Après 4 épisodes de la série Burnout, les développeurs de Criterion Games nous offrent enfin le tant attendu Black dans sa version finale. Prévenez les voisins, la guerre est déclarée dans votre salon.
A première vue, la décision de la part de Criterion de se lancer à l’assaut du genre FPS sur consoles pourrait paraître étrange, voire même risquée. Quand on connaît le succès des franchises telles que
TimeSplitters,
Halo,
Medal of Honor ou encore
Call of Duty et la place qu’elles occupent dans le cœur des fans, on peine à croire qu’il puisse encore subsister un semblant de place dans ce créneau surreprésenté, sur consoles comme sur PC. Pourtant, à grands coups de
trailers plus bluffants les uns que les autres, mettant en évidence l’incroyable moteur 3D développé pour le jeu, le doute fit rapidement place à la curiosité, jusqu’à se transformer en une vive impatience chez certains.
Electronic Arts nous promettait un FPS destructeur et sauvage, dans lequel la plupart des éléments du décor étaient en mesure de succomber aux assauts incessants d’AK 47, roquettes et autre Uzis, dans un déluge d’effets spéciaux et de fumée volumétrique à faire pâlir les premiers jeux next gen. Promesse tenue ?
Symphony of Destruction
Le jeu vous met dans la peau de John Kellar, un membre des
Black Ops, une unité américaine d’intervention musclée. Contrairement à ce que l’on était en droit de penser, le jeu ne nous met pas aux prises avec de vilains terroristes dès les premières minutes de jeu. En effet, tout commence en prison, et un personnage haut placé vous somme de vous asseoir et commence à vous relater les faits (pas vraiment glorieux) de vos dernières missions, qui de toute évidence ne se sont pas vraiment déroulées comme prévu. Le tout est interprété par de véritables acteurs, et même si la mise en scène et la manière dont le tout est dirigé fait pâle figure face aux véritables productions cinématographiques du genre, le jeu d’acteur n’est pas trop mauvais, bien que les doublages eux, semblent tout droit issus des leçons de cinéma de Kad et Olivier. Quoi qu’il en soit, vous allez donc devoir raconter une à une les dernières missions auxquelles vous avez participé, et c’est donc dans ce contexte de flash-back que vous allez enfin pouvoir entrer en jeu. L’objectif est de mettre un terme à une organisation terroriste traquée par toutes les organisations secrètes mondiales : La 7e vague. Vous débutez donc votre périple dans ce qui reste de la ville de Veblensk (la ville présente dans le CD de démo) et allez enfin pouvoir juger des qualités techniques tout simplement ébouriffantes de ce
Black.
En effet, vous débuterez dans une petite pièce exiguë, et comprendrez rapidement que la guérilla urbaine fait déjà rage à l’extérieur. Ni une ni deux, vous dégommez la porte de la pièce à grands coups de fusil à pompe et canardez tous ceux qui oseraient entraver votre route. Un premier constat s’impose, l’ensemble est net et fluide, et malgré le carnage qui règne à l’écran, rien ne semble en mesure de mettre à mal le moteur de jeu. Vicieux comme vous êtes, vous décidez alors de titiller la technologie mise au point par
Criterion Games en envoyant une grenade au travers de la fenêtre d’un immeuble de trois étages. La grenade explose, provoquant en même temps l’explosion de votre caisson de basses, et c’est une incroyable déflagration qui s’offre alors à vos yeux. Les vitres sont tout simplement soufflées par l’explosion, le pauvre soldat pris au piège dans le bâtiment est littéralement projeté, un nuage de poussière jaillit des fenêtres fraîchement ouvertes par vos soins, et un tas de débris s’effondre sur le sol dans un fracas des plus réalistes. Le tout sans la moindre espèce de ralentissement évidemment. Après quelques secondes de récupération face à une telle prouesse technique, vous en venez logiquement à canarder les ennemis qui ne cessent d’ouvrir le feu sur vous. Une idée perfide vous vient alors à l’esprit : ‘et si je tirais sur la voiture à côté pour voir ?’. Quelques rafales d’AK47 plus tard, la voiture explose, expédiant aussi sec vos ennemis en enfer. Et c’est ainsi, en effectuant diverses expériences de ce genre, que vous allez découvrir les nombreuses possibilités offertes par les développeurs pour venir à bout de vos assaillants. Vous prendrez dès lors un malin plaisir à faire tomber des colonnes sur un groupe de terroristes, à tirer dans les plafonds vitrés de manière à faire tomber les bris de verre sur vos adversaires (comme dans Piège de Cristal) ou encore à viser le réservoir de gaz à côté de la maison d’où vous canarde un vilain sniper, et envoyer voltiger le tout dans une explosion aussi destructrice que magnifique. Bref, les amateurs d’explosion seront ravis et les dégâts n’ont jamais paru aussi réalistes. Chaque impact de balle est accompagné d’un voile de fumée volumétrique du plus bel effet, allant souvent jusqu’à vous obstruer totalement la vue l’espace de quelques secondes lors des fusillades les plus sauvages. Il devient alors difficile de se mettre à l’abri, car chaque objet susceptible de constituer un abri de fortune peut s’écrouler, voire même exploser. Saisissant de réalisme.
