Le propre de la saga Final Fantasy était d’offrir un univers complètement différent à chaque épisode. Pour nous faire patienter en attendant l’opus numéro XII, Square Enix change la donne, et propose pour la toute premiere fois de se replonger dans un monde déjà bien connu des joueurs de Final Fantasy X: Spira. Sans doute dans l‘optique de ne pas concevoir ce qui aurait pû être taxé de “vulgaire suite“ les facétieux gens de chez Square Enix ont prit le risque de réaliser un jeu au concept et à l’ambiance très différents des aventures de Tidus. Pour être franc, on peut même dire qu’on se retrouve en face d’un Final Fantasy carrément conceptuel, qui risque d’être encore plus décrié par les vieux amateurs de RPG que ne l’a été Final Fantasy X. En même temps, si Final Fantasy X-2 est la meilleure vente de l’année 2003 au Japon, il ne peut pas être complétement mauvais, n’est ce pas ?
Le blondinet de retour ?
Le problème quand on veut poser les bases du synopsis de
Final Fantasy X-2, c’est qu’il
spolie logiquement la fin de
Final Fantasy X... Vous voilà donc prévenus avant de continuer la lecture de ce test ! Il est par ailleurs déconseillé de jouer à FFX-2 sans avoir fait FFX, cela va de soi.
Deux ans après la défaite de Sin par Yuna et ses guardiens, bien des choses ont changées à Spira. La Félicité Eternelle s’est installée, Spira ne vit plus ses heures de paix de façon éphémère. Sin n’est plus. Paradoxalement, Spira n’a sans doute jamais autant été tourmenté que maintenant. Sans être en guerre, les clans de Neo Yevon et de la Ligue des Jeunes cherchent à imposer leur doctrines. En bref, les hommes libérés de leur fardeau commun peuvent désormais se disputer et se haïr en toute tranquilité. Au milieu de cela, nous retrouvons une Yuna quelque peu émancipée véstimentairement parlant, qui forme un trio avec la déjà connue Rikku (qui elle n’a carrément presque plus de tissu sur la peau) et une petite nouvelle arborant une certaine
dark attitude, Paine. Ce trio qui constituera vos 3 uniques unités pendant tout le jeu, les Albatros, chasseuses de sphère de leur état, officie avec son équipage sur un gigantesque vaisseau, le Celsius, survolant toutes les contrées de Spira parcourues lors du pélerinage deux ans auparavent. Yuna s’est donc comme qui dirait adaptée à son époque, et oublie sa fonction de Grand Invokeur, motivée par le visonnage d’une sphère par laquelle tout a commencé... Dans cette sphère, “il” est présent... la ressemblance est trop frappante pour qu’il s’agisse d’une coïncidence. Yuna décide d’en avoir le coeur net et s’embarque pour une aventure où chanter redonne l’espoir, où masser ses rivales procure un plaisir intense et où s’arrêter dans une source chaude entre deux
boss vous fait oublier tout vos soucis...
"You must be some kind of..."
Les chocs se succèdent : la scène d’introduction est un concert dans lequel Yuna (enfin presque...) se la donne ! Le Celsius vous donne accès dès le départ à tout les lieux de Spira, avec le choix de l’ordre de visite ! L’ambiance est complétement survoltée et légère. Yuna reste fidèle à son statut de semi-potiche, Paine est la rabat-joie du groupe, formant un duo antinomique avec Rikku qui ne cesse de gigoter. Bref, on se demande où on est ! Tout les codes sont renversés, dans
Final Fantasy X-2, on vit l’aventure au travers de missions (!). Concrètement, le jeu se divise en cinq actes, chacun de ceux ci contient les quelques objectifs principaux, tout les autres lieux n’étant pas pour autant disponibles pour rien puisque si la trame principale est franchement courte (une toute petite trentaine d’heure tout au plus) les quêtes annexes et autres petites missions bonus sont... incalculables ! Obtenir les fameux 100% à la fin du jeu relève de la gageure, sans aucun guide, et comptez bien une centaine d’heures pour accomplir toutes ces taches. Léger oui, mais creux : non !
Cet épisode si particulier est donc à la fois extrêmement pauvre et extrêmement riche, selon l’approche que l’on à d’un RPG et de son ambiance. Oubliez immédiatement l’idée de vivre une formidable aventure épique aux accents tragiques... Sans quoi vous n’arriverez pas à franchir le cap et ne pourrez pas à apprécier le jeu pour ce qu’il est : un gigantesque divertissement qui ne se prend que très rarement au sérieux.
Néanmoins, il faut avouer que retrouver tout les lieux de Spira, ses nombreux personnages, et ses événements relatés en
flash-back, font que cet univers finit par etre doté d’un
background vraiment etoffé et parfois même attachant. L’enrobage technique est par ailleurs d’excellente facture, même compte tenu du 50Hertz imposé par la version Pal. Les couleurs chatoyantes desservent des lieux et des personnages forts convaincants, surtout ceux de sexe féminin d’ailleurs... Entre les multiples tenues plus ou moins estivales de nos héroines (nous y reviendrons), votre très décolletée rivale Leblanc et le retour de l’Invokeur le plus sexy du monde j’ai nommé Diana, il y a de quoi faire.
Silence, on tourne ! J'ai dit "Silence..."
