L’attente fut longue, mais les possesseurs de la PSP peuvent enfin se réjouir : les RPG arrivent, même si ce sont des remakes pour la plupart. Après un Tales of Eternia bon, sans atteindre des sommets, c’est le troisième épisode de la série Breath of Fire qui arrive chez nous.
Etre mauvaise langue n’est pas un métier en soi, mais il consiste à un travail de tous les jours pour trouver des arguments au final insignifiants aux yeux de beaucoup. C’est ici le cas avec un jeu que plusieurs qualifieront d’énième portage sans essayer de savoir si oui ou non la qualité suit. Une action à tort ? Peut-être pas, car souvenons-nous de la récente réédition des deux premiers épisodes sur GBA qui, tout en ayant subi un travail complètement inégal (le premier a bénéficié d’une mini rehausse graphique et une traduction française contrairement au second qui fut une copie pure et simple de l’original), méritait au moins d’être inédit sur le vieux continent vu que ni
Squaresoft, ni
Capcom n’avaient daigné à l’époque sortir les versions Snes chez nous. Pour ce troisième opus, la donne n’est pas exactement la même avec une sortie Pal sur PSone il y a déjà huit ans, qui plus est traduite dans la langue de Molière, même si le jeu est aujourd’hui connu pour son nombre incroyable de fautes d’orthographe et de tournures de phrases rendant certains dialogues assez incompréhensibles. Un défaut qui a d’ailleurs disparu sur PSP. Un texte retravaillé ? Rien de tout cela, l’éditeur ayant préféré laisser le jeu en anglais, une bonne blague qui ne fera guère plaisir aux plus jeunes dont le jeu leur paraissait pourtant davantage destiné niveau design qu’un
Tales of Eternia (également en anglais d’ailleurs, décidément…).
Un background classique mais efficace
Le côté scénaristique n’a jamais été le point fort de la série, surtout lors des deux premiers épisodes qui proposaient surtout des enchaînements de quêtes plombés de dialogues bien lourds, malgré les nombreux protagonistes intéressants. Ce troisième épisode s’en sort un peu mieux comme l’on peut le voir dès les premières minutes avec une introduction très sombre dans une mine de cristaux où un groupe de mineurs a malencontreusement libéré un bébé dragon jusqu'alors prisonnier de son cristal. S’ensuit alors un carnage sans précédent, l’animal cherchant par instinct à s’enfuir de cet endroit en brûlant tout humain qui a le malheur de croiser son regard jusqu’à ce que l’un d’entre eux ne parvienne à l’assommer et à le faire emprisonner. Mais tout le monde sait qu’un dragon, ça ne tient pas en place et lors du convoi visant à ramener la bête qui sera probablement étudié, ce dernier remuera tellement que la cage glissera hors du camion et s’écrasera en bas d’une vallée. Endormi, le bébé reprend sa apparence originale, celle d’un humain faible et trouillard d’à peine une dizaine d’années, qui sera recueilli par un duo de voleurs maladroits faisant tout pour se faire un nom. Le scénario a donc le mérite de nous accrocher malgré sa simplicité, d’autant qu’il ne débute vraiment qu’après quelques heures de jeu, lorsque vous vous retrouverez séparés de vos nouveaux amis.
Sept, c’est le nombre de protagonistes que nous propose de découvrir
Breath of Fire III. Un chiffre dans la moyenne des ténors du genre (ne parlons tout de même pas de
Suikoden ou Radiata Stories) qui nous permet de ne pas perdre trop de temps dans le choix des combattants, tout en se focalisant davantage sur chacun d’entre eux, que ce soit dans le design comme dans leur psychologie. Comme chaque épisode de la série, le personnage principal se nomme Ryu et est, comme vous avez pu le deviner, l’enfant-dragon orphelin a qui il arrivera de nombreuses mésaventures tout au long de l’histoire. A noter que comme souvent dans les RPG Old School, le héros ne parle pas. Rei et Teepo, qui seront donc vos premiers compagnons de route, ne vivent qu’au jour le jour en ne pensant qu’à la façon dont ils arriveront à obtenir leurs prochains repas. Momo est une sorte de scientifique un peu jeune d’esprit pour son âge, la scène où on la rencontre pour la première fois en fera d’ailleurs sourire plus d’un. Garr est un des personnages les plus intéressants de cet opus dans le sens où il est le seul survivant d’un clan chasseur de dragons, autant dire que l’entente ne sera pas de suite de mise avec le héros. Véritable montagne de muscles d’environ trois mètres, il est le personnage typique du RPG old school que la plupart garderont dans leur équipe afin d’assurer une victoire facile (du moins, un peu plus qu’à l'accoutumée). Vient Peco, le membre le plus spécial du groupe. Réincarnation d’un ancien esprit, il sera probablement mis rapidement de côté par le joueur lambda vu son importante faiblesse durant les combats (et son design risible à la limite de la patate mutante), mais ne soyez pas dupe : à l’intérieur de ce petit monstre se cache un grand combattant qui vous surprendra pour le peu que vous l’entraîniez. Enfin, tout comme Ryu, Nina fait son grand retour dans cet épisode sous les traits de la princesse de Vaure, son design adulte étant un véritable copier-coller du premier épisode.
