Cette bonne vieille Xbox est rétrospectivement une sorte d’Ovni dans le monde des consoles. Sa durée de vie, incroyablement courte, n’a en effet que peu de rapport avec une ludothèque très conséquente et avec les apports de cette machine qui va esquisser avant tout le monde le paysage vidéoludique actuel.
Reprenons un peu le contexte… C’est fin 2001 que la Xbox sort, en même temps que la Gamecube, alors que la PS2, après avoir éliminé toute concurrence, jouissait d’une situation de monopole digne de ce que Microsoft voulait réussir à atteindre avec Windows à l’époque. Très chère, la console a été reçue froidement, bien que son prix, au regard de sa puissance, ne semblait pas absurde, et qu’il ait été réajusté dès son lancement. Le problème ne venait pas de là : c’était Microsoft, la marque détestée, l’horrible multinationale américaine qui voulait nous imposer ses logiciels sans nous laisser la possibilité de choisir (comme Apple aujourd’hui, quoi, sauf qu’Apple c’est cool). Ainsi, les joueurs ont de suite, de façon très peu rationnelle, peur de la machine, délirant sur un monopole à venir, alors qu’ils étaient face au monopole de Sony jusque là sans que ça ne dérange grand monde, ce qui faisait que l’ensemble du marché vidéoludique était dans une sorte de torpeur molle.
Visuellement, la machine n’a pas grand chose pour elle. Elle est grosse, ressemble à son nom (une boite) et sa manette est énorme, ce qui tranche avec ce dont on a l’habitude.
Et pourtant… En elle-même, la bécane apporte deux éléments qui seront repris plus tard par ses concurrents (enfin, par Sony, Nintendo menant sa vie en parallèle). Le premier, c’est le jeu en ligne. Alors que ceux qui avaient cédé aux sirènes de cette machine innovante s’éclataient pour la première fois en réseau, Sony déclarait que le marché n’était pas prêt. Ouais, ouais… Bien entendu, jouer en ligne était déjà possible sur PC depuis longtemps, mais il n’existait juste rien de si simple que le Xbox live, révolution dont tout le monde s’inspirera ensuite. Tout le monde a la même machine, la même interface, on lance le jeu et hop, on joue en discutant. Limite ça fonctionnait mieux qu’aujourd’hui, grâce à, entre autre, des serveurs localisés et des filtres par langues.
La deuxième innovation vient de la structure même de la machine, plus proche du PC (première console avec un disque dur), et permettant ainsi de voir débarquer des jeux inhabituels sur consoles, et des adaptations simples à faire. Là encore les joueurs grognèrent parce que ça ressemblait trop à un ordinateur classique. Ces même joueurs, maintenant plus âgés, qui se sont précipités sur une PS4 qui assume totalement le fait d’être un PC recarossé. La Xbox a juste été la première machine démontrant la tendance de convergence technique du marché vidéoludique.
Et le résultat de tout ça ? Et bien des jeux. Plein. Des exclus proposant à l’écran ce que les autres ne peuvent pas afficher, et des titres multi systématiquement supérieurs aux autres versions, en particulier par rapport à une PS2 qui ne peut pas suivre.
Pourtant, après seulement 4 ans, la Xbox laisse déjà la place à la 360. Elle arrivera péniblement à 24 millions de machines écoulées, ultra-majoritairement aux Etats-Unis. Ailleurs, la machine est un peu méprisée, par les joueurs, mais aussi par la presse qui fait semblant de ne pas remarquer que les jeux sur Xbox sont techniquement très supérieurs à ceux sur PS2, afin sans doute de ne pas fâcher leurs clients majoritairement sur la console de Sony. Il faut dire que celle-ci, avec une ludothèque pléthorique, était un choix tout à fait valable. Il est juste dommage que la Xbox n’ait même pas vraiment eu sa chance, ce qui fait que même ceux qui se prétendaient “gamers” n’y ont pas forcément gouté. Je ne parle même pas des “gamers” d’aujourd’hui qui ont un trou abyssal dans leur culture s’ils n’ont pas touché à la grosse boite. Ceux qui l’ont achetée à l’époque se foutaient de tout ça, au fond, ils s’amusaient pendant ce temps-là. Il y avait même un petit quelque chose de “nous on sait, même si on est seuls contre tous” d’assez sympa, un peu comme pour les possesseurs de Saturn deux générations avant. Comme d’habitude, les plus chanceux avaient toutes les consoles, qui étaient alors très complémentaires.
Bref, la situation était un peu comme aujourd’hui, avec une One méprisée par les “gamers” qui font comme si les jeux n’étaient pas là chez le méchant Microsoft, une raison de plus de voir ce qui est sorti à l’époque et qui est un signe qu’on ne doit pas trop se prendre la tête avec les parts de marché et les effets de mode : on a et on continuera d’avoir sur One largement de quoi bien s’amuser.
Bref, je m’égare ! L’objet de cette rubrique X Story, une fois ce contexte fixé, va être de vous parler de ces jeux qui ont constitué une ludothèque bien plus riche qu’on ne croit. Dès le prochain épisode, le week end prochain, on attaque avec, forcément, du lourd !
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Sacrée console et sacrée (belle) brique nom di diou !! L'une des meilleures (bien que son catalogue soit ridiculement petit face à la PS2) et sans hésiter la meilleure console retro accessible, à condition de se la faire doper par notre mécanicien local Gamekyoien Sussudio.