Avouez-le ! Vous avez toujours voulu connaître le quotidien des membres de l'Organisation
XIII. Non ? Pas grave,
Square Enix y a pensé à votre place.
Kingdom Hearts 358/2 Days est donc le premier épisode à voir le jour sur
Nintendo DS et permettra aux joueurs de patienter jusqu'à l'annonce du troisième vrai opus. Patienter est un bien grand mot puisque nous n'aurons probablement pas droit à ce dernier avant un an voir beaucoup plus mais c'est toujours ça de pris, allons.
Nous incarnons donc Roxas, le héros de l'introduction de
Kingdom Hearts II et qui se trouve donc être la dernière recrue de l'Organisation
XIII. Ce groupuscule est composé de treize membres, d'où son nom, qui cherche à combattre un maximum de monstres afin de voler leurs cœurs et reconstituer le
Kingdom Hearts, d'où le nom là encore. Le but de tout cela n'est pas innocent : les différents membres de l'organisation ne sont que des âmes sans cœur et aimeraient bien « exister » dans tous les sens du terme. Ceci explique cela. Le seul moyen de voler le cœur d'un ennemi, et éviter que le cœur « se sauve » pour reconstituer une autre créature, est de le vaincre avec une certaine arme, la Keyblade. Ca tombe bien puisque Roxas est le seul membre à savoir la manier… du moins jusqu'à l'arrivée d'une mystérieuse quatorzième membre qui maîtrise aussi bien cette arme pour le moins original. Que de mystère ! Derrière ce spitch, on pouvait s'attendre à une bonne grosse dose de révélation en tout genre sur les zones obscures des épisodes centraux. Il n'en sera rien.
On le dit souvent : le quotidien, ça détruit certaines choses. C'est un peu le cas ici car derrière la classe de chacun des membres de l'Organisation
XIII se cache des personnages qui se contrefoute de la vie en agissant comme des robots, sans parler du trio Axel, Roxas, Xion qui passent leurs temps libres à manger des glaces à l'eau de mer (« c'est sucré et salé, wow ! »). C'est déjà pas très folichon tout cela mais que dire de l'abondance de niaiserie qui ferait passer le premier épisode pour Xenogears. Quasiment entre chaque mission, du moins dans les premières heures, ça parle du sens profond de l'amitié à tout va, avec quelques variantes comme la tristesse et la signification de « meilleur ami ». Mieux que Facebook ! Donc si vous avez envie de voir un Roxas geindre pendant les quatre premières heures de jeu parce qu'il mange sa glace sans Axel, puis sans Xion, vous pouvez sortir la carte bleue. Le reste n'est pas forcément mieux vu qu'on retournera dans des décors déjà vu, avec des situations inédites (du genre Aladin qui veut maintenant reconstruire un Agrabah dévasté par le sable) mais dont les différents scénarios tiendront en deux lignes Times New Roman de police 12. Pas gros donc.
Le quotidien donc. Incarnant le seul membre à pouvoir récolter des cœurs pour le groupe, avec Xion par la suite, vous allez devoir enchaîner les missions qui, scénaristiquement parlant, prendront un ou plusieurs jours. Pour savoir combien il y a de jours dans l'aventure, allez jeter un œil au titre. C'est fait ? Bon. Les missions vous emmèneront dans un des mondes du jeu (tous déjà vus dans le second épisode, avec la musique qui va avec) et il vous faudra généralement buter tout ce qui bouge puis reprendre le sas par où vous êtes arrivé pour repartir à la citadelle, voir manger une glace avant. Il existe heureusement quelques variantes d'objectifs comme l'analyse des décors (barbant), la récolte d'emblèmes (encore pire) ou des petits inédits pour faire avancer le scénario comme la filature d'un méchant important (on vous laisse découvrir la blague). Bref, on est loin du fun et du rythme du deuxième opus ou du plaisir de découverte du premier. Les missions s'enchaînent assez vite, un bon point vu le support adopté, mais peu parviennent à sortir du lot.
