Le 26 avril 1986, à 1h23, un test effectué sur le réacteur n°4 de la centrale nucléaire Lenine provoque un incident d’une ampleur gravissime, affectant l’histoire de l’humanité sur sa gestion d’un élément qui ne laisse pourtant que peu de place à l’erreur, encore moins humaine. Comme chacun sait, cet accident, c’est celui de Tchernobyl et il reste à l’esprit 35 ans après, preuve il n’y a pas encore si longtemps avec l’excellente mini-série TV qu’on vous conseille de regarder en urgence si ce n’est déjà fait. Un sujet évoqué depuis dans de nombreux médias, des romans au cinéma en passant par le jeu vidéo, dont
Chernobylite est le dernier représentant en date, pondu par
The Farm 51, donc pas le développeur le plus connu même si l’on n’oublie pas totalement
Get Even sorti plus tôt sur cette génération, qui affichait déjà cette volonté d’une exploitation de la photogrammétrie pour améliorer le réalisme du rendu.
Donc nous voilà des années après le fameux incident et nous incarnons Igor, un scientifique qui aidé de deux acolytes revient dans les alentours de Prypiat pour tenter de retrouver la trace de sa femme disparu lors de la catastrophe, et dont quelques indices laissent supposer qu’elle serait toujours en vie. Très vite, une odeur mystique vient pointer le bout de son nez entre hallucinations qui n’aident pas forcément à bien cerner la narration, mais aussi une matière spéciale dont le jeu prend le nom, permettant notamment de créer des mini-trous de verre bien utile pour notre anti-héros souhaitant se barrer quand la situation l’exige. Une matière qui attise aussi la convoitise d’une mégacorporation dont les soldats squattent la zone avec patrouilles, camps de fortune et petits laboratoires que l’on pourra visiter sur le chemin.

Passé une introduction forcément très linéaire où rien ne va se passer comme prévu, Igor se retrouve seul mais pas très longtemps, retrouvant la trace d’un de ses coéquipiers dans une espèce de gros hangar qui va devenir par défaut votre QG, et c’est peu de le dire car on entre direct dans l’une des principales mécaniques de
Chernobylite. Bon concrètement pour bien expliquer les choses, on parle d’une sorte de jeu de survie qui s’articulera autour de deux types de séquences. En premier lieu, vous choisissez une mission parmi une liste avec les principales d’un coté, et les secondaires, ces dernières consistant généralement à aller ramasser du matos dans l’une des différentes zones. Cela concerne aussi bien Igor que les coéquipiers (cinq maximum) que vous allez recruter au fil du temps, chacun ayant ses spécialités pour mener à bien tel ou tel type de missions (uniquement secondaires dans leur cas, évidemment).
Vous lancez ensuite votre mission dans l’une des cinq zones ouvertes, puis retour le soir dans votre hangar pour faire un point sur la situation, voir les réussites et échecs de chacun, puis prendre son temps pour discuter avec vos alliés et surtout développer votre hangar. C’est là qu’entre les mécaniques de craft grâce aux éléments trouvés durant vos missions pour à la fois ajouter des choses essentielles (comme des établis pour construire du matos et améliorer vos armes) mais également du relatif luxe (lits de meilleure qualité, source de lumière, radio…) afin d’améliorer le moral de votre petite équipe, booster les chances qu’ils mènent à bien leurs missions et surtout éviter qu’ils se barrent car trop mécontents, chose qui arrive si vous faîtes vraiment n’importe quoi. Le jeu est en effet très laxiste sur ce point, ce qui pourra être pris comme un défaut pour ceux qui veulent vraiment du mérite dans la gestion, moins pour ceux qui veulent éviter de se prendre la tête, surtout que chaque coéquipier permet d’obtenir de nouvelles compétences pour Igor.

Car Igor est, comme cité plus haut, un simple scientifique n’ayant pas de grandes compétences autres que ses capacités à bricoler un peu tout et n’importe quoi. Mais dans des territoires vite jonchés par des soldats et des créatures un peu chelous propres aux légendes de Tchernobyl, la conception de quelques mines ou leurres ne sera pas toujours suffisant. Il faudra donc améliorer vos compétences de discrétion et de combats, ne serait-ce que la possibilité de pouvoir neutraliser des adversaires sans les tuer afin d’éviter de pomper le moral d’Igor (il n’aime pas tuer visiblement). Petit à petit, vous gagnez en puissance, vous avez de plus en plus de matos, vos coéquipiers sont de plus en plus efficaces et vous progressez ainsi au fil des jours, et ce pour les 20/25h réclamées afin d’atteindre les crédits de fin, du moins en mode normal et en faisant gaffe (le système de sauvegarde est très traître car reposant uniquement sur des checkpoints).
Reste que l’expérience n’est pas à mettre entre toutes les mains vu le rythme et des mécaniques pas toujours simples à saisir. En résulte une progression très lente où on évitera pour chaque mission de filer rapidement à l’objectif pour à la place fouiner tous les coins secondaires, et looter un maximum avec notre espèce de radar à matériaux, ce qui n’empêchera pas de s’apercevoir rapidement que le jeu est incapable de pousser chacun de ses aspects : l’aspect survie est assez basique, l’infiltration ne brille jamais et l’action manque autant de précisions que de punch. Le jeu s’en sort néanmoins grâce à son ambiance impeccable où il faudra privilégier le doublage russe bien plus en adéquation, et se laisser ainsi immerger dans cette zone perforée de la planète pour s’attarder sur chaque dialogue et documents, sources d’anecdotes qui peuvent être aussi bien réelles que fantaisistes.
Note :
Si vous n’êtes pas encore au courant, Chernobylite n’est disponible coté consoles que sur PlayStation 4 et Xbox One. Les versions New Gen arriveront plus tard et il faudra pour l’heure se contenter de la rétrocompatibilité (ici Xbox Series X pour le test), avec une exploitation minimum aussi bien dans les temps de chargement encore trop longs et un frame-rate qui ne dépasse pas les 30FPS. On espère également d’autres MAJ pour éviter des bugs de collision toujours navrant, surtout avec ce système de sauvegarde qui peut nous renvoyer plusieurs minutes en arrière.