, en rappenant qu'une nouvelle mise à jour arrivera prochainement, sans qu'on sache encore si elle sera gratuite ou payante.
Les plus | Les moins |
+ Un mixe bien foutu
+ Très bonne durée de vie
+ La montée en puissance
+ Les personnages très variés
+ Des clins d'oeil à gogo
+ La classe de Ganondorf
+ L'histoire assez bien mise en scène
+ Très prenant en coop
+ La patte esthétique qui permet d'oublier la simplicité graphique | - Évidemment répétitif
- L'IA de la honte, comme d'hab
- Pas de coop online
- Zelda ou pas, on regrette vivement l'absence de doublages
- Aurait largement pu être garni en contenu (persos, univers...) |
Conclusion : Contrairement à ce qu'on craignait à la vue des premières images il y a un an, Omega Force s'en sort avec les honneurs pour cette adaptation de l'univers Zelda à la sauce Musô. Les fans risquent d'être aux anges, s'ils savent à quoi s'attendre, même si on se retrouve avec le même problème que dans le premier One Piece Pirate Warriors avec un contenu qui aurait pu être sans mal rehaussé en exploitant l'intégralité des épisodes de la saga. En bref, de quoi s'attendre à une ou plusieurs suites à l'avenir.