On se démarque comme on peut ?
Breath of Fire III est comme nous l’avons dit plus haut une ode aux RPG Old School, comprenez par là qu’il ne vous rebutera pas par un scénario trop abracadabrant ou un système de combat trop complexe (voir
Magna Carta). Problème, en plus d’être entièrement en anglais, le jeu pourra rebuter certains joueurs par son aspect technique trop vieillot, même pour l’époque où
Final Fantasy VII avait déjà laissé son empreinte sur l’ensemble du monde. Le jeu reprend donc la bonne vieille technique de la 3D isométrique pour donner du volume au monde dans lequel on évolue, et ce, malgré l’abondance de sprites 2D à l’écran (seul les très gros objets comme les bâtiments sont modélisés dans une 3D simple). Heureusement, quelques bons points viennent sauver cet aspect comme la palette de couleurs donnant un monde véritablement coloré et agréable sans sombrer dans un côté gnian-gnian repoussant. Autre chose, à l’instar des premiers
Suikoden, les personnages principaux ou secondaires possèdent un très grand nombre d’animations, les rendant d’autant plus attachants comme lorsque Nina tire la langue pour exprimer son mécontentement ou lorsque Peco s’endort lorsqu’il reste trop longtemps sans bouger, sans parler des PNJ vaquant à leurs différentes tâches (boulanger, maçon, etc.), chose que beaucoup de jeux en 3D oublient de faire, se contentant de poser les personnages dans les décors en attendant qu’on vienne leur parler. A noter que, bien entendu, Ryu bénéficie du plus grand nombre d’animations et il est intéressant à ce niveau de le voir évoluer psychologiquement avec le temps (malgré le fait qu’il n’en place pas une durant les dialogues) : au début du jeu, il pleurera parfois et aura peur d’attaquer pour ensuite petit à petit prendre un air confirmé, car, après tout, un héros n’est pas hésitant au moindre obstacle et ne lutte pas à sortir son épée de son étui au début d’un combat. Ceux-ci sont d’ailleurs dans le même style graphique que les précédents épisodes (ou comme les deux premiers
Suikoden pour ceux ayant besoin de davantage de références) et sont l’occasion d’assister à des magies assez jolies, sans être néanmoins transcendantes.
Niveau
gameplay, on reste dans le très très classique en ce qui concerne lesdits combats. Jusqu’à trois personnages de votre équipe peuvent y prendre part et le déclenchement se fera le plus naturellement qu’il soit, vu qu’il n’y aura aucun écran vous renvoyant à une zone de combat. L’ennemi apparaîtra tout simplement et le combat s’enclenchera directement, un système qui contribue grandement à l’immersion. Assez stratégique de par leur difficulté (surtout en début de partie où vous devrez à plusieurs reprises combattre seul), les batailles se déroulent au tour par tour et il vous suffit d’exécuter les actions de base (attaque, magie, objet, etc.) et attendre le résultat. Quelques détails sont néanmoins à retenir comme la fonction « Poids » liée à l’équipement qui, en général, montre que plus l’arme/armure est efficace, plus elle est lourde et ce détail influe sur votre vitesse lors des combats et donc sur votre temps d’attaque. Il arrive même que les personnages les mieux équipés passent parfois un tour, ce qui peut s’avérer frustrant lors des combats houleux contre les boss. Pour le reste, le fan de RPG ne sera pas perdu avec une montée conventionnelle des points d’expérience vous octroyant un nivellement vers le haut des statistiques, et quelques magies ou attaques supplémentaires. A noter qu’à l’instar des Talents de l’Ennemi de
Final Fantasy VII, Ryu peut, lors des combats, baser son instinct sur un ennemi afin que lorsque celui-ci déclenche son attaque, le héros la copie instantanément, histoire de la réutiliser plus tard quand bon lui semblera.
