Que ce soit avec
Darksiders,
Bayonetta et en attendant
God of War III, on peut dire que les jeux d'action ont décidément la côte pour le premier trimestre 2010. Pour ce mois de février, c'est
Dante's Inferno qui a souhaité faire parler de lui. Il faut dire, avec comme développeur les gars de
Visceral Games (
Dead Space), on gardait un minimum de confiance pour ce nouveau bébé et si la qualité est bel et bien au rendez-vous, certains défauts sont tout de même à signaler.
Comme beaucoup le savent déjà,
Dante's Inferno reprend le background de la
Divine Comedie et nous permet d'incarner Dante, un valeureux soldat dans les faits mais qui a commis un nombre incalculable de pêchés en agissant sous les ordres d'un prêtre on ne peut plus véreux. De retour de campagne, notre « héros » trouve sa dulcinée, à qui il a fait vœu de fidélité, lâchement assassiné. Comme si ça ne suffisait pas niveau contrariété, l'âme de la belle est emmenée dans les profondeurs des ténèbres par l'incarnation du malin et Dante n'aura d'autre choix que de prendre son courage à deux mains pour traverser les neufs cercles de l'enfer, armé de la faux qu'il a lui-même volé à La Mort (classe) et de la croix de son amour. Un background assez original mais qui possède une faille de grande importance : le charisme d'huitre du personnage principal. Battant tous les records en matière de mauvais design, Dante est ce qu'on peut qualifier de « PNJ en premier rôle », le genre de tare qu'on rencontre dans certains RPG occidentaux comme
Oblivion ou
Risen.
La plongée en enfer est l'occasion de s'apercevoir que, sous terre, ça ne rigole pas vraiment. C'est bien simple : rarement un titre n'aura aussi bien retranscrit l'aspect malsain et… dégueulasse (c'est le mot) qui ressort de certains écrits sur la Mythologie. La plupart des décors que vous arpenterez respirent le sale, le sang et la mort. Les cadavres d'humains sont légions, et on trouvera même empilés pour vous servir de sortes de poteaux pour descendre profondément dans les entrailles des neuf cercles. Rajoutons à cela les âmes par milliers qui hurlent à la mort à travers les murs ou ceux qui servent de nourritures à des démons pour comprendre que les plaines ensoleillés nous paraissent bien loin. Mais le pire reste le design atypique du bestiaire qui nous en fera voir de toutes les couleurs. En vrac, on croisera au détour de quelques couloirs quelques guerriers armés de diverses armes blanches (jusque là rien de spécial) mais également des bébés tueurs aux bras en forme de faux, des femmes à moitié nue aux griffes acérées poussant des orgasmes en sortant des grosses tentacules de leur bas ventre (!) ou encore des bibendum qui font des bruits horribles en marchant et qui vous combattront en vous vomissant dessus (quand ça ne sort pas plutôt par l'arrière). Réjouissant, non ?
Pour ce qui est du gameplay, on ne va pas se cacher en disant qu'on à affaire à un pur clone de la série
God of War. Le jeu se joue plus ou moins de la même façon hormis qu'il faut remplacer les super-dagues de Kratos par une grande faux. Pour le reste, pas de changement, on arpente des niveaux plus ou moins linéaires ou broyant de l'ennemi à tout va, en résolvant de temps à autre une petite énigme du genre bloc de pierre à placer correctement, levier à activer ou statue à déplacer d'un endroit à un autre. Rien qui ne vous fera bloquer plus de 20 secondes en somme. L'essentiel se trouve donc dans les combats et le rythme qui en découle. Chaque joute est en effet une partie de plaisir où on enchaîne combo à tout va, dont la liste augmentera au fur et à mesure du jeu grâce aux orbes récoltés un peu partout. On trouvera même caché un peu partout dans les décors (ou gagné après le combat contre un boss) des amulettes qui, une fois équipé, vous donneront quelques bonus non négligeable comme des boost de puissances ou des gains d'orbes plus importants. Enfin, et parce que c'est la mode, les séquences en QTE sont présentes en masse, que ce soit pour achever un ennemi d'une certaine manière, durant une cinématique ou pour finir un boss. Ces deux derniers exemples offrent du grand spectacle et de la boucherie parfois digne des meilleurs moment de la série
God of War.
Seulement, ce plaisir de tout charcuter ne durera que trop peu de temps puisqu'il est sans mal possible d'atteindre les crédits de fin en une demi-douzaine d'heures (en mode normal) et en récoltant la plupart des objets cachés. Seul ceux qui veulent arpenter les modes de difficulté supérieur ou qui veulent collectionner les succès/trophées trouveront un intérêt à revenir au combat et c'est dommage, surtout que le titre avait tous les atouts en main pour proposer un minimum de replay-value grâce au système de choix moraux que nous propose le titre. En effet, lorsque vous arpenterez les différents niveaux, vous tomberez parfois face à une âme en peine (27 en tout), représentant l'une des figures connues de la mythologie. A vous de choisir de l'absoudre pour ses pêchés ou de la détruire, vous offrant ainsi soit des points bons ou mauvais, eux même à replacer dans deux arbres de compétences dédiés. Si tout portait à croire que ces choix influerait au moins un petit peu sur le scénario, il n'en sera rien, pas même une fin secrète. Reste au cas où un mode bonus permettant d'enchaîner les arènes de combat, et qui se torchera sans mal en moins d'une heure si vous avez la bonne technique.
Proposant son lot de passage jouissif et un background vraiment pas comme les autres, Dante's Inferno se montre être l'un des bons jeux d'action de ce début d‘année. Malheureusement, son personnage principal dénué de charisme, sa durée de vie et son manque total de replay-value l'empêche d'atteindre les sommets espérés. Bref, on y joue, on s'éclate puis on le range pour ne plus jamais le sortir. Difficile dans ces conditions de le conseiller à tous face à la concurrence féroce de ce premier trimestre mais il reste clairement à essayer, ne serait-ce que pour le travail fait sur la représentation de l'enfer.