Née d’une époque où le casual-gaming était soudainement devenu maître chez Nintendo (et même plus encore), la franchise
Mario & Sonic en est déjà à son sixième épisode, rebondissant évidemment sur l’actualité des Jeux Olympiques pour correspondre à la plupart des événements d’importance. Et quand le show de 2020 doit se dérouler à Tokyo, SEGA n’allait évidemment pas manquer une telle occasion patriotique et nous refourgue donc avec quelques mois d’avance un nouvel épisode du cross-over en marge d’une adaptation plus officielle, un jeu d’arcade et un autre sur mobile. Il y a du pognon à se faire, ils le savent, mais peut-être pas encore suffisamment pour oser la vraie prise de risque.
Car c’est un cercle vicieux où sont plongées les adaptations du genre depuis bien des années. Ça se vend, mais pas non plus des masses, empêchant d’être trop ambitieux sur le contenu pour garantir une rentabilité (déjà que les droits coûtent très chers). Sauf que si ça ne se vend plus très bien, c’est aussi justement parce que les amateurs, même ici dans le cadre d’un « party-game », ne s’y retrouvent plus et quitte à bien se marrer, préfère se tourner vers des fondamentaux plus fiables. Au hasard
Super Mario Party. Donc pour vendre plus, il faudrait peut-être se retrousser les manches, mais c’est un risque financier à prendre, et avec
Mario & Sonic aux JO 2020, Sega n’a toujours pas voulu y aller à fond alors qu’il y avait de beaux éléments pour briller.
Pourtant de base, on retrouve ce qu’il faut avec notamment 21 épreuves et les classements en ligne qui vont avec. Pour ceux qui veulent briser le « record olympique » dans toutes, il y aura du taf, et encore plus si vous voulez vous mesurer aux gros énervés de la communauté même si le online aurait (encore) mérité d’être mieux fichu, notamment le fait d’être dans l’impossibilité de lancer des parties s’il n’y a pas assez de joueurs dans le lobby (alors que combler avec des bots, c’était possible quand même…). Sauf que ce genre de jeu est surtout plaisant au local et que si les développeurs proposent les efforts requis pour l’accessibilité et le choix dans le gameplay (boutons ou avec la gyro quand c’est possible), c’est souvent creux quand ça ne manque pas tout simplement de fun.
Et ça, c’est un éternel problème dans les Mario & Sonic. Pour quelques habituelles réussites (les épreuves de course, ou encore le tir à l’arc qui fonctionne toujours aussi bien), la licence garde le cul entre deux chaises : soit c’est compliqué pour pas grand-chose au point de rebuter les plus jeunes (genre le lancer de disque), soit c’est navrant de simplicité et sans aucune profondeur. Et à ce niveau, on pourrait aussi bien citer la boxe, le football qui donne des sueurs, ou encore l’épreuve de skateboard qui arrive à être moins intéressante qu’un niveau du tout premier
Tony Hawk’s qui vient de fêter ses 20 ans. Bref pour dire les choses concrètement, on s’ennuie très vite quel que soit l’âge, mais il y a heureusement d’autres trucs à grignoter dans cet épisode qui a au moins le mérite d’être le plus complet de la série.

Car Sega a eu pour le coup l’excellente idée de faire lien avec les JO de 1964 (qui se déroulait également à Tokyo). Et c’est donc avec un certain plaisir que l’on nous ajoute dix épreuves supplémentaires, adaptées ou inédites, en format 2D old-school où l’univers Mario se retrouve en mode 8-bits, et le clan Sonic en 16-bits. Plutôt sympa, surtout que le mode Histoire joue à fond cette carte en divisant l’équipe entre ceux qui restent dans le présent et ceux qui se retrouvent dans le passé. Mode histoire qui est d’ailleurs beaucoup trop bavard, et seulement drôle dans ses phases 2D, au point d’avoir l’impression que les cinq heures réclamées pour le terminer ont pris trois fois plus de temps. Comme souvent, la chose est à prendre comme un gros tuto maquillée où l’on regarde plus qu’on ne joue, mais avec là encore des petites idées sympas : des quiz sur l’histoire des JO pour la culture, et des mini-jeux rigolos toujours bon à prendre. Mais encore une fois, il aurait fallu aller encore plus loin. Beaucoup plus loin.
Et ce qui traduit le plus cette sensation vient des « épreuves rêves », donc des choses qui ne pourraient exister dans les JO mais qui ont toute leur place dans un jeu vidéo. L’idée est excellente, sauf qu’il n’y a que trois épreuves avec une qualité des plus variables : le karaté 2V2 manque atrocement de précision, l’épreuve de shoot est passable mais n’a aucune profondeur, et il y a enfin la « course rêve ». Et là, le miracle : c’est génial. Prenez une grosse descente avec un gameplay qui mélange
SSX et
Mario Kart, et on se retrouve avec quelque chose de vraiment cool et fun, avec le potentiel d’être la petite pépite surprise au milieu de ce contenu. Sauf que, frustration extrême, il n’y a qu’un seul et unique tracés ! Pourquoi ? A part nous narguer et nous signifier que ça le ferait si on aurait un jeu complet dans ce style ? Très décevant tout ça.