Quel ne fut pas l’étonnement de bons nombres de joueurs, lorsque Yamauchi -créateur de la série émérite Gran Turismo- décida de perpétuer les simulations mécaniques, mais cette fois sur 2 roues. Tourist Trophy sort de l’ombre avec pour ambition de remporter la palme du « real riding simulator ». Pari tenu ?
Dans la pure lignée des
Gran Turismo, l’ouverture se fait en grande pompe, et nous propose une intro pharaonique afin de nous transporter dans l’ivresse de la course. Des replays à foison viendront décoller votre rétine pour le plus grand plaisir des amateurs d’engins à deux roues. Sans aucun complexe,
Tourist Trophy propose exactement la même interface que son prédécesseur. Les modes arcade, simulation, photo et diverses options seront donc a votre portée. Différents réglages vous permettront alors de sélectionner selon vos désirs le type de maniabilité, d’affichage (une résolution de 1080i est disponible pour la version japonaise !) et autres options sonores afin de profiter pleinement des différents moteurs, ou alors écouter avec plaisir les différents morceaux musicaux tous très entraînants.
Je n'ai besoin de personne en...
Le mode arcade nous accueille donc de façon similaire à
Gran Turismo 4, un
time trial et un mode course des plus communs. Une panoplie conséquente de motos sont à notre portée, et ce, dès le début du jeu. Du simple scooter, en passant par les différentes catégories de cylindrées (125, 250, 500, 650, 750, 1000 et 1200cm3), le choix est sans limite et la conduite des différents engins est totalement différente. Une fois la monture sélectionnée et la combinaison enfilée, on a la « désagréable » surprise de constater qu’au niveau des circuits, on nous a ressortis une fois encore les circuits de….
Gran Turismo 4 ! Hormis le circuit de Valence, un temple du deux roues, aucun autre circuit n’a été ajouté, ni même retravaillé d’ailleurs. Certes, ils étaient pour la plupart déjà très aboutis, mais l’on aurait bien voulu brûler quelques gommes supplémentaires en territoires inconnus, et non sur les sempiternels Laguna Seca, Midfield RaceWay et autre Deep Forest.
Une fois cette petite déception digérée, force est de constater que le nombre de concurrents a lui aussi diminué. En effet, 3 motards seulement dirigés par le CPU viendront vous taquiner les roues. Pas de départ arrêté, que du lancé, et bien sur en dernière position. Si le nombre de véhicules en course a baissé, l’IA du CPU semble quant à elle avoir bénéficié de quelques améliorations notables. En effet, finis les adversaires qui se suivent, qui ne se doublent pas, place à de la rébellion, à des accélérations franches et à des bagarres en ligne droite de toute beauté. Parfois, à la suite d’une mauvaise trajectoire pour vous doubler, le concurrent est littéralement éjecté de sa moto, la faute à une rencontre fortuite avec le bas côté. En effet, la maniabilité est très précise et lors des premiers tours de piste une crise de folie s’empare de vous. Dès le premier virage, tous vos espoirs sont anéantis par une immanquable chute dans l’herbe. Contrairement a
Moto GP, le poids des motos et leur cylindré ont une réelle incidence sur le comportement des machines. Aucune accélération brutale dans les virages, et le drift en virage est également vivement déconseillé. On se voit alors forcé à passer dans certaines courbes à 50km/h. Ni plus ni moins.
Des sensations au rendez-vous
Côté plaisir de jeu, une très grande finesse a été apportée a l’ambiance. On ressent alors réellement la moto selon sa catégorie, ainsi, une 1000cm3 Honda, n’équivaut pas à une 1000cm3 Kawasaki. Chaque moteur miaule de manière différente et se manie différemment. On pourra tout de même noter qu’une seule vue procure une réelle immersion, à savoir la vue guidon. On sent parfaitement la moto, la montée a 300km/h, le souffle du vent dans le casque ; le guidon se faisant très léger et le freinage brutal en entrée de virage font que cette vue est tout juste indispensable pour apprécier totalement le pilotage des motos. La vue extérieure donnant en revanche une impression très molle de l’action. Quant a la vue Ridge Racerienne (vue interne), elle ne convient malheureusement pas du tout à une simulation de motos. Graphiquement, le jeu s’en sort avec les honneurs, même si à la manière d’un
Gran Turismo 4 (encore lui !), certains circuits vous piqueront littéralement les yeux de par leur scintillement et leur aliasing particulièrement prononcé. Cependant, la beauté d’un Special Stage Route 5 ou de Hong Kong pardonne aisément certaines faiblesses. Les motos sont en revanche parfaitement modélisées. On notera tout de même une fâcheuse impression de « low res’ » sur la vue guidon, dont les rétroviseurs paraissent curieusement orientés vers le ciel, puisque hormis les nuages, ceux-ci ne reflètent pas grand-chose à vrai dire.
Le mode simulation pour sa part, comme vous devez vous en douter, est quasiment identique a son prédécesseur à 4 roues : permis, course unique, championnat, photo mode et concessions sont de la partie. Une difficulté moins élevée est d’ailleurs à noter pour les permis, et aucune épreuve ne devrait vous donner de fil à retordre. La grande nouveauté de ce mode est en fait l’abolition étonnante du vice humain, à savoir l’argent. Finis les crédits, place au challenge ! Vous désirez une moto ? A vous de la mériter sur un circuit déterminé par l’ordinateur. Vous devrez alors battre un adversaire et le maintenir 10 secondes derrière vous, ou bien effectuer un tour de piste en un temps record. Par la suite, tout comme dans le mode arcade, les courses se feront en un contre un et à quatre maximum durant les championnats. 21 challenges seront à votre portée dans ce mode et de nombreux cadeaux vous seront attribués comme des combinaisons ou encore de nouvelles motos afin d’enrichir votre garage. Le mode simulation est, il est vrai, bien moins complet que son homologue automobile, ce qui est finalement loin de nous déplaire, tant la fin de
Gran Turismo 4 était un véritable calvaire. Adieu donc les courses de 24 heures sans aucun intérêt…
En conclusion, malgré ses quelques défauts de jeunesse, ce Tourist Trophy apporte un réel vent de fraîcheur dans la catégorie moto de notre PS2. Et ce n’est pas le damné Riding Spirits, voire même un quelconque épisode de la série Moto GP de Namco qui pourra lui faire de l’ombre. Tourist Trophy devrait donc allègrement combler les attentes de tous les motards, ainsi que des fans incontestés de la Yamauchi’s touch.