Comme si le succès de séries phares telles que Soul Calibur ou Tekken ne suffisait pas à satisfaire Namco, le développeur japonais a décidé de se lancer dans un nouveau projet : Urban Reign, un titre à mi-chemin entre le beat’em all urbain et le jeu de combat classique en arènes fermées. Pari réussi ?
Le joueur incarne ici Brad Hawk, dont je vous laisse imaginer la carrure rien qu’à la lecture de son nom. Stéréotype parfait de l’américain musclé qui se la joue héros sauveur du monde, Brad est en réalité un mercenaire bien baraqué, et prêt à tout pour mettre fin à la terrible guerre des gangs qui sévit à Green Harbor. Seul au début de l’aventure, puis rejoint par d’autres personnages après quelques heures de jeu, Brad aura en tout et pour tout une centaine de missions à entreprendre avant de mettre un terme à tout ce raffut. Une fois le CD inséré dans le radiateur noir de
Sony, le ton est rapidement donné par la cinématique d’intro. « Nobody’s innocent. Justice ? Just an illusion. Uncertainty is the only sure thing. ».
Liberty City, sans la liberté
Immédiatement après ces paroles qui laissent deviner l’orientation spirituelle du titre de
Namco, on aperçoit rapidement des jeunes voyous qui règlent leurs comptes dans les ruelles de Green Harbor. Le menu nous propose plusieurs modes de jeux, dont le mode Histoire et le Multijoueur, les seuls débloqués d’entrée de jeu. Commençons donc avec le mode Histoire.
Urban Reign se veut un mélange osé entre beat’em all et jeu de combat en arènes fermées, tel
Tekken ou
Dead or Alive. En d’autres termes, il s’agit ici de combats dans des zones délimitées (cour, ruelle, parc, etc.), sans aucune liberté de mouvement si ce n’est la possibilité de courir d’un bout à l’autre de l’aire de combat. On ne va pas se promener dans le quartier, on ne ramasse pas d’objets pour la quête, on ne discute pas avec les gens… Non, ici, ce n’est que de la baston ! Les adversaires à battre sont donc en nombre assez limité (rarement plus de 5), mais ils s’avèrent surtout très résistants. De ce fait, les combats, qui peuvent durer très longtemps, requièrent un doigté précis et une technique aiguisée.
Quand Brad Hawk se prend pour Steven Seagal
Si les premiers instants de découverte laissent indéniablement une impression de baston pure et dure sans grande technicité, une fois passées les premières minutes de jeu, on s’aperçoit rapidement que c’est le bouton d’esquive (Carré) qui s’avère le plus utile au combat, et qu’il sera nécessaire de le maîtriser correctement pour sortir indemne des 100 missions qui nous attendent. A part l’esquive, il y a les boutons d’attaque (Rond) et de projection (Triangle), qui permettent d’effectuer toute une gamme de coups, d’enchaînements et de projections diverses et variées selon la direction qui est donnée en même temps que le bouton. Selon cette direction, Brad attaquera l’une des trois zones du corps de l’adversaire : la tête pour les attaques hautes, le buste pour les attaques neutres, ou les jambes lorsque vous pressez vers le bas. Notre grand musclé devra donc compter sur l’alternance entre finesse (esquive et contre-attaque) et attaque directe, et il pourra aussi se servir d’armes dans certaines missions (battes, katanas, sabres chinois et autres bizarreries). Le bouton Croix permet quant à lui de prendre de l’élan pour courir, prendre appui contre un mur ou un adversaire, ou encore faire une glissade et ainsi décocher des coups originaux. La pression simultanée de Rond et Triangle déclenche un coup spécial imparable qui pourra vous sortir d’une mauvaise situation, lorsque trois adversaires ont décidé de vous bloquer dans un coin par exemple. Il faut néanmoins que la barre d’énergie soit disponible en quantité suffisante pour sortir ce coup spécial. C’est en vous faisant latter comme un vulgaire punching-ball, ou au contraire en enchaînant les combos que cette barre d’énergie se remplira le plus rapidement. Ce qu’il est bon de préciser, c’est qu’Urban Reign est un jeu très, très difficile. Cinq niveaux de difficulté allant de très facile à très difficile nous sont proposés, et rien que le mode normal risque fort de faire subir à nos chères Dual Shock des choses peu avouables (claquage contre le mur, le sol, lancer par la fenêtre, j’en passe et des meilleures). Ce sont surtout certains boss qui ont tendance à décourager tellement l’IA semble infaillible.
Efficace mais rébarbatif, défoulant mais difficile
Concernant le scénario du jeu,
Namco s’est contenté du strict minimum. De temps en temps, une petite cinématique pour recadrer l’histoire, mais rien de plus. On est bien loin des aventures scénarisées que l’on peut trouver dans nombre de jeux du genre, et finalement, on se dit que ce n’est peut-être pas plus mal. Ici, le combat prime, et rien que le combat. Une petite carte elle aussi très sobre et réduite au minimum syndical (des points rouges qui indiquent les missions) permet à elle seule de faire le lien entre les missions. Après chaque mission, Brad recevra un ou plusieurs points de compétence qu’il pourra alors utiliser pour augmenter l’une de ses barres de puissance (attaque, prise, attaque armée, robustesse, résistance tête/buste, jambes, etc.). La représentation de ces barres sur l’écran est quelque peu étrange (elles sont déjà presque pleines au début du jeu), mais 20 points de compétences sont nécessaires pour remplir chacune d’entre elles à son maximum.
Urban Reign n’est évidemment pas exempt de défauts, et c’est son absence de mise en scène et de liberté dans le déroulement des missions qui constitue indirectement le premier et principal problème. En effet, la durée de vie (qui se situe sous la barre des 8 heures) n’a pu être rendue correcte qu’en y ajoutant un nombre invraisemblable de bastons, puisque le jeu n’est constitué que de cela. Baston après baston, inutile de dire que cela a vite fait de lasser, malgré un système de combats véritablement complet et bien pensé pour un beat’em all. On sent d’ailleurs bien l’influence de la Tekken team dans les animations et les différents enchaînements des personnages. Le deuxième gros problème se situe au niveau de la difficulté parfois déroutante, et qui sert aussi à augmenter de manière artificielle la durée de vie du titre. La cerise sur le gâteau, c’est que les modes Défi (combats à la chaîne) et Libre (personnalisation des missions) ne seront accessibles qu’une fois le jeu terminé ! Difficile donc de varier les plaisirs lorsque le mode Histoire est le seul qui s’offre à nous. D’un point de vue technique,
Namco a clairement soigné son bébé. Réalisation graphique très lisse et sans faille, grâce au moteur de
Tekken 5, décors variés, animations excellentes, frame-rate stable même lors des bastons mettant en scène plusieurs personnages à l’écran, et caméras ne posant aucun problème. Enfin, la bande-son n’est pas en reste puisque nous avons droit à d’excellentes musiques (beaucoup de rock bien explosif), et des voix originales qui ont de la pêche.
Nous finirons ce test par le mode multijoueur qui permet de rallonger la durée de vie et de se défouler entre amis. Il est possible de jouer jusqu’à deux contre deux en choisissant parmi une trentaine de persos lorsque vous les aurez tous débloqués ! De plus, l’IA est excellente si l’on joue avec un seul ami et des CPU, et paramétrable sur 5 niveaux. On pourra même se bastonner avec Paul Phoenix ou Law, tout droit sortis de
Tekken. Elle est pas belle la vie ? On regrette tout de même la disparition du mode coop’ à deux joueurs, tant espéré lors de l’annonce du jeu, il y a quelques mois.