Le titre n'a pas que des défauts, attention. Techniquement avant tout, il se montre être une des plus grosse baffe de la machine avec une 3D fine et une modélisation générale exemplaire qui nous fait reconnaître chaque monde au premier coup d'œil. Respect sur ce point. On parlera également des cinématiques du plus bel effet, donc certaines sont doublées en anglais, une marque pour la plus grosse firme du RPG japonais. De près, certains personnages semblent certes taillées avec une hache mal aiguisée mais dans le feu de l'action, la qualité des graphismes et de l'animation est encore sans pareil sur le support. On appréciera également le fait que les développeurs ont tentés de renouveler un peu le système de montée en puissance de votre personnage en offrant une espèce de tableau où on y mettra des petits socles correspondant à des objets, magies, techniques, etc. Bref, tout un panel de compétences forcément utilisables dans vos missions. Les choix deviennent vite importants, les nouveaux slots arrivant en abondance au fur et à mesure de vos missions. On reprochera en revanche que la montée de niveau passe également par ce système. En gros, vous gagnerez de l'expérience de manière classique (à la fin de chaque mission) mais à chaque nouveau level atteint, vous recevrez simplement un nouveau slot « Niveau + » à mettre dans votre tableau, déjà rempli à ras-bord.
Mais s'il y a bien un point irréprochable à ce nouveau spin-off de la troisième saga phare de
Square Enix, c'est bien au niveau du contenu. Comprenez qu'avec la plupart des missions principales et une petite partie des secondaires, il vous faudra environ une trentaine d'heures avant de voir les crédits de fin. A cela s'ajoute donc diverses quêtes, comme les missions à refaire pour y découvrir tous les coffres et les vider d'ennemis, les autres qui demanderont de repartir dans des stages déjà vus pour y accomplir des missions à l'identique, mais avec un nouveau challenge (contre-la-montre, sauter le moins de fois possible, ennemis plus fort…), le plus important restant la présence d'un mode multi-joueurs jouables jusqu'à quatre avec l'intégralité de l'Organisation comme choix de personnages. Le fun qui en ressort est immédiat, la seule difficulté étant de réunir dans une même pièce trois autres copains/DS/exemplaires du jeu. Le genre de chose courant au Japon, d'où la fainéantise des développeurs de fournir un mode online. Attention néanmoins à ne pas vouloir acheter le jeu uniquement pour le mode à quatre, les missions pour ce dernier ne se débloquant en partie qu'en récoltant des emblèmes éparpillés dans le mode solo.
Au final, on conseillera surtout ce nouveau spin-off aux fans de la série qui ont au moins de quoi s'assurer quelques parties à plusieurs. Le titre n'est évidemment pas mauvais et saura réserver quelques surprises scénaristiques dans ses dernières heures mais l'aspect répétitif, clairement pas aidé par le fait de visiter encore et toujours les mêmes décors (qui étaient en plus déjà connus avant même de commencer à jouer), prendra vite le dessus. Dommage car que ce soit au niveau du contenu, de l'aspect technique ou de la jouabilité, on touchait presque au sans-faute.
Si nous pouvions résumer rapidement l'ensemble, Kingdom Hearts 358/2 Days, c'est un peu le Secret Story du jeu vidéo. On y trouve tout un tas de personnages plombés de secrets qui tirent la tronche pour pas grand-chose et dont certains s'attarderont sur les besoins de l'amitié (sauf qu'ici ils mangent des glaces au lieu de se frapper dessus). Le grand balaise qui ne dit pas un mot mais qui est gentil, le mec efféminé, le vieux qui prend les plus jeunes pour des noobs, le gars sympa mais qui cache son jeu, la nana hystérique… On notera même la présence de la voix, ici incarnée par un des membres de l'organisation, qui passera son temps à nous donner des missions pas forcément utiles ni drôles mais qui restent obligatoires pour progresser dans l'aventure. Il ne s'y passe pas grand-chose mais on finit par s'attacher à certains. Dans tous les cas, c'est en invitant quelques potes chez nous que l'ensemble se montrera plus intéressant, ce qui nous fera même lâcher quelques sourires tiens. Voilà, c‘est tout, pour… Ah non, c‘est vraiment tout cette fois.