Si le premier
Medal of Honor sur PlayStation 2 a su nous marquer comme il faut, surtout pour son passage de débarquement sur les plages de Normandie, l'intérêt est vite retombé par la suite à force d'épisodes sans génie qui tentait pourtant de se démarquer avec à chaque fois quelques petites nouveautés dans le gameplay. Face à la suprématie de la série
Call of Duty sur la génération actuelle,
Electronic Arts n'avait pas d'autre choix que de faire un petit break de quelques années afin de revenir en force avec un épisode plus moderne qui se devait de remettre la licence sur le devant de la scène. Pari perdu, même si tout n'est pas foncièrement mauvais.
Plutôt que de se lancer dans un background purement fictif, les développeurs ont préféré mettre les joueurs dans une guerre actuelle, celle se déroulant en Afghanistan, au risque de se heurter à certaines polémiques. Ne vous étonnez donc pas de voir le nom « Talibans » changé en « Force d'Opposition » en mode multijoueurs. Bref, on incarne donc trois soldats du Tier 1 auquel on aura bien du mal à s'identifier, ces derniers étant manquant clairement de personnalité. En bref, à l'instar de bien des soldats, le joueur ne cherche même plus à s'attarder aux intérêts du conflit puisqu'on se contente d'obéir aux ordres en allant d'un point A à un point B sans rechigner, un point finalement réaliste mais qui fait qu'on se désintéresse complètement du scénario, malgré quelques efforts de mise en scène. En revanche, coté ambiance, si les musiques sont de qualité sans être non plus inoubliables, certains doublages sont d'une qualité incroyablement mauvaise, donnant l'impression que votre interlocuteur parle comme un robot avec son balais coincé dans le fondement.
Mais voilà, s'il n'y aurait que quelques problèmes d'ambiance ou de doublage, la campagne de
Medal of Honor garderait quand même bien des cartes en main pour assurer la comparaison avec la concurrence. Le problème, c'est que c'est loin d'être le cas. Si le jeu est jouable et s'autorise même quelques passages légèrement originaux comme du quad, du shoot en Apache ou l'utilisation de SOFLAM, on sent que l'aventure tourne rapidement en rond, en allant même jusqu'à parler d'un certain manque d'intensité lors des situations. Pour mettre les choses au point, le premier
Modern Warfare était bien plus burné il y a pourtant déjà trois ans ! Que ce soit la première ou la dernière mission (souvent importante pour ce genre de titre), l'absence de grand spectacle, réaliste ou non, se fait grandement sentir et seul le passage d'embuscade dans un chalet, qui se détruit au fur et à mesure, tire son épingle du jeu. C'est bien peu…
Autre point, devenu classique finalement mais qui fait toujours aussi mal : la campagne ne vous prendra pas plus de 5-6 heures dans le mode de difficulté le plus haut (très abordable), sauf si vous vous tapez certaines erreurs de programmation comme le fait de voir apparaître un checkpoints vicieux au moment de se prendre une balle, obligeant à recommencer toute la mission. Pas de replay-value, pas de coopération en écran splitté, reste le mode Tier 1 en solo qui vous proposera de refaire les missions du jeu sans checkpoints ni aide à la visée avec une difficulté accrue pour tenter de vous placer dans le top mondial. Le multijoueurs reste finalement le seul point qui permettra à la galette de rester quelques heures supplémentaires dans la console, avec possibilité d'y joueur jusqu'à 24 et tous les modes et features obligatoires aujourd'hui (expérience, grade, équipement boosté, etc.). A voir maintenant si la communauté reste longtemps présente à l'approche de
Black Ops.
Attendu au tournant après des années d'absence, Medal of Honor ne parvient pas à se replacer au sommet du genre, bien au contraire. Délaisser la seconde guerre mondiale est une bonne chose mais difficile de ne pas ressentir une certaine once d'ennui face à une compagne quasiment dénuée d'intensité pour un jeu qui se dit réaliste. En bref, un titre qui aurait pu faire son effet il y a trois ou quatre ans mais qui aujourd'hui ne mérite pas vraiment l'achat au prix fort. Heureusement qu'il reste le multi.