Tim Schaffer, créateur de talent, voir de génie pour certains, avait fait ses preuves chez Lucas Arts sur de nombreux jeux d'énigmes à l'univers particulièrement décalé, avec entre autres et dans le désordre Monkey Island, Day of the Tentacle, Indiana Jones et Grim Fandango. En l'an 2000 le monsieur créa son propre studio de développement et travail sur son premier titre,
Psychonauts. Un jeu prometteur qui devait être une exclusivité Xbox, mais
Microsoft voulant se tourner vers le Live, rompt le contrat d'exclusivité et le titre devient multi plateforme. Apprécié par la critique mais boudé par le grand public, le premier jeu du studio ne connait le franc succès qu'il mérite. Tim Schaffer ainsi que son équipe ne se découragent pas et se mettent au travail d'un nouveau titre, Brütal Legend qui arrivent à une époque où le jeu vidéo se démocratise de plus en plus. Une aubaine pour cet artiste de faire connaître aux yeux d'un plus large public son talent. Hélas Brütal Legend ne sera pas son meilleur exemple, loin de là.
Annoncé comme étant un jeu d'action aventure et communiqué en tant qu'un beat-em-all, le titre édité et profitant de la machine marketing d'Electronic Arts, nous aurait-il trompé sur la marchandise ? C'est le ressenti direct que l'on a après avoir passé les 30 premières minutes de jeu. Ces premières minutes qui sont à l'identique celle de la démo, nous propose de prend part à un jeu complètement différent du reste de l'aventure. Si on s'amuse à prendre sa guitare et sa hache pour démembrer les hordes d'ennemis qui vous entoure, le reste du gameplay se transforme en une sorte de jeu de stratégie façon Dawn of War. Oui Brütal Legend est un STR action aventure et les phases de combats pures sont beaucoup trop rare pour en être le genre de définition du jeu.
Le système du jeu se calque sur une tournée de groupe de rock. L'action se déroule sur le principe d'un monde ouvert, libre de vos actions ou presque. Assez dirigiste dans son déroulement vous allez devoir recruter des alliés chez vos ennemis, qui vous serviront de soldats. Si le recrutement se fait manuellement dans les premières missions, ce système est vite abandonné au profit d'un système automatique, générant de nouvelles unités. Des fantassins, des unités lourdes et mobiles seront mis à votre disposition. Lors de chaque grand combats, qui se veut aussi épique qu'un Seigneur des Anneaux, vous allez devoir monter votre camp de base. La scène symbolise votre structure vous permettant de générer vos soldats. A partir ce celle-ci vous pourrez aussi effectuer certaines améliorations directement sur les unités ou la faire évoluer elle même. Autour, des petits volcans sont visibles. Ces volcans seront la source d'énergie, votre minerai en quelque sorte. Ils représentent les fans, fans qui réagiront à votre musique. Sur ces geysers vous allez construire des stands de goodies, qui permettront à ces fans de vous donner leurs âmes, métamorphose de votre argent. Une vision parodique du capitalisme, mais pas vraiment loin de la réalité. On contrôle tous cela depuis les airs, grâce à un pouvoir, qui permet au héros d'avoir des ailes qui apparaissent comme par magie uniquement lors de ces phases. L'incrustation au jeu de cette faculté fait suite à une mystérieuse malédiction, qui est aussi floue que de nombreux autres éléments scénaristique présents dans le déroulement de l'aventure.
Les objectifs sont souvent les mêmes à quelques exceptions. Allez vers l'ennemi et détruisez ses bâtiments annexes où sa scène principale. Autant vous dire la surprise est fortement désagréable, surtout quand on apprécie peu le genre du STR sur console. Une sorte d'impression de trahison s'installe, de tromperie sur le contenu et même en regardant attentivement la boîte du jeu, rien ne laisse présager ce système de jeu. Ce n'est pas tout, si on regarde en profondeur et avec du recul, sur l'ensemble de cette courte aventure, on à l'impression d'avoir un jeu ambitieux sur le papier qui s'est vu amputer au fil de son développement de nombreux mécanismes. Beaucoup d'idées sont présentes certes, mais au final paraissent bâclés ou d'une finition bancale.
Il y a cependant quelques point positifs à ce tableau, mais trop peu pour justifier l'investissement au prix fort de ce titre. On retrouve l'esprit des univers barré de Tim Schaffer, une réalisation graphique agréable à l'œil, malgré une technique limité. Et surtout une bande sonore remarquable qui colle parfaitement au monde dans lequel le joueur évolue. Le jeu semble pourtant avoir le cul entre deux chaises. Il se veut d'un côté très ouvert à un large public, avec un gameplay un peu trop simplifié, mais en jouant dans un registre plutôt restreint, celui des fans du genre Heavy Métal. En effet beaucoup de guest star de ce milieu y sont présents, des clins d'œil et une bonne dose d'humour vont dans se sens, ce qui limite la compréhension complète de certaines allusions à des joueurs n'étant pas de ce type musical. L'aventure dans sa globalité est plutôt courte, comptez 6h pour terminer le jeu. Bien que l'on évolue dans un gigantesque monde ouvert, les développeurs semblent avoir été trop gourmand sur la superficie, pour y avoir caché trop peu de secret ou mal proportionné par rapport à la taille de la carte. De nombreux collectibles sont présent, mais encore faut-il avoir l'envie d'aller les trouver. Cela y va comme pour la customisation de votre véhicule qui n'est pas obligatoire pour terminer le jeu.
Brütal Legend n'est pas la meilleur œuvre de Tim Schaffer et de son équipe de développement. On se retrouve devant une copie remplie de bonnes idées, mais assez mal structuré, avec des mots qui manque et une syntaxe parfois difficile à comprendre. Le détournement du beat-em-all, sous entendu pendant le développement, à un jeu de stratégie aventure sortie de nulle part, ne plaira pas forcement à ceux qui ont attendu ce jeu comme étant une des grandes curiosités vidéoludique de cette année et la surprise finira en désillusion pour beaucoup. Le jeu n'est pas repoussant à jouer, si on accepte le genre et surtout si on peut le supporter, mais il est loin, très loin de ce que l'on nous avait laissé imaginer.