Après un Wolfenstein tout juste passable, suivi de ventes calamiteuses, Raven Software revient en nous proposant d'intégrer le passé, présent et futur de la mère Russie.
Attendu depuis un moment car sans cesse repoussé,
Singularity incarne le vilain petit canard d'Activision-Blizzard. Disponible depuis vendredi en Europe et ce mardi aux USA, le titre n'a pas reçu les faveurs de son éditeur,
Raven Software s'occupant seul de la promotion et du marketing. Plus dur sera la chute donc pour le studio qui ne devrait d'ailleurs pas tarder à fermer ses portes après ces deux échecs. Pourtant,
Singularity est loin d'être la bouse infâme que l'on prétend et tout comme
Wolfenstein en son temps, il vaut le coup d'être vécu, sans pour autant être indispensable. Le jeu nous entraine dans la peau d'un soldat américain envoyé sur une île appartenant à l'URSS et où des évènements étranges s'y déroulent. Rapidement, alors que vous arrivez sur les lieux, une explosion se produit entrainant le crash de votre hélicoptère et le redéploiement de votre équipe. Vous êtes désormais livré à vous-même, cherchant à atteindre le point d'extraction.
Pour ceux qui auraient vécu dans une grotte depuis le début de l'année dernière, sachez que
Singularity est un FPS tournant à l'Unreal Engine. On connait tous les effets de ce moteur créé par
Epic Games et surtout, la difficulté qu'ont certains développeurs à en faire ce qu'ils veulent. Cela peut donner du très bon (Gears of Wars), comme du très mauvais (Legendary) mais avec toujours cet effet glossy parfois franchement désagréable. Et selon les jeux, les problèmes de chargement de textures sont parfois dramatiques, et c'est le cas du titre de
Raven Software qui souffre notamment en extérieur de quelques bugs qui auraient largement dû être corrigés avant son passage en Gold. Mais ce n'est pas pour autant un mauvais jeu et l'on mettra ces erreurs sur le compte de la jeunesse.
Revenons-en à nos moutons et particulièrement à l'ambiance qui se dégage de
Singularity. Contrairement à
Wolfenstein, il semble que pour ce nouveau titre, les développeurs aient pris le temps de développer l'univers. Et si vous suivrez un chemin scripté à outrance (à l'instar de
Metro 2033), on ressent à chaque seconde de répit les petits ajouts qui permettent d'apporter une vraie crédibilité au jeu (à défaut d'une VF potable malheureusement). Les environnements quelque peu ouverts apportent ainsi leurs lots de surprises, comme de nombreux journaux audio laissés ici et là par des scientifiques plus ou moins compétents, ou encore des films de propagande de l'armée russe. La particularité de
Singularity, c'est qu'il se déroule dans deux époques bien différentes ! D'un côté, nous avons donc l'ile de notre temps et de l'autre un passé des années 50 criant de réalisme. Lorsque l'on passe d'un « monde à l'autre », c'est plutôt saisissant et les développeurs ne se sont pas juste contentés de reconstruire la base détruite, ils ont aussi mis en place des éléments d'époque extrêmement poussés sans pour autant laisser de côté l'aspect futuriste des technologies présentes sur l'île.
Car l'URSS, alors en pleine guerre froide, cherche à tout prix à développer l'arme atomique. C'est en creusant sur cette fameuse île que la « mère patrie » va trouver un minerai, l'E99, qui recèle de propriétés permettant à quiconque en ayant dans le corps, de procéder des pouvoirs surhumains ainsi que la possibilité de reconstruire des éléments autrefois détruit. Au fil de votre première heure d'aventure, vous allez donc partir à la recherche de réponses et faire la connaissance de sympathiques mutants qui se révèleront être des ex-habitants de Katorga 12. Avec l'ambiance oppressante qui se dégage, ce sont quelques frayeurs qui viendront s'ajouter à vos premiers méfaits en ces lieux. Là encore, les ennemis sont très classiques, ressemblant étrangement aux mutants de
Metro 2033, y compris les soldats russes que vous croiserez (bon, c'est le même pays, mais quand même !). Vous continuerez votre bonhomme de chemin, témoin d'atroces visions, jusqu'à ce que vous ayez enfin droit à votre véritable arme technologique. Le gant dont vous disposerez, né d'un scientifique fou et d'une utilisation abusive de l'E99, a donc très logiquement des pouvoirs de reconstruction, comme de compression. Il va également se révéler très utile pour utiliser des poches temporelles disséminées un peu partout dans les niveaux et surtout, à vous défendre. Car les gunfights avec des armes plus classiques (mitraillettes, pistolets…) sont plutôt catastrophiques et l'on privilégiera forcément le gant pour justement faire jaillir ses ennemis.
Le scénario en lui-même est assez prenant, et l'on prend assez vite gout à cette aventure à l'instar de
Wolfenstein, mais à y repenser, il est difficile d'imaginer y mettre 70€/60€. A prix fort, les huit heures d'aventure passent forcément assez mal, et le multijoueurs anecdotique, bien qu'amusant quelques minutes ne devraient pas pour autant vous convaincre.
Reste donc un jeu banal en apparence, surprenant dès qu'on touche un tant soit peu à l'aventure solo, et bien morne en multi. Singularity n'est peut-être pas le hit qu'il aurait du être, mais ça ne veut pas dire qu'il doit être forcément boudé, le plaisir est là, ne le laissez pas filer.