Bref, ce qui ressort de la façon la plus magistrale dans la réalisation reste la mise en scène. Rarement les jeux de caméra n’auront été aussi travaillés pendant les
cut scenes. Là où
Final Fantasy X faisait preuve d’une certaine molesse,
Final Fantasy X-2 sait user habilement de touts les cadrages et effets pour captiver les sens.
Un autre domaine qui achèvera de vous convaincre que
Final Fantasy X-2 n’est pas un Final Fantasy ordinaire est la musique. En fait cet opus propose certainement les pires mélodies jamais entendues dans cette saga. S’il était mort, Uematsu se retournerait dans sa tombe, et pas qu’une fois. A croire que rien n’a été fait pour insuffler le moindre soupçon de gravité à ce jeu ! Dans
Final Fantasy X, la participation d’autres compositeurs au projet rendait déjà la bande son fort inégale. Mais ici, hormis la mélodie d’introduction au piano et peut être la musique de la forêt de Macalania, on nous sert une espece de soupe
electro-pop tout bonnement indigeste. Le thème des combats s’en sort moyennement bien pour sa part, mais n’est pas non plus un désastre.
Et puisque nous sommes dans les combats, profitons en pour signaler qu’ils sont certainement le gros point fort de
Final Fantasy X-2. On délaisse ici le système de tours pré-determinés et tranquille de
Final Fantasy X pour un retour à l’
Active Time Battle. Mais un
Active Time Battle particulierement dynamique ! En dehors des différentes manifestations vocales plus ou moins marrantes qui parsèment les affrontements, vos commandes s’effectuent de façon très fluide pour un Final Fantasy. Par exemple, attendre que deux jauges soient remplies pour attaquer en même temps permettra de causer davantage de dégats. Ou encore, admettons qu’un ennemi avance vers une de vos combattantes pour l’attaquer et que dans le même temps vous avez validé une attaque sur cet ennemi avec un autre personnage. Ce dernier ne va pas sagement attendre que l’ennemi ai porté le coup, il se ruera instantanément sur sa cible et le cas échéant l’exterminera avant que le vilain n’ait réussi son attaque.
Trouve toi un job, ma fille.
Un dynamisme certain auquel vient s’ajouter une conséquente palette d’actions.
Final Fantasy X-2 sonne le retour des
jobs dans la saga principale (FFXI mis à part) de façon particulierement visuelle... Les aptitudes sont en fait disponibles selon le
job, la tenue, que vous portez. De la même maniere qu’il était possible de changer de personnage en cours de combat dans FFX, FFX-2 permet de changer de tenue en direct dans un plus pur style pastel façon
Sailor Moon ! Vive le cosplay entre nana ! Plus sérieusement, on dira ce qu’on voudra, ces petits intermèdes souvent lurbiques ne manquent pas de style et de charme.
Final Fantasy X-2 regroupe donc à peu près toutes les compétences bien connues des joueurs, mais réparties dans chaque vetisphères (le nom des tenues des
jobs). Chacune des vetisphere n’offre pas pour autant l’intégralité de leur pouvoirs tout de suite, n’esperez par exemple pas pouvoir soigner toute votre équipe avec le “Soin Max” de la vetisphere Mage Blanc sans avoir auparavent appris la compétence. L’apprentissage de compétence est simple, il va de pair avec votre experience du combat. Combattez, apprennez ! Un systeme diablement accessible et diversifié auquel j’adjoins cependant un bémol. Concrètement il n’est en effet absolument pas nécessaire de
masteriser chaque vetisphere... et surtout pas avec chacune de vos trois unités. Pour ainsi dire, ma Yuna s’est vue jouer le rôle du Mage Blanc pendant les 85% de ma partie, et presque autant pour Paine qui se plaisait très bien en guerriere. L’apprentissage des nombreuses vetispheres (Samourai, Chanteuse, Mage Noir, Voleur, Chevalier Noir, Tireuse et bien d‘autres...) se fait donc davantage par curiosité que par réelle necessité. Notez que pendant les
cut scene, vos héroines gardent invariablement leur costume de base, à savoir Tireuse pour Yuna, Voleuse pour Rikku et Guerriere pour Paine.
Le reste du système de jeu de
Final Fantasy X-2 n’est pas non plus d’une extrême complexité, au contraire. Vous n’aurez par exemple aucun équipement à gérer ! Pas d’armes plus puissantes ou de tenues à acheter, juste deux emplacements sont reservés aux accessoires, ce sont les seules choses, hormis bien sur les spheres et les palettes qui vont avec, que vous aurez à paramétrer sur vos fillettes.
Bref vous aurez sans doute retenu de cet épisode qu’il possède un scénario d’une envergure aussi épaisse que le string de Rikku. Ce qui serait condamnable si le jeu n’était pas d’une richesse incontestable.
Final Fantasy X-2 se permet en plus, avec son système de missions séléctionnables au choix, d’etre à l’opposé de la linéarité tant reprochée à
Final Fantasy X. Ici vous faites ce que vous désirez, pratiquement quand vous le désirez.
Final Fantasy X-2 perd donc en saveur scénaristique et épique ce qu’il gagne en fun et en liberté. Un jeu dont le concept fait qu’on y joue plutôt sur la durée, une bonne partie de temps en temps pour pratiquer des quêtes annexes ou des mini-jeux.