Blue Dragon, le dernier né de chez Mistwalker, est-il à la hauteur de nos espérances ? La collaboration étroite entre les trois vétérans que l'on ne présente plus, Hironobu Sakaguchi, Akira Toriyama et Nobuo Uematsu, a-t-elle porté ses fruits ? Sans aucun doute, nous avons là un petit bijou.
Développé en étroite collaboration avec le studio japonais
Artoon,
Blue Dragon constitue très vraisemblablement la plus grosse carte que
Microsoft comptait abattre depuis plusieurs mois sur le marché japonais afin de donner un coup de gâchette aux ventes jusqu'alors assez faibles de la Xbox 360 sur le territoire nippon. Le premier jeu d'une série de plusieurs titres "
à la japonaise" chez
Mistwalker se devait d'être à la hauteur. Et pour cause, à sa sortie le 7 décembre dernier au Japon,
Microsoft a eu la bonne idée de proposer le jeu en pack avec la Xbox 360 à un prix très attractif. Résultat, plus de 130.000 ventes du jeu en décembre 2006, ce qui en fait le jeu le plus vendu sur la machine au Japon. Un succès qu'il faut relativiser par rapport aux performances des jeux sur d'autres consoles, mais un succès quand même pour la Xbox 360. Alors, mérité ou pas, ce succès ?
Tout commença dans le village de Tada...
Blue Dragon nous met dans la peau de cinq personnages, emmenés par le héros Shu, jeune garçon téméraire au caractère bien trempé. Accompagné par ses compagnons Jiro, la jolie Kluke, le très jovial Marumaro et la charismatique mercenaire Zola, le jeune homme devra faire preuve de courage pour faire obstacle à la folie mégalomane du maléfique Nene, qui restera certainement longtemps l'un des grands méchants les moins charismatiques que le jeu vidéo ait connu. Pour faire face à Nene, nos héros vont très rapidement être dotés de pouvoirs magiques obtenus suite à l'absorption d'une boule magique. Chacun de nos 5 personnages se verra alors doté d'une ombre bleue ayant l'apparence d'un dragon (Shu), d'un minotaure (Jiro), d'un phénix (Kluke), d'un tigre (Marumaro) ou d'une chauve-souris tueuse (Zola). Ces ombres apparaissent derrière les personnages au début de chaque combat, et ce sont elles qui se battent en réalité à leur place. Cette idée originale des ombres magiques ainsi que tout le système de compétences qui en découle s'avère être la principale innovation de
Blue Dragon, et, par la même, sa principale force.
Staring down Eternity
Chaque personnage se voit attribuer une catégorie de compétences dès lors qu'il obtient ses pouvoirs magiques liés à l'ombre qu'il génère. Il existe 9 catégories de pouvoirs : par exemple Sword (épée),
Black (magie noire), White (magie blanche), Power, Barrier, Monk, et quelques autres. Chacune possède ses spécificités, et permettra à son possesseur d'apprendre des compétences nouvelles au fur et à mesure qu'il gagnera de l'expérience au combat. Ces compétences peuvent être des sorts d'attaque pour le magicien noir, des sorts de guérison et de vie pour le possesseur de la catégorie White, et tout un tas d'autres compétences : augmentation des points de vie ou de magie, absorption de HP/MP, modificateur de statut (poison, hâte, silence, etc.), et de nombreux autres. Ainsi, si chaque personnage est au départ lié à une catégorie précise, il débloquera au fur et à mesure de l'avancement dans le jeu de nouvelles catégories, qu'il pourra utiliser, et dont il pourra acquérir les compétences et les accumuler à celles déjà apprises dans d'autres catégories. Concrètement, le système est assez bien pensé, le but étant évidemment de former une équipe aux talents qui se complètent afin d'être paré à toutes sortes de circonstances. Dans la dernière partie du jeu, les personnages auront la possibilité d'utiliser des attaques spéciales utilisant toute la puissance de leur ombre, à la manière d'une invocation. En réalité, on pourrait plutôt comparer ces attaques aux "
limites" de
Final Fantasy VII ou
Final Fantasy VIII, puisqu'on ne peut les déclencher que lorsque le héros s'est fait enlever de nombreux points de vie.
RPG à l'ancienne, version new-gen
Pionnier du genre RPG japonais sur console nouvelle génération,
Blue Dragon pourra rappeler en de nombreuses occasions la série des
Dragon Quest. Par son design, évidemment, signé Akira Toriyama, mais aussi par son ambiance chaleureuse et ses couleurs alternant entre plaines vertes chatoyantes et intérieurs assez sombres. Par ailleurs,
Mistwalker a choisi de rendre les ennemis visibles sur l'aire de jeu, comme il est désormais courant de le faire depuis quelque temps. Libre au joueur de choisir de les contourner, donc, si l'envie lui prenait. La nouveauté dans
Blue Dragon, c'est qu'il est possible, lors des déplacements dans les donjons et sur la carte du monde, d'interagir avec les ennemis via des "
field skills", des compétences de terrain. En outre, à l'aide d'une gâchette de la manette, il est possible de faire apparaître un cercle autour du héros ; tous les ennemis qui se trouvent à proximité, dans la circonférence de ce cercle, peuvent être attaqués, un par un, ou tous ensemble afin de maximiser les points d'expérience gagnés à la fin du combat. D'une manière générale, on a souvent eu l'impression que le jeu était tantôt trop facile, tantôt très difficile, et que la difficulté avait une fâcheuse tendance à être inégale. Par exemple, si la plupart des ennemis et boss du jeu peuvent être vaincus sans entrevoir l'écran de fin de partie, nous avons eu la sensation que certaines phases de shoot à bord des vaisseaux étaient réellement difficiles à compléter. De même, une fois arrivé dans les derniers hectomètres du jeu, à la fin du troisième disque, certains boss sont véritablement ardus. Augmentation de niveau et quêtes annexes seront de mise pour pouvoir rivaliser avec les plus gros monstres du jeu. A ce titre,
Blue Dragon regorge d'endroits à visiter, de boss secondaires à battre aux quatre coins de la carte du monde, et de coffres et autres trésors à dénicher. En tout et pour tout, il faudra compter entre 30 et 40 heures pour la quête principale, et plus, peut-être beaucoup plus pour tout découvrir.
Musicalement, Uematsu nous offre ici l'une de ses plus belles compositions depuis belle lurette, et les rares thèmes chantés qui parsèment le jeu sont très réussis. La musique des boss, chantée par Ian Gillan, chanteur de Deep Purple, constitue un véritable pari de la part du compositeur, et elle donne une autre dimension aux combats contre les boss. C'est en tout cas l'impression que cela nous a fait. Vraiment excellent. D'autre part, les doublages sont très réussis, et les voix correspondent bien aux caractères des personnages. Graphiquement, le design général est tout à fait singulier : le style Akira Toriyama mis en 3D fait naître un style très attachant. Mais de là à dire que
Blue Dragon établit un nouveau standard de qualité graphique sur Xbox 360, il y a un pas que nous ne franchirons pas. C'est son parti pris graphique qui fait tout son charme.