Un contenu classique, mais efficace
Niveau jouabilité,
Black ne propose toutefois pas de réelles innovations, et les habitués de FPS retrouveront leurs repères sans le moindre souci. Notre héros a donc la possibilité de zoomer (à un degré différent selon l’arme utilisée bien sûr), de s’accroupir, de changer le mode de tir (Rafale, Automatique, Coup par coup), d’utiliser un Médikit en appuyant sur la croix directionnelle Bas, de lancer des grenades, de donner un coup de crosse ou encore d’installer un silencieux sur son arme, si tant est que ce même silencieux soit en votre possession évidemment. On regrettera tout de même deux choses à ce niveau, l’impossibilité de sauter, mais aussi et surtout, celle de se pencher à droite ou à gauche derrière un muret, ce qui nous faciliterait grandement la tâche par endroits. Les différentes missions nous proposent de visiter différents environnements comme un asile, des quais, une scierie ou encore une jungle. Chaque niveau est très vaste et très détaillé, et tous ont bénéficié d’un soin particulier au niveau de leur design et graphiquement, force est d’admettre que le titre de
Criterion Games se classe parmi ce qui se fait de mieux sur consoles en matière de FPS. Les textures sont agréables, les bâtiments sont très détaillés, la fumée qui accompagne chaque impact ou explosion est superbe, tout comme celle qui suit les tirs de roquettes et certains effets de lumières (niveau de la scierie ou du pont de Graznei notamment) sont tout bonnement effarants de réalisme. A noter également que la vue du personnage se brouille quelques secondes lors de chaque recharge d’arme, un effet sympathique et réussi, qui renforce encore un peu le sentiment d’immersion. La bande-son est également magistrale, et accompagne vos plus beaux moments de bravoure avec des airs épiques. Le bruitage des armes et des explosions est également excellent et l’ambiance générale qui se dégage du jeu est tout simplement énorme.
L’arsenal mis à votre disposition est également des plus complets et outre les grenades et le flingue de base, vous aurez le bonheur d’utiliser des armes telles que le lance-roquette (idéal pour passer inaperçu), l’AK47, le FMG, différents types de fusils à pompe, l’Uzi, la mitrailleuse lourde ou encore bien sûr le Snipe. En fouinant un peu vous découvrirez même le mythique M16 .Bref,
Criterion Games a mis tout un panel d’armes à votre disposition pour que vous puissiez réellement vous défouler, et faire exploser la moitié des décors dans la joie et la bonne humeur.
Black propose également quelques références cinématographiques comme cette fusillade dans les douches, faisant irrémédiablement penser à The Rock.
Pinaillons un peu
Toutefois,
Black n’est évidemment pas exempt de tout défaut. Ainsi, on remarquera rapidement que si certains ennemis prennent soigneusement le temps de se planquer et de sortir rapidement pour vous arroser de quelques cartouches, d’autres resteront passifs, certains fixant parfois un élément du décor et vous laissant alors le soin d’ajuster tranquillement votre tir pour réussir un glorieux
headshot. A ce niveau, il est également important de signaler que le jeu gère la localisation des dégâts de manière assez aléatoire parfois. En effet, si certains ennemis succombent dès la première balle savamment logée dans leur boîte crânienne, d’autres nécessiteront parfois l’utilisation d’un chargeur entier avant de tomber raide morts. Les plus ennuyeux étant les soldats équipés de gilet pare-balles, difficiles à abattre donc, et qui se paient le luxe de manier à merveille le fusil à pompe. On privilégiera donc la grenade dans ce cas précis. Les plus pinailleurs remarqueront également que les ennemis semblent dotés d’une vue perçante, et n’ont aucun scrupule à vous canarder à une cinquantaine de mètres, alors que vous faisiez tout pour rester furtif. Il est également dommage de constater que les soldats ennemis n’ont d’yeux que pour vous, et ainsi, même si l’un de vos compagnons de fortune est clairement à découvert tandis que vous êtes parfaitement caché, le sniper ennemi n’en tiendra absolument pas compte et continuera de vous canarder sans prêter la moindre attention à votre coéquipier. De même, il aurait été appréciable de pouvoir utiliser la fumée engendrée par chaque impact à son avantage, afin de brouiller la vue des ennemis par exemple. Cela n’est malheureusement pas possible, et pire encore, c’est vous qui serez le plus handicapé par cette fumée, les ennemis n’ayant pour leur part aucun mal à vous discerner malgré un épais nuage de poussière. On notera également une relative répétitivité au niveau des ennemis rencontrés, et cela se limite à des soldats armés de mitraillettes ou de fusils à pompe. On aurait aspiré à davantage de diversité à ce niveau et avoir à affronter par exemple des tanks ou d’autres véhicules comme des jeeps ou des hélicoptères, compte tenu du moteur de jeu, les combats auraient été spectaculaires comme jamais. Dommage. Evidemment, il arrivera parfois que vous soyez témoins de quelques faiblesses de la part de ce même moteur 3D et donc de quelques légers ralentissements de-ci, de-là, mais compte tenu du nombre affolant de particules et autres effets spéciaux affichés simultanément à l’écran, il serait franchement dommage de lui en tenir rigueur. Enfin, si la plupart des ténors du genre brillent de par un mode multijoueur riche et passionnant, incluant parfois le sacro-saint mode coopération,
Black ne propose tout simplement pas la moindre espèce de convivialité, et c’est donc seul que vous devrez tout mettre en œuvre pour connaître le fin mot de l’histoire.
Sans révolutionner le genre,
Black apporte toutefois une certaine dose de fraîcheur dans un milieu finalement très prisé par la Seconde Guerre mondiale et le shoot futuriste. Véritable ode à la destruction de masse, le soft de
Criterion Games vous promet quelques heures de jeu intenses. Certains lui reprocheront peut-être ses maigres défauts, et notamment l’absence totale de mode multi ou même une certaine répétitivité dans la progression, voire encore une durée de vie un peu faible, mais
Black est un véritable concentré de puissance, sublimé par des graphismes et des effets spéciaux de toute beauté, qui se déguste seul, et qui procure à chaque joueur s’y essayant, des sensations rarement atteintes dans un FPS.