Après des mois de lutte âpre, Vivendi a finalement perdu son face-à-face avec les frères Guillemot. La société de Vincent Bolloré a alors jeté son dévolu sur un autre grand nom du milieu : CD Projekt Red.

La nouvelle va faire trembler le monde du jeu vidéo, et pour cause : le studio polonais indépendant connu pour la saga The Witcher, CD Projekt Red, a été acquis par la société Vivendi. La raison indirecte de ce rachat résiderait dans l’incapacité de la société française à prendre le contrôle d’Ubisoft. Après une OPA au succès en demi-teinte dont nous vous tenions informés un peu plus tôt, il semblerait que les principaux investisseurs de l’éditeur préfèrent accorder leur confiance aux frères Guillemot, dont la position s’est vue renforcée par les récents succès des paris financiers que représentaient The Division (étant une nouvelle licence) et Far Cry Primal (proposant un thème atypique).

Vivendi a donc décidé d’abandonner sa stratégie de conquête d’Ubisoft en passant par la porte de Gameloft, revendant toutes ses parts dans l’éditeur de jeux mobiles afin de mieux financer son rachat de CD Projekt Red. April Foulsdey, consultante au Financial Daily News, a expliqué un peu plus tard dans la journée la stratégie du géant français ayant permis cette acquisition. Les studios polonais, en difficulté financière à cause de l’explosion du budget de l’ambitieux CyberPunk 2077, auraient demandé de l’aide à des business angels, ces investisseurs spécialisés dans le financement de projets. Et par un habile jeu de sociétés-écrans, c’est Vivendi qui a ainsi pu renflouer les caisses des créateurs de The Witcher 3. Avec la mainmise sur les finances de CD Projekt Red, la société Vivendi a alors pu prendre la main sur le conseil d’administration. D’après des analystes financiers, le choix des studios polonais par Vivendi est logique pour deux raisons : la fragilité financière de CD Projekt Red qui en faisait une cible facile, et l’excellente image des studios auprès de leur public, ce qui en ferait une entreprise plus apte à entrer en force sur les marchés en terme de valorisation financière dans le cas d’une très probable entrée en Bourse.



Un porte-parole de Vivendi a déclaré, suite à ce rachat : « nous tenons à rassurer le marché, CD Projekt Red conservera son identité. Cette acquisition vise essentiellement à lui faire bénéficier de notre savoir-faire en matière de gestion financière, tout en lui apportant des synergies avec d’autres structures telles que Dailymotion ou les sociétés du groupes Canal. » Cependant, malgré cette volonté d’apaisement, notons qu’Adam Kiciński et Marcin Iwiński – les deux CEO de CD Projekt Red – ne se sont toujours pas exprimés sur le sujet. En revanche, le nouveau président de CD Projekt Red, Itskì Atràpkov, a pris la parole peu de temps après le communiqué de presse de Vivendi : « bénéficier de l’expertise de Vivendi est une opportunité unique qui nous permettra de placer plus d’ambition dans nos futurs jeux mais aussi de diversifier nos projets. Nous avons ainsi déjà prévu l’ouverture d’un studio de développement annexe qui sera chargé d’explorer le futur des jeux CD Projekt Red dans le domaine du online et de la Réalité Virtuelle. ».

L’avenir de la plateforme GOG, en revanche, n’a pas encore été évoquée.