Comme tout bon RPG qui se respecte, il est conseillé d’assurer sa survie en s’entraînant dès que l’éventualité se présente et celle-ci survient dans la plupart des cas sur la Map du monde qui, esthétiquement, fait plus ou moins penser à un vieux
Sim City. A la différence des autres RPG, vous n’y trouverez aucun combat à proprement parler et pourrez donc vous y baladez sans crainte, levez un feu de camp pour vous reposer ou sauvegarder et, le plus important, pénétrez quand vous le souhaitez dans une zone de combat. Pour cela, rien de plus simple, lorsque qu’un point d’exclamation apparaît au-dessus de votre tête, appuyez sur la touche X. Chaque zone de combat comprend un objet plus ou moins caché et les combats interviennent de la même manière que dans un donjon (voir plus haut). Reste le plus important sans quoi
Breath of Fire ne sera pas
Breath of Fire : la capacité à se transformer en dragon qui interviendra très vite dans le jeu, même si au départ elle se limitera à la forme de base. Au fur et à mesure de l’aventure, vous trouverez des cristaux spéciaux liés à un élément (feu, glace, foudre…) ou autres (augmentation des points de défense, puissance, inversion…) et il vous suffira lors d’une transformation d’en combiner jusqu’à trois pour obtenir de nouvelles formes. Plus de 900 combinaisons sont réalisables, mais, niveau design ou caractéristiques, on en retiendra seulement une petite vingtaine, ce qui reste tout de même pas mal. Bref, une fois transformé, le mot invincibilité vous vient doucement à l’esprit avec des attaques de plus en plus puissantes, mais prenez garde à vos MP, les transformations en nécessitent énormément.
La pêche, tout un programme
Un mot sur les quêtes secondaires, qui une fois de plus, se comptent sur les doigts de la main. En plus de la recherche des cristaux, qui s’avèrent comme vous vous en doutez très utiles, on trouvera à certains endroits du monde ce qu’on appelle des Maîtres qui pourront enseigner à certains de vos personnages des attaques inédites pour peu que vous ayez un niveau suffisant. Mais, comme chaque
Breath of Fire, la quête qui peut prendre chez beaucoup de très nombreuses heures réside dans la pêche. En effet, il vous sera possible de pêcher à plus de vingt endroits sur la carte et une fois rentré dans l’aire du mini jeu, il vous suffira de sélectionner votre canne et un hameçon dont les caractéristiques vous permettront de prendre tel ou tel poisson. Les différents accessoires comme les vers s’obtiendront soit en les achetant, soit en les trouvant dans les zones de combat sur la carte. Comme d’habitude, certains sont très rares et il faudra user de patience pour tous les avoir et, détail important, un même hameçon peut être utilisé indéfiniment. Mais au fait, quelle est donc l’utilité de tout ça ? Des objets rares et inédits forcément que l’on pourra acheter à un marchand poisson se cachant parfois dans le mini jeu et qu’il faudra « attraper » avec un hameçon spécial (une pièce). Plus on possède poisson différents (la grosseur de chacun influe également), plus notre rang de pêcheur est élevé et plus il est élevé, plus le vendeur aura d’objets en réserve. Bon courage pour atteindre le rang ultime !
Certains remarqueront que la note finale du soft est légèrement moins élevée que celle de son principal concurrent sur la même machine,
Tales of Eternia. La raison est simple : les deux se valent plus ou moins et offrent chacun leurs lots d’arguments. Dans tous les cas, ils restent tous deux des RPG old School avec leurs graphismes 2D, leur très grande durée de vie, leur
gameplay simple et efficace et leur scénario classique qui ne soulèvera pas de thèse sur la torture psychologique. Le seul point qui rend
Breath of Fire III « moins bon » que son collègue, est qu’il a tout simplement bien plus vieilli, surtout techniquement, là où
Tales of Eternia offrait de véritables tableaux en guise de décors (excepté sur la carte bien entendu). Malgré tout, certains pourront le préférer au hit de
Namco pour son ambiance bon enfant et ses personnages tous plus intéressants les uns que les autres. A conseiller si vous n’êtes pas rebuté par la vétusté du jeu, voire si vous êtes vraiment en manque